Dossier | Total Overdose, sans modération
12 sept. 2005

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C'est au Danemark que l'on cuisine les meilleurs burritos. A tel point que les développeurs danois de Deadline en ont abusé, les accompagnant d'un cocktail (molotov) mélangeant hip-hop mexicain, cinéma à la Tarantino, et des jeux tels que GTA, Max Payne et même un soupçon de Tony Hawk. Ils ont décidé de nommer cette boisson Total Overdose et de nous servir ce mélange bien frappé qui risque de surprendre. En effet, de ce qu'on a pu en goûter avec une version bien avancée dans les locaux d'Eidos, c'est tout doux, ça se boit tout seul mais très vite, ça tape fort. On vous donne un avant-goût de ce jeu à siroter en se rappelant les vacances.

La vengeance de deux fils

Si Abel et Caïn étaient nés à la frontière mexicaine, le premier aurait tout fait pour éradiquer le fléau qu'est la drogue, tandis que le second n'aurait pas manqué de ressources pour s'amuser. Mais bon, Dieu est mort, et va falloir abattre le salaud qui l'a tué. Mettons que Dieu, ce soit Ernesto Cruz, agent de la brigade des stups de Los Angeles, et que ses fils soient Tommy et Ram. En tant que fils modèle, Tommy a suivi la voie de son père et c'est sous couvert de la loi qu'il tente d'arrêter Cesar Morales, responsable de la mort de son père et trafiquant notoire. Lorsque Tommy se retrouve en fauteuil roulant incapable de poursuivre sa mission d'infiltration, le seul recours est d'employer son frère jumeau Ram, malgré son casier judiciaire bien chargé. Venger son père dans une mission officieuse où il n'y a pas de règles à respecter, cela peut ressembler à un début de rachat. Mais quand on a la manette entre les mains, on s'aperçoit rapidement que la fin justifie les moyens...

El stylo de la muerte

Chaque figure est intitulée

Pour Ram, une seule chose compte : faire ce qu'il a à faire, quoi que ce soit, mais le faire avec style. Pour ce faire, une vingtaine de missions, une trentaine de défis et des heures d'exploration lui permettront de nettoyer les rues de Los Torros à la recherche de Morales et de son associé Papa Muerte, en marchant sur les murs, en esquivant les balles et en déployant des figures dont seuls les chicanos ont le secret. En détail, il est possible d'accomplir quasiment toutes les actions de l'ère post-Matrix : enclencher un bullet-time en l'air, dans lequel on peut même se tourner à 360 degrés, s'appuyer sur un mur pour faire une roue et tirer la tête en bas et même faire un retour arrière comme dans Prince of Persia: Sands of Time afin d'effacer la moindre fausse note. Les figures ne s'arrêtent pas aux mouvements à pieds : le saut depuis le véhicule en pleine marche est aussi comptabilisé.

Va falloir réviser ses tables de multiplication

L'attaque du taureau

Mais pourquoi tant de haine me direz-vous, toute cette violence, bien qu'élégante, n'est-elle pas vaine ? Eh bien non, c'est ici que Total Overdose marque toute sa différence : les attaques stylées sont comptabilisées selon un système de combo rappelant Tony Hawk et changent la donne. Comme dans SSX, le style procure des avantages dont on ne peut se passer. Chaque victime rapporte un multiplicateur du moment qu'elle est tuée dans le temps d'un timer, et chaque figure rapporte une certaine quantité de points. Non seulement ces points accumulés tout au long de la partie débloquent des bonus, mais ils apportent une aide instantanée qui révèle le tueur en vous. Toutes les 3 victimes en combo on gagne de la vie, de l'adrénaline (permettant de ralentir le temps), des retours en arrière, etc. Le rythme de l'aventure s'en trouve incroyablement intense, puisqu'il s'agit alors d'enchaîner le plus rapidement les adversaires avec le plus de style possible, ce qui incite aussi à la prise de risque. Et le style amenant le style, les combos vous permettent de débloquer des "locos moves". Ce qui permet de comprendre l'effet de l'abus de burritos chez les danois.

Ils sont fous ces latinos

Il faut enchaîner les shoots avant la fin du compteur en bas à gauche

Les "locos moves" portent bien leur nom (mouvements fous pour ceux qui sont peu familiers de l'anglais ou de l'espagnol, ou ni l'un ni l'autre). Ces sept attaques spéciales débloquées aléatoirement lors des combos peuvent être activées plus tard pour plonger le jeu dans la folie complète : depuis "el mariachi" vous procurant les portes guitares de Desperados, en passant par "el toro" vous permettant de foncer sans vous arrêter pour défoncer tout ce qui bouge jusqu'à "l'ouragan ramirez" où Ram saute en tournoyant et en détruisant à l'arme à feu tout ce qui l'entoure, chacune de ces prises a le goût du Mexique. Mention spéciale à l'invocation du catcheur masqué qui déboîte vos adversaires à la batte, très amusant. Visuellement impressionnants, ces mouvements sont aussi les témoins de l'humour omniprésent et de l'immersion dans l'ambiance tex-mex, rarement explorée dans le jeu vidéo, si ce n'est dans le jeu d'aventure Grim Fandango. C'est que pour le développement du jeu des créatifs venant du cinéma et de la télévision ont participé, permettant certainement d'avoir un recul, un dynamisme dans les cinématiques et une attention portée à de multiples détails du décor. Tout cela permet de plonger avec plaisir dans la culture mexicaine, avec ses clichés et ses aspects moins connus.

Boulette-time

La lumière correspond bien au cadre

Si le jeu sera inévitablement comparé à GTA, on sent cependant une volonté de marquer une différence : si la partie véhicule est moins développée, les scènes de combat seront bien plus intense. Cette volonté rapproche donc plus le jeu d'un Max Payne ouvert. Notre crainte de retrouver le système de visée si décourageant des versions consoles du jeu de Remedy fut bien vite écartée : sur PS2 et Xbox un système de visée assistée permet d'atteindre sa cible facilement, le jeu consistant plus à bien choisir sa cible qu'à la viser précisément. Par contre, sur PC la visée sera plus libre, changeant un peu le style de jeu. La différence entre les versions est à souligner, car le portage de San Andreas sur PC rendait le jeu trop facile comparé à la version PS2. De même, le système de headshot sur console est astucieux : on verrouille la cible avec un bouton pendant quelques secondes, et lorsque la cible devient jaune il faut tirer rapidement pour atteindre la tête. C'est particulièrement utile lorsque les adversaires attrapent des bouches d'égout pour se protéger !

Bienvenido !

Fini le temps ou fallait mouiller sa chemise pour passer la frontière

Total Overdose sera peut-être la surprise de la rentrée. Ce savant mélange allant piocher partout sans retenue ne se contente pas de repomper : on y trouve des tas d'idées nouvelles comme le fait de pouvoir voler le chapeau des passants, de lancer un mode "jour des morts" ou tous se déguisent dans la rue en costume de squelette pour une partie de carnage où le système de combo façonne un gameplay qui donne envie de prolonger l'expérience jusqu'au bout. Certes, la comparaison avec les possibilités innombrables d'un GTA et les environnements immenses de San Andreas ne sont pas à son avantage. Visuellement, certains pourront déplorer une modélisation grossière et la pauvreté de certaines textures. Toutefois le dynamisme des scènes d'actions, l'ambiance survoltée appuyée par une bande-son collant parfaitement au cadre laisse présager une expérience fort sympathique. A nous d'arrêter de chercher des ressemblances et de toujours comparer pour découvrir ce qu'il y a d'unique dans Total Overdose.
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