Test | Jurassic World Evolution – Complete Edition
03 déc. 2020

Dépensez sans compter

Testé par sur
Jurassic World Evolution - Complete Edition

Sorti en 2018 sur PC et consoles, le génome de Jurassic World Evolution s'est étoffé par la suite grâce à quelques DLC. Jurassic World Evolution – Complete Edition vous propose le jeu complet mais qui plus est dans un portage Switch. Si vous avez envie de tout plaquer et de vous installer dans un archipel au large du Costa Rica pour voir des dinosaures se déplacer en troupeau, ce jeu est fait pour vous.

L'histoire

En 1993, John Hammond, milliardaire aussi visionnaire qu'imprudent, invitait une poignée de spécialistes à venir estimer la viabilité et la sécurité de son parc à dinosaures. Il a fait construire ce dernier sur une île à 190 kilomètres au large du Costa Rica, nommée Isla Nublar, ou "Site A". Cette île peuplée de troupeaux de brachiosaures, de diplodocus, de gallimimus, de triceratops, de parasaurolophus, mais aussi d'un petit groupe de vélociraptors (dont une petite futée), de dilophosaures et bien sûr d'un phénoménal Tyrannosaurus rex se révélera être le théâtre de la vie reprenant ses droits. Vingt ans plus tard, InGen, la société fondée par John Hammond et à l'initiative du clonage de dinosaures, vous propose (oui, à vous) de reprendre les rênes et de fonder de nouveaux parcs, plus performants, plus sûrs mais toujours aussi propices à dépenser sans compter. Où donc ? Aussi bien sur Isla Nublar que sur les cinq autres îles qui composent l'archipel de Las Cinco Muertes, des sites annexes aux caractéristiques et topographies bien différentes. Bienvenue... à Jurassic World !
“Tu es encore vivant lorsqu'il te dévore, alors essaye de te montrer un peu respectueux”

Le principe

Vous pouvez à tout moment vous déplacer d'une île à une autre.

Vous l'aurez compris, Jurassic World Evolution – Complete Edition est un jeu de gestion dans lequel vous devez faire prospérer un parc à dinosaures, réparti sur plusieurs îles. Les trois clefs de voûte sur lesquelles reposent votre entreprise sont la science, le divertissement et la sécurité. Négligez une seule d'entre elles et vous vous retrouverez avec au choix (et entre autres), des visiteurs mécontents (sachant que la progression dans la campagne n'est possible que grâce à des notes de satisfaction élevées), des sabotages internes à la Dennis Nedry, voire de sévères pénuries d'argent. Pour dépenser sans compter, il faut effectivement le mériter ! L'une des grandes forces de Jurassic World Evolution – Complete Edition réside dans son adaptation à tous types de joueurs. S'il n'est pas très développé en micro-gestion mais plutôt axé grand public, le titre sait se montrer exigeant et propose de réels challenges pour les perfectionnistes de jeux de gestion souhaitant obtenir la note maximale partout. Mais avant de débloquer les fonds nécessaires pour assouvir vos ambitions démiurges, vous devrez mener à bien de nombreuses missions. Et qui de mieux que le docteur Ian Malcolm (doublé en VO par l'unique Jeff Goldblum et en VF par Richard Darbois) pour vous accompagner et former, tout en vous mettant en garde de ne pas reproduire les mêmes erreurs que John Hammond ?

Votre entreprise commence donc sur Isla Matanceros, les cinq autres îles étant verrouillées. Si Isla Nublar, faisant office de bac à sable aux ressources financières illimitées, se débloque très rapidement, il vous faut obtenir une note de prestige de 3 étoiles sur 5 pour débloquer la seconde île de la campagne principale. Le même principe s'applique ensuite pour chacune des autres îles.

La construction des parcs suit le même schéma sur chaque île, à ceci près que chacune comporte ses spécificités et défis propres. À titre d'exemple, si Isla Matanceros propose un cadre agréable et ensoleillé, Isla Muerta est souvent ravagée par de redoutables tempêtes tropicales tandis qu'Isla Peña n'est qu'un triste lopin de terre étroit et inhospitalier. La progression est mesurée par les jauges de réputation de chaque département. Quand le directeur de la section divertissement vous demande d'installer plus de boutiques ou restaurants, le docteur Kajal Dua, à la tête de la section science, met l'accent sur le besoin de mener plus de recherches et d'expériences pour l'évolution des dinosaures. George Lambert, chef de la sécurité, s'occupe quant à lui de vous mettre à l'épreuve pour s'assurer que les visiteurs ne sont pas en danger de mort entre vos mains. Ces missions vous permettent de déverrouiller de nouveaux éléments pour vos parcs (bâtiments, éléments de recherche, lieux de fouilles...), nécessaires pour mener à bien des missions plus complexes et aux récompenses plus rémunératrices.
Apprendre des erreurs d'Hammond et éviter d'en faire de nouvelles

La gestion

De nombreuses catégories de recherche s'offrent à vous pour parfaire votre expérience.

Quand le professeur Grant demande à John Hammond comment il a pu créer un tel parc, l'intéressé répond « Je vais vous montrer », mais il ne montre en réalité qu'une partie de l'aspect des recherches en génétique. La création du parc, physique, tangible, les moyens par lesquels ces structures capables d'accueillir des êtres d'une autre ère sont sorties de terre ou encore les outils ayant permis de remodeler des environnements entiers sont justement les questions au cœur de Jurassic World Evolution – Complete Edition. L'une des réussites du titre développé par les équipes de Frontier tient effectivement dans la multitude d'éléments de gestion proposés.

Avant toute chose, la topographie de chaque île doit être l'un des premiers facteurs à analyser lors de vos entreprises. La question de l'aménagement de l'espace étant vitale et vos parcs étant destinés à faire vivre et prospérer dans des environnements adaptés à leur taille des créatures massives, il vous faut avoir le compas dans l'œil pour ne pas laisser les enclos trop empiéter sur les autres infrastructures, et inversement. Pour tourner l'instabilité d'une topographie sauvage à votre avantage, un outil de terraformation vous est proposé. S'il est parfois bien pratique, cet outil trouve néanmoins rapidement ses limites, pouvant très facilement aggraver la situation. Une fois la géographie de votre île bien en tête, vous pouvez entrer dans le vif du sujet et installer ça et là des centrales afin d'assurer une couverture électrique optimale et surtout des postes de sécurité et de confinement. Les gardes, en jeep ou en hélicoptère (tous les deux pouvant être maniés directement), vous sont absolument nécessaires en cas de dinosaure malade ou bien en vadrouille après avoir défoncé une clôture. Mais si vous prévoyez d'avoir des dinosaures dans votre parc à dinosaures, il vous faut en plus des centres de recherche génétique et d'expédition. Avec cela, vous pouvez exhumer aux quatre coins du monde des fossiles pour obtenir un génome complété au minimum à 50 % pour une incubation viable.

Plus un génome est complété, plus les possibilités d'ADN complémentaires sont grandes. Libre à vous de nuancer avec une pointe de requin pour accroître la résistance, un zeste de crabe royal pour booster l'attaque et l'espérance de vie, un brin de chauve-souris, de tortue ou encore de narval. La manipulation génétique vous permet de rendre les dinosaures plus adaptés à certains environnements, plus agressifs pour rendre les combats plus attrayants pour les foules, plus résistants, ou tout simplement mieux notés dans le cadre de la jauge de satisfaction. En règle générale, chacune des 67 espèces de dinosaures présentes dans le jeu a besoin d'un minimum de congénères pour être à l'aise (seul le T. rex est un grand solitaire). De même, il n'est pas obligatoire de faire des enclos non-mixtes séparant herbivores et carnivores. Certaines espèces peuvent parfaitement cohabiter en gardant leurs distances. À vous d'expérimenter et de trouver les meilleurs écosystèmes qui assurent le bien-être de vos créations (en cas d'inconfort les dinosaures s'échappent de leur enclos) et savent attirer les foules.

Mais cette myriade de possibilités ne serait rien sans une prise en main qui tient la route. Force est de constater que Jurassic World Evolution – Complete Edition propose des contrôles sur Switch intuitifs et efficaces, permettant une navigation dans les menus et dans les parcs à toute épreuve. Bien pratique quand un dinosaure s'échappe d'un enclos et que vous devez réagir au quart de tour pour contenir les autres.
Le contrôle n'est qu'une illusion

Contenu additionnel

Les missions du docteur Wu visent souvent à observer les dinosaures sur les nerfs.

En plus du mode campagne initial, Jurassic World Evolution – Complete Edition regroupe les DLC ayant complété le jeu après sa sortie sur les autres supports. Au nombre de trois, ces DLC approfondissent l'expérience de jeu et/ou la renouvellent, l'un d'eux s'intégrant même directement à la campagne principale. Les secrets du Docteur Wu est en effet un arc narratif composé de deux missions prenant place dans des installations secrètes de deux îles. Sur place, vous devez bien entendu créer un parc et répondre aux attentes des trois divisions citées plus haut, tout en travaillant secrètement pour le docteur Wu, ce dernier vous forçant à réaliser des expériences parfois peu éthiques mais s'avérant diaboliquement efficaces pour les recettes du parc. Ces missions sont également l'occasion de mettre la main sur une poignée de dinosaures supplémentaires.

Séparés de la campagne principale et accessibles directement depuis le menu principal du jeu, les deux autres DLC sont très différents. Le premier, Le sanctuaire de Claire vous met dans la peau de l'ex-directrice de Jurassic World, Claire Dearing. Votre mission ? Retourner sur Isla Sorna et sauver plusieurs espèces de dinosaures avant que le volcan ne détruise l'île. Un scénario proche de l'intrigue de Jurassic World Fallen Kingdom qui vous permet cette fois-ci de jouer contre la montre dans un scénario catastrophe.

Enfin, le dernier mais pas des moindres, sobrement intitulé Retour à Jurassic Park, ravira les plus nostalgiques et les plus fans des œuvres de Crichton et Spielberg en vous ramenant en 1993, juste après les événements auxquels les invités de John Hammond ont été confrontés. Il s'agit dans un premier temps de remettre en ordre l'île et ses installations, puis dans un second temps de remodeler Jurassic Park (et non World !), le parc original, là où tout a commencé, à votre goût. Bien entendu, puisque nous sommes là en 1993, les infrastructures et modes de déplacement ne sont plus les mêmes. Alors que dans les autres îles vous devez créer des allées et monorails pour permettre aux visiteurs de se déplacer, vous devez ici créer un parcours destiné aux voitures électriques sur rails, permettant aux visiteurs de circuler et voir les dinosaures en relative sécurité, comme dans le film. Si plusieurs bonnes idées jonchent ce DLC, comme par exemple l'apparition (enfin) de la volière, certains points ne vont pas assez loin, à l'instar de l'éclosion des dinosaures. Comme il est dit dans le film, la majorité des dinosaures sont portés à maturation sur le site B, Isla Sorna, puis acheminés jusqu'à Isla Nublar. Un transfert qui aurait pu donner lieu à un gameplay intéressant, mais dans ce cas de figure, les dinosaures apparaissent simplement déposés par hélicoptère.

Toujours est-il qu'avec ces DLC, Jurassic World Evolution – Complete Edition a de quoi garantir de solides et très généreuses heures de jeu.
Toujours plus de dinos mais pas d'espèces aquatiques

Pour qui ?

Saviez-vous que le cri du T. rex est celui d'un éléphanteau mis au ralenti ? Maintenant oui.

En tant que jeu de gestion, Jurassic World Evolution – Complete Edition s'adresse aussi bien aux néophytes du genre qu'aux aficionados aguerris. Frontier a développé un titre qui sait s'adapter à tous types de joueurs tout en proposant un contenu riche et varié. Bien sûr, le jeu s'adresse également avant tout aux fans de l'univers de Jurassic Park et ne lésine pas sur le fan service. Entre la voix en VO de Jeff Goldblum et en VF de Richard Darbois le doublant dans le film, les citations éparpillées à chaque temps de chargement, la multitude de données sur les dinosaures, la musique qui fait irruption de temps à autre, le cri du T. rex qui fait trembler notre verre d'eau posé à côté... Beaucoup de choses sont faites et mises en avant pour contenter les fans absolus de Jurassic Park. Et ça marche.
“Auriez-vous prévu d'avoir des dinosaures dans votre parc à dinosaures ?”

L'anecdote

Frissons.

Quand je pense à Jurassic Park, avant d'avoir en tête la scène des raptors dans la cuisine, celle du verre d'eau annonçant l'arrivée du T. rex, celle du triceratops malade, celle du dilophosaure et sa collerette aussi mortelle que multicolore, celle où le docteur Ian Malcolm agace Hammond avec ses questions, ou encore celle où Dennis Nedry fout tout en l'air, je pense à la découverte de Jurassic Park par les docteurs Grant et Sattler. Ce moment où, assis dans une jeep, Alan Grant tourne la tête et aperçoit quelque chose qui le rend bouche bée, le fait se lever puis, incrédule, retirer en tremblant ses lunettes de soleil. La caméra n'a toujours pas révélé ce qu'il regarde mais lui, pousse sa compagne, Ellie Sattler, à tourner la tête également. Elle le rejoint, sur le toit de la jeep, fébrile comme lui, toute aussi bouche bée, pour découvrir.... *musique* un immense brachiosaure, le premier dinosaure visible en entier dans Jurassic Park. Voilà ce à quoi je pense. Et voilà pourquoi, lorsque mon premier brachiosaure a foulé le sol de mon parc sur Isla Tacaño, j'ai eu des frissons comme lorsque je revois cette scène. Bien sûr, j'en ai profité pour me filmer et rejouer la scène, tout comme j'ai profité de l'option permettant de renommer les dinosaures pour baptiser dans chaque parc mon raptor alpha "Petite futée".
Rien n'est plus majestueux qu'un brachiosaure
Les Plus
  • La voix de Jeff Goldblum, il ne manque que le rire
  • Vue globale du parc très agréable
  • Un challenge adapté à tous types de profils
  • La diversité des îles et leurs topographies uniques
  • Le réalisme des dinosaures, leurs exigences et les moult combinaisons d'éco-systèmes par enclos
  • La poignée de secondes présentant chaque dinosaure après sa naissance
  • Piloter des jeeps dans le parc et photographier les dinosaures
  • La musique, toujours aussi magique
  • La possibilité de créer des parcours de gyrosphères à l'intérieur des enclos
Les Moins
  • 67 espèces de dinosaures et pas une seule aquatique, dommage
  • De sévères ralentissements et bugs avec la Switch rendant la navigation parfois pénible
  • La visibilité en mode zoom pas toujours optimale
  • Le placement des bâtiments parfois délicat et un outil de terraformation assez limité
  • Une esthétique visuelle parfois disgracieuse en raison des limites de la console
Résultat

Si vous aimez les jeux de gestion et, plus important encore, si vous aimez Jurassic Park, ce jeu vous plaira. Très fidèle à l'univers cinématographique initié par Steven Spielberg en 1993, le jeu puise dedans allègrement, mais intelligemment, afin de construire l'expérience vidéoludique la plus inspirée possible. Certes, beaucoup de choses manquent cruellement, à l'instar de dinosaures aquatiques ou volants dans la campagne principale. Certes, ce portage Switch est loin d'être parfait avec ses nombreux bugs et ralentissements dans son mode docké, aussi saccadé que le rire du docteur Ian Malcolm. Mais les fonctionnalités, les contrôles bien pensés et intuitifs, les menus regorgeant de détails sur les recettes et statistiques du parc, les données sur les dinosaures, leurs exigences, la possibilité d'aller au plus près d'eux et de faire la course avec un T. rex, la variété des îles... tout cela fait de Jurassic World Evolution – Complete Edition un jeu réussi et très satisfaisant pour toute personne appréciant de près ou de loin l'univers. Et n'oubliez pas, si vous pensez pouvoir garder à tout moment le contrôle, ce n'est qu'une illusion : la vie trouve toujours son chemin quand il s'agit de pouvoir croquer quelques visiteurs.

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