Test | Naughty Bear n'est pas content... et nous non plus
17 août 2010

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Naughty Bear

Alors que les suites faciles s'agglutinent dans nos consoles, Artificial Mind + Movement nous propose quelque chose de relativement originale : incarner un nounours en peluche rancunier et un peu psychopathe sur les bords. Naughty Bear avait de quoi susciter notre intérêt, mais parfois une bonne idée ne suffit pas...

Une technique qui ne présage rien de bon

Sur son île chatoyante, un ours en peluche nommé Pantoufle organise une fête d'anniversaire. Ne voulant pas passer pour un ingrat, le solitaire et recousu Naughty Bear décide de lui offrir un joli cadeau. Cependant, ce dernier n'était pas censé être de la fête et ne tarde pas à subir les moqueries des habitants. Qu'à cela ne tienne, notre mal aimé est bien décidé à leur montrer de quel rembourrage il se chauffe, et ce à coups de pièges vicieux et de violence. Une véritable guerre va alors naître entre notre ours tueur et le reste de la population. Plutôt coloré et mignon, l'univers de Naughty Bear est peut-être son point fort. Difficile d'être pleinement convaincu puisque la technique ne suit pas : entre les textures approximatives, les effets de particules inexistants, les bugs et autres animations rigides, Naughty Bear est loin des productions standards actuelles. Des musiques de qualité auraient pu renforcer l'aspect déjanté, mais l'ambiance sonore du soft se limite au strict minimum et énerve plus qu'autre chose (mention spéciale au jingle de fin de niveau). Pourquoi ne pas avoir mis, par exemple, des clins d'oeil à différents films d'horreur ou thrillers ? Avouons que ça aurait pu être sympa. On se console alors avec les quelques cris émis par les ours qu'on poursuit. C'est léger, trop léger pour une ambiance réussie.

Trop classique

Terrifier les ours n'a aucun intérêt : il faut que ceux-ci soient occupés pour que cela marche. Pas moyen de les surprendre autrement.

Le jeu consiste surtout à assassiner un ours en particulier. Bien qu'on soit censé avoir le choix de la méthode, on se rend rapidement compte que cela ne sert à rien. Si Naughty Bear peut se cacher dans les feuillage pour se la jouer infiltration, cela n'a aucun intérêt puisque foncer dans le tas ira bien plus vite. Alors que votre folie meurtrière s'abat sur l'île, certains ours peuvent tenter de se cacher ou d'appeler la police. Un geste vain puisque ces derniers ne pourront rien contre le peu d'armes à votre disposition : batte de baseball, machette, hache, armes à feu, etc. L'interface est plus ou moins cohérente mais l'ensemble laisse un sérieux goût de déjà joué. Aucune diversité n'est présente et l'aventure peut se finir à l'aide de deux touches : attaquer et exécuter. Il y a d'ailleurs un paradoxe entre la public visé par le jeu et cette jouabilité des plus simpliste, qui semblerait presque destinée aux enfants. D'autres possibilités sont pourtant présentes, comme le fait de pouvoir saboter l'environnement, poser des pièges et terrifier les ennemis occupés, mais encore faudrait-il trouvé une utilité tout cela. A ce gameplay des plus basiques, il faut ajouter un level design tout aussi simpliste et sans saveur ainsi qu'une caméra exécrable. C'est bien elle notre pire adversaire, et non les oursons colorés à l'intelligence artificielle déplorable. Trop sensible, trop basse et beaucoup trop proche dans les intérieurs, la caméra finit d'anéantir le peu de sensations qu'aurait pu nous offrir Naughty Bear.

Un contenu au ras des pâquerettes

Impossible de donner son avis sur le multi : pas moyen d'accéder à une session de jeu.

Naughty Bear est découpé en sept épisodes, eux-même divisés en "missions clônes" presque identiques. En plus de tuer votre cible principale, vous pouvez trouver et détruire les objets spécifiques de chaque zone ou faire la "dawa" sur l'île pour remporter des points. Un certain nombre d'entre eux est requis pour accéder au différents épisodes, ce qui nous oblige à refaire certains niveaux pour atteindre le nombre nécessaire. Le jeu nous popose donc une durée de vie artificielle : sans cette obligation, deux ou trois petites heures auraient pu suffire à terminer la trame principale. En cumulant des points, vous remportez aussi de nouvelles tenues aux caractéristiques spécifiques mais difficilement palpables. Une fois le solo bouclé, votre côté masochiste vous poussera peut-être à essayer le mode multijoueur. J'aurais parlé de celui-ci avec joie (quoique...) mais je n'ai trouvé aucune session de jeu (et c'est pas faute d'avoir essayé). Et les rares fois ou j'ai pu intégrer une partie la connexion à la session me ramenait inévitablement au menu principale. La classe. Je peux néanmoins vous décrire les objectifs des quatre modes présents : garder un gros gâteaux le plus longtemps possible, obtenir un flingue doré (seul moyen de tuer les autres et de faire des points), incarner Naughty Bear et pourchasser des ours cherchant des gâteaux et détruire la statue adversaire et protéger celle de son équipe. Nul doute qu'avec ses carences au niveau gameplay , le multijoueur de Naughty Bear ne peut sauver le soft de l'échec.
Les Plus
  • L'idée de base
  • La moue de Naughty Bear
Les Moins
  • La caméra désastreuse
  • Un jeu qui ne s'assume pas assez
  • Ça manque cruellement de diversité
  • C'est simpliste
  • C'est moche
  • Les musiques
  • Durée de vie courte et bêtement gonflée
Résultat

Naughty Bear a tout du jeu médiocre. Techniquement dépassé, il pâtit d'un gameplay approximatif et d'une caméra absolument détestable. Sans compter que le soft ne s'assume pas assez et laisse un goût douteux. Alors qu'il nous propose d'incarner un nounours sans merci, Naughty Bear ne semble pas jouer le jeu, comme en témoigne les level design et objectifs minimalistes. On se retrouve donc avec un "jeu bâtard" qui semble destiné à un public "âgé" d'un côté et qui nous propose des mécanisme dignes des titres pour enfants de l'autre. Une seule question vient alors à l'esprit : comment ont-ils fait pour gâcher une idée si sympathique ?

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