Test | Forza Horizon 4
19 nov. 2018

Les yeux dans le vague

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Forza Horizon 4

Comme tous les deux ans, Forza Horizon revient. Avec un quatrième volet cette fois-ci situé en Angleterre et proposant de parcourir des saisons météorologiques, Microsoft et Playground pensaient avoir fait le principal. Et c'est en quelque sorte vrai... Mais à force de ne plus sortir des sentiers battus, gare à ne pas s'enliser.

Le principe

En jouant à Forza Horizon 4, une chose nous est venue en tête : Horizon est devenu aussi nul qu'un bon jeu Ubisoft. En effet, ce quatrième épisode reprend quasiment à l'identique la formule de la franchise : open world, plaisir des sens, objectifs au second plan, etc. Ce qui est "amusant", c'est que sous prétexte que le jeu cherche les sensations brutes et l'amusement, il en oublie d'évoluer.

Forza Horizon 4 est un simple épisode de plus, après un troisième volet qui laissait déjà ce goût un peu étrange manette en main. Nous jouons les courses, débloquons du contenu au point que tout cela devient une simple routine. Même l'ajout des saisons prête à sourire, quand on sait que Forza Horizon 3 proposait justement un DLC incluant la neige.

La recette est si calibrée qu'elle reste efficace et peut encore faire rêver certains éditeurs à la recherche de poules aux œufs d'or. Ainsi, on comprend mieux pourquoi Ubisoft s'est obstiné un temps avec The Crew : étonnamment, Forza Horizon 4 bat l'éditeur français sur son propre terrain du divertissement bête et méchant, alors que le géant français peut être considéré comme le roi de la formule prémâchée depuis dix ans. Avec son titre de voiture en 2014, Ubisoft avait sûrement déjà remarqué ce que pourrait donner de tels titres avec une formule globale et cyclique.
L'entertainment qui tourne en rond

L'anecdote

Le changement de saison donne accès à de nouvelles épreuves et donne une autre vision du paysage.

En dehors de la technique, tout ou presque fait désuet dans Forza Horizon 4. À force de tourner en rond (un comble pour un jeu de voiture en environnement ouvert), la licence devient révélatrice de ce qui pourrait être un prochain changement d'époque : pendant que Gran Turismo dort, Forza ne progresse que très peu. Et nous avons assez tapé sur la série de Sony pour ne pas nous interroger sur la stagnation de Playground Games. À vrai dire, nous pourrions reprocher à la série de Microsoft ce que nous avons longtemps reproché à la concurrence : gestion ridicule des dégâts, bruits vieillissants des moteurs, etc. Forza Horizon 4 ne semble même plus faire semblant d'être un jeu de course, comme lorsque je dévale le flanc d'une colline rocheuse avec une Ferrari cabossée d'une façon bien peu crédible. Ou quand les dégâts deviennent une caricature. Cela ne serait pas gênant si, justement, la licence gagnait en radicalité. Or, c'est plutôt l'inverse, avec toujours ce tiraillement : d'un côté le plaisir avec – par exemple – la non-nécessité de remporter des courses (une vraie liberté), de l'autre des idées toujours aussi lourdingues comme celle de devoir retrouver des trésors dans un environnement difficilement visible.
Un son d'alerte

Pour qui ?

Chaque voiture dispose de son arbre de prouesses permettant de gagner des bonus.

Pourtant, il est évident que Forza Horizon 4 conserve un public. À vrai dire, il a la chance d'être destiné à un public qu'il peut conserver encore longtemps : les joueurs pas forcément adeptes des jeux de course. "C'est joli, on peut rentrer dans des murets, on débloque des récompenses toutes les dix minutes : parfait !" Ce n'est pas faux, et le titre convaincra toujours une bonne base de ses joueurs (et surtout des nouveaux venus n'ayant pas goûté aux précédents jeux) mais c'est aussi oublier l'origine d'une série qui – au temps du premier volet – se voulait révolutionnaire dans son approche de la liberté.
Néophytes bienvenus
Les Plus
  • C'est très beau
  • Surtout, ça va très vite
  • Un système de progression toujours efficace
  • Une conduite altérée en fonction de la météo et des saisons
  • Multijoueur toujours au niveau
Les Moins
  • La série n'évolue vraiment plus dans le fond
  • Une formule qui se fait vieillissante sur bien des points (physique, son, etc.)
  • Des idées qui mériteraient de disparaître enfin (recherche des trésors, etc.)
Résultat

Forza Horizon 4 est surtout la marque d'un possible changement dans les années à venir. À force de transformer ses séries en recettes, Microsoft (et ici Playground Games) pourraient passer outre l'évolution logique du médium : un réalisme au moins en surface. À une époque où Gran Turismo Sport se concentre sur l'e-sport et où sa suite semble dormir dans l'ombre, Forza Horizon vulgarise toujours un peu plus le jeu de course, stagnant comme aucun autre épisode avant lui. Alors oui, il est possible de rouler sous la pluie ou dans la neige, mais l'ensemble s'apparente presque au type de contenu que nous pourrions avoir en DLC. Et si certains diront que cet article est étrange compte tenu du fait qu'il ne s'agit que d'un versant de la marque, nous leur répondrons que justement : c'est peut-être la non-évolution de Forza Horizon 4 qui annonce le déclin d'un nom tout entier. La réponse viendra sur la génération suivante.

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