Test | God Hand : ni Dieu, ni maître
01 mai 2007

Testé par sur
God Hand
  • Éditeur Capcom
  • Développeur Clover Studio
  • Sortie initiale 15 févr. 2007
  • Genre Action

Mauvaise nouvelle, God Hand est le dernier jeu du studio déjanté Clover, déjà auteur de Viewtiful Joe et d'Okami. Il ne faut donc pas s'étonner que ce beat'em all soit aussi décalé et original que les précédentes productions. Le jeu de Capcom s'affranchit des règles, multiplie les incohérences et devient ainsi une grosse bizarrerie, qui ne ressemble à rien d'autre. Comme Mikami et Inaba ses deux papas, God Hand est libéré, émancipé et surtout ne vous impose pas en retour ses propres règles.

Un bras de perdu, un autre de retrouvé

Faut-il réellement décrire le scénario totalement farfelu du titre de Clover ? Peut-on expliquer l'inexplicable ? Le joueur incarne Gene, un jeune homme à qui des vilains démons ont coupé le bras droit. Heureusement, le héros ne reste pas longtemps infirme, puisqu'il se voit confier par Olivia, une jolie demoiselle, le God Hand, acquérant par la même occasion le pouvoir ancestral de Dieu. Cela ne sera pas de trop pour affronter les quatre Devas, véritables génies démoniaques souhaitant asservir les mortels et reprendre à Gene le pouvoir du God Hand. Ce scénario sans queue ni tête multiplie les rebondissements, mais ne surprend jamais. Pourtant, même si l'écriture laisse sérieusement à désirer, l'incohérence est cultivée tout au long de la progression. Les situations dans lesquelles Gene s'enfonce sont un bonheur de grand n'importe quoi. Vous vous posez ainsi d'innombrables questions : "Qui suis-je ? Que fais-je dans ce parc d'attractions ? Pourquoi dois-je taper ces méchants ?"

Ken le Survivant au Far-West

Les travestis brésiliens, véritable symbole du grand n'importe quoi du jeu.

Bien plus que le scénario absurde, God Hand se dote d'une ambiance graphique différente des autres titres du genre. L'esthétique bouscule les standards : il n'y a aucune unité de lieu, ni de temps. Affranchit de cette règle, les développeurs plongent progressivement dans le comique total, au point de vous dérouter quand vous êtes habitué à un travail graphique plus sage. Gene traverse des décors plus burlesques les uns que les autres : commençant au Far-West, il se retrouve par la suite dans un décor apocalyptique puis une fête foraine. Les personnages sont également farfelus : des travestis brésiliens, des filles sadomasochistes, des super-héros tout droit sortis de sentais (NDLR : un genre de série télévisée japonaise)... Ce bestiaire conforte la sensation de se trouver dans un jeu hors du commun. Malheureusement, tout serait parfait si le moteur graphique suivait les délires esthétiques des développeurs. Certes, les personnages sont plutôt bien modélisés, mais les décors sont laids, aliasés et buggés. Aucun effort n'a réellement été accomplit pour remplir le vide laissé par certains espaces. Sans effet tape-à-l'œil, God Hand fait dans l'austérité extravagante.

Final Fight 2007

German Suplex parfaitement exécuté !

God Hand a clairement été construit comme un beat'em all pur et dur, fonctionnant sur le principe antique du "Moi voir, moi taper". C'est simple et efficace : carré pour frapper, croix et triangle pour varier (un peu), quelques boutons contextuels ici et là. Pourtant, une innovation majeure vient pimenter le gameplay. Il est possible d'éditer vos combos. Fini la combinaison identique et répétitive ! Place au changement et à la personnalisation. En attribuant les coups, vous construisez un personnage unique, spécialisé dans un type d'attaque ou au contraire, polyvalent. Les attaques peuvent être achetés au magasin ou débloquer en fouillant les niveaux. Peu puissantes au début de l'aventure, elles deviennent de plus en plus destructrices. Et si vous trouvez que ces combos sont trop basiques, il est possible de réaliser des mouvements spéciaux en activant la roulette. Ces mouvements spectaculaires sont bien entendu limités et se méritent en récoltant des bonus. Après avoir tapé une bonne dizaine de méchants, la jauge de God Hand se remplit et permet d'activer le bras du héros. Cela démultiplie votre force et vous rend invincible. Même si au premier abord, le système de combat paraît simpliste, les nombreuses possibilités parviennent à renouveler un genre sclérosé. Il faut également saluer le sublime travail sur les animations qui rendent les combats encore plus spectaculaires.
Les Plus
  • Un scénario absurde
  • Une recherche visuelle et sonore intéressante
  • La personnalisation des combos
  • Jouissif et spectaculaire
Les Moins
  • La faiblesse du moteur graphique
  • Les problèmes de caméra
  • Une difficulté élitiste
  • Aucun mode en coopération
Résultat

Pourtant, malgré ces éloges, God Hand est loin de tenir toutes ses promesses. Si certains pensaient qu'il allait révolutionner le beat'em all, ils se sont trompés. Le jeu de Clover est miné par une somme de petits défauts irritants et gênants. La gestion des caméras est désastreuse. Les développeurs ont fait le choix de ne pas inclure un système de visée automatique, mais propose tout de même une touche pour recadrer automatiquement la caméra ainsi qu'un bouton de volte-face rapide (à la Resident Evil 4). Pourtant, ce système est peu efficace. Vous avez parfois l'impression d'être perdu au milieu de l'action, sans pouvoir vraiment agir sur le combat. De même, s'il est novateur, le système d'esquive avec le stick analogique droit est déroutant. Il faut s'y habituer, surtout dans les derniers niveaux où l'action se corse. Enfin, God Hand offre surtout un challenge ardu et une difficulté démoniaque. Si le mode facile est une promenade de santé pour le joueur standard, le mode normal devient un chemin escarpé où la mort est fréquente et les crispations nombreuses. Quel dommage de n'avoir pas su doser la difficulté, puisque certains passages sont réellement bloquants (et donc frustrants). God Hand aurait pu devenir une référence sur PS2. Malheureusement, il est juste un jeu curieux, délirant, absurde mais trop bâclé pour réellement marquer de son empreinte le jeu vidéo.

Partagez ce test
Tribune libre