Test | Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1
27 oct. 2023

Une compilation solide ?

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Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1
  • Éditeur Konami
  • Développeur Konami
  • Sortie initiale 24 oct. 2023
  • Genres Action, Aventure, Infiltration

À quoi reconnaît-on un classique du jeu vidéo ? Peut-être à son nombre de portages et de rééditions. De ce point de vue, il est clair que la saga Metal Gear Solid s'est faite une réputation, en voyant le jour sur quasiment tous les supports depuis 25 ans. La question était donc de savoir si la Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1 qui nous arrive aujourd'hui a un réel intérêt.

Le contenu

C'était l'une des principales questions soulevées par l'existence de cette Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1 : le contenu vaut-il son prix. Il serait sûrement possible de polémiquer en se disant que le premier Metal Gear Solid devait coûter 5 ou 10 euros sur les stores PlayStation il y a quelques années, et que les compilations incluant les deuxième et troisième épisodes étaient déjà, en leur temps, trouvables pour quelques dizaines d'euros. Autrement dit, le prix est juste, ni plus ni moins. Et on peut ainsi reprocher à Konami de ne pas faire énormément de cadeaux en dehors de Metal Gear et des trois autres volets NES.

Néanmoins, il faut reconnaître que cette compilation est plutôt réussie sur le plan de l'emballage. Ce sont peut-être des détails, mais qui font leur petit effet. Les icônes des jeux sont classes, tout comme les menus de la collection qui ne sont pas sans rappeler les quelques compilations japonaises réussies ces dernières années – souvent chez la concurrence (SNK, Capcom, etc.). Même s'ils ne sont disponibles qu'en anglais, il est également appréciable d'avoir accès à des artbooks ainsi qu'aux scénarios retranscrits des jeux. La surprise reste néanmoins la présence des romans graphiques animés liés aux deux premiers épisodes, et cette fois disponible en français. Vous l'aurez compris : mis bout à bout, nous nous extirpons progressivement de la simple accumulation de portages (sans que ce soit complètement dingue pour autant).
Quelques bonus bienvenus

La technique

On aurait bien imaginé une version physique collector. Peut-être une fois les volumes sortis ?

À mi-chemin de la technique, on remarque par exemple une attention plutôt louable : Metal Gear Solid est proposé en plusieurs versions. Il y a bien évidemment la version PAL disponible avec les langues d'origine (et incluant donc le légendaire doublage français), ainsi que les extensions qui comportent les fameuses missions VR. Cette mouture PAL est sans surprise disponible en 50 Hz. Ce n'est pas fondamentalement gênant pour ceux qui ont l'habitude, mais les perfectionnistes continueront de pester contre l'absence d'une "version parfaite" pour nous autres Français (spoiler : elle n'arrivera sûrement jamais). Toutefois, il est à souligner que la Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1 propose également Metal Gear Solid Integral, autrement dit une mouture japonaise sortie en 1999, et incluant au passage des doublages et sous-titres dans la langue d'origine mais aussi en anglais. Cette version, elle, est bel et bien jouable en 60 Hz. Un moindre mal donc, pour les joueur anglophone qui désireraient jouer dans les meilleures conditions. Notons que les deux autres volets principaux comportent également les moutures japonaises.
Le goût de l'effort

C'est la première fois que le premier Metal Gear Solid est disponible sur les consoles Xbox.

Le gros de cette compilation reste bien sûr Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty ainsi que Metal Gear Solid 3 : Snake Eater. Si Metal Gear Solid a révolutionné l'infiltration et le jeu vidéo une première fois, sa suite en a fait de même par sa maturité et les réflexions qu'elle a amenées. Deux témoins de leurs générations, en somme. Pour sa part, Metal Gear Solid 3 a peaufiné une recette en y intégrant la notion de survie, alors quasi inédite du grand public. Les deuxième et troisième volets de la saga ont été adaptés à de nombreuses reprises, que ce soit sur des consoles de salon (Xbox 360, PlayStation 3) ou portables (Nintendo 3DS pour le troisième épisode, mais également la PlayStation Vita pour le diptyque). Et tout ça sans compter le PC. La question était donc de savoir si cette mouture encore plus récente apporterait quelque chose.

Pas vraiment. Tout d'abord, on constate que le tout tourne réellement sans mal. Il n'y avait qu'une génération d'écart entre la génération PlayStation 2 et la suivante. Pareillement, faire tourner les jeux HD sur Vita (sans même parler de la version 3DS), presque au niveau des moutures de salon, était en réalité un petit exploit. Les jeux tournaient sur tous ces supports mais peut-être pas avec le sentiment d'aisance d'aujourd'hui. Cette Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1 propose les deux expériences à 60 images/seconde et dans une résolution de 1920 x 1080p. C'est à vrai dire la seule réelle déception de la compilation : que les deux volets PlayStation 2 ne soient pas upscalés en 4K.
Deux chefs-d'œuvre en service minimum ?

Sur le plan ludique et artistique, Sons of Liberty reste LE chef-d'œuvre de cette compilation.

Heureusement, ces jeux restent des fleurons d'esthétique, rendant la mise à niveau finalement moins contraignante. Car il faut le souligner : ces volets sont encore aujourd'hui d'une modernité déconcertante, que ce soit en matière de modélisation des protagonistes ou de mise en scène. D'ailleurs, toutes proportions gardées, c'était aussi le cas du premier volet et ses caméras novatrices. Même sur un très grand téléviseur, l'absence de définition 4K n'est pas ultra gênante (en comparaison de certains autres jeux ou portages). On peut noter un très léger crénelage, et plus particulièrement sur certains textes écrits avec de grosses polices (par exemple, l'apparition du nom du studio Bluepoint), mais rien de fondamentalement repoussant. D'un autre côté, il semble que certains ajustements graphiques ont été faits en de rares endroits des jeux, pour être plus fidèles à l'expérience d'origine. On prend.

Un mot également sur la volonté qu'il y a derrière cette absence de résolution 4K. Certains parleront de fainéantise et c'est probablement vrai. Toutefois, ce n'est pas fondamentalement incompatible avec un souhait de préservation des œuvres "dans leur jus". Histoire de faire les choses correctement, nous avons notamment relancé Snake Eater sur PlayStation 2 et sur un écran cathodique. Force est de constater que le rendu HD de cette compilation, sur un grand écran LCD (160 cm) est justement assez fidèle au rendu d'origine (ici sur un écran de 36 cm). Le jeu est plus lisse mais pas trop, et c'est surtout l'effet de scintillement qui est beaucoup moins présent (dans la jungle notamment). Bien sûr, on conserve dans cette compilation la caméra à la troisième personne de Subsistence, avec la possibilité d'activer celle plus statique et éloignée de la version vanilla (que tout le monde semble avoir oubliée). Autrement dit, tout laisse à penser qu'en sortant cette compilation, Konami inscrit les uniques versions que l'on trouvera à l'avenir.
Pas de 4K mais un esthétisme à l'épreuve du temps

Pour qui ?

Comme le montre cette image de Snake Eater, le gain en définition n'a pas toujours du bon.

On en revient donc à la question initiale : faut-il repasser à la caisse pour cette compilation ? On ne va pas se mentir, par principe, le fait que Metal Gear Solid 2 et 3 ne soient pas disponibles en 4K rend la réponse quelque peu compliquée. Ainsi, nous serions tenter de dire que cette compilation n'est pas vraiment optimisée pour les consoles de salon (plus aptes à être branchées à de grands écrans). Une résolution HD sur un écran de 120-160 cm, voilà qui peut se révéler un brin fâcheux. Pourtant, en pratique, il faut reconnaître que le résultat n'est pas si catastrophique. Étonnamment et malgré un framerate à 30 i/s pour les épisodes PlayStation 2, il est peut-être préférable de s'essayer à cette compilation en mode portable, sur Switch. Bien sur, le PC reste un format de choix dans cette histoire, proposant possiblement le meilleur des mondes avec les bidouilles que l'on connaît.
Deux versions pour les gouverner toutes ?

La réflexion

Les épisodes NES disposent de fonctions de sauvegarde.

J'ai été pris de doute en voyant divers commentaires (et le bashing) liés à cette compilation. Beaucoup affirment que les versions de Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty (notamment), tournaient en 60 i/s sur PlayStation 2 en leur temps. C'est en soi vrai. Néanmoins, alors qu'il s'agit d'une exception, beaucoup justifient cela par le fait que le jeu était compatible 60 Hz. Pour quiconque a connu cette époque, cette affirmation est en réalité discutable. Il ne faut pas confondre les Hz et les i/s. Ainsi, en ce temps, on avait un balayage entrelacé de l'image, qui faisait qu'un Hz équivalait en réalité à 0,5 images/seconde. Dès lors, le 60 Hz permettait de sortir du 30 i/s, tandis que du 50Hz se limitait à du 25 i/s. Ceci explique la vraie impression de lourdeur ressentie par les joueurs européens sur certains titres, 25 i/s étant sensiblement à la limite d'un seuil de tolérance, niveau lenteur.
C'est pas sorcier

La polémique

Paradoxalement, les romans graphiques sont ceux qui pâtissent le plus de l'absence de 4K. Dommage.

Depuis le départ de Kojima, il faut avouer que Konami ne l'a pas à belle, et cette Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1 n'échappe pas à un certain catastrophisme, notamment dû à la Legacy Collection sortie sur PlayStation 3 il y a une dizaine d'années, incluant moult jeux et étrangement vendue pour une bouchée de pain. C'est le souci de la naïveté de Konami de l'époque : voilà que désormais, conscient de son erreur, l'éditeur capitalise vraiment sur ses pépites en les vendant finalement au juste prix.

Toujours est-il que le tarif n'a pas été vraiment pris en compte dans ce test, pour la simple et bonne raison qu'il sera sûrement amener à évoluer au fil des mois. En l'état, on considère tout de même que la soixantaine d'euros que coûte cette compilation n'est pas du vol, quand bien même une plus fournie est sortie par le passé. Enfin, nous sommes surtout curieux de savoir ce que contiendra un éventuel Vol. 2 (Guns of the Patriots, Peace Walker, Ground Zeroes, The Phantom Pain ?).

En l'état, nous sommes satisfaits de l'aspect "préservation" de cette compilation, qui n'altère pas trop les expériences d'origine et livre des expériences plutôt fidèles, qui peuvent dans un sens être considérées comme des moutures définitives. Aussi, il nous semble un peu tôt pour juger les bonus de cette Master Collection Vol. 1 en comparaison de la Legacy Collection. En effet, on peut légitimement espérer qu'un éventuel deuxième volume intègre à son tour quelques bonus. Wait and see, comme on dit. Pour l'instant, on regrette par exemple l'absence d'une vraie section d'artworks.
La patience est la plus grande des prières, Snake
Les Plus
  • Un habillage plutôt sympa
  • Des petites attentions bienvenues (artbook, retranscriptions de scénarios, etc.)
  • Quelques facilitateurs que l'on apprécie, pour les jeux NES
  • Trois joyaux du jeu vidéo
  • Metal Gear Solid 2 et 3 sont toujours impressionnants esthétiquement
  • Metal Gear Solid en version Integral (mais en anglais)
Les Moins
  • Difficile d'espérer mieux, sauf à vouloir des remakes (comme Delta) ou à fantasmer
  • Les textes de la plupart des bonus ne sont présents qu'en anglais, c'est dommage
  • Pas de 4K (franchement ?)
  • Les BD, présentes mais en qualité plus que moyenne, sur très grand écran
  • On espère qu'un jour une giga version physique sortira, quitte à ce que ça coûte très cher
Résultat

Nous n'allons pas vous mentir : ce test découle de plusieurs tergiversations. La plus importante (et la première) était de savoir si cette Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1 méritait réellement un test. Pourquoi ? Parce que les trois principaux jeux que nous avons ici sont de véritables classiques du médium. Des titres encore d'actualité et qui brillent par leur intelligence, ainsi que par leurs ambitions artistiques révolutionnaires. Dès lors, comment ne pas mettre la note maximale à des chefs-d'œuvre ? Et il va de soi que toute personne n'ayant pas fait ces jeux peut se jeter sur cette collection les yeux fermés. Maintenant, passé ce constat, nous nous sommes demandés si cette compilation pouvait avoir un intérêt supplémentaire. C'est plus discutable. Entre les scénarios disponibles à la lecture (en anglais), les artbooks (en anglais aussi) et l'esthétique générale des menus, l'ensemble procure sont lot de frissons nostalgiques, sans pour autant nous faire sauter au plafond. Restait alors à la partie technique d'être à la hauteur... On pourra toujours fantasmer des mélanges qui ne verront jamais le jour (Metal Gear Solid en 60 Hz avec le cultissime doublage français), mais ce serait nous bercer d'illusions. Reste alors le pragmatisme consistant à voir en cette compilation un vrai travail respectueux (incluant des moutures japonaises), nous proposant probablement les meilleures versions des différents épisodes à l'heure actuelle, sans (trop) altérer le ressenti d'époque pour autant. Franchement, n'est-ce pas déjà amplement suffisant ?

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Tribune libre