Test | Shade, ou Lara Croft au masculin
04 nov. 2004

Testé par sur
Shade
  • Éditeur Cenega
  • Développeur Black Element Software
  • Sortie initiale 29 oct. 2004
  • Genre Action

Les aventures de Lara Croft s'étaient retrouvées suspendues après un énième épisode, et il fallait bien que quelqu'un s'y colle, avant son grand retour prévu pour l'an prochain. C'est Cenega qui tente de prendre la relève avec Shade : Wrath of Angels, jeu sombre, jouant habilement sur les effets de lumière pour animer une aventure scénaristiquement intéressante, mais qui décevra ou tout du moins frustrera nombre de joueurs amateurs du genre par quelques irritants défauts de gameplay.

My name is Croft, Laurent Croft.

Shade: Wrath of Angels, c'est un peu l'histoire de Laurent Croft, le demi-frère de Lara. En moins bien. Oui, bon, il est un peu moins bien foutu que Lara et pas que dans la plastique, y'a aussi ce petit short qui nous manque et aussi... Bon ok. Stop. Faisons avant tout un point sur le scénario : votre frère, dénommé B. et passionné fou d'archéologie, vient de disparaître. C'est triste, mais heureusement pour vous, il a eu le temps de vous écrire une lettre, au contenu plus que mystérieux certes, vous annonçant une grande trouvaille de sa part. Bref, votre mission, c'est évidemment de le retrouver, sain et sauf si possible. Vous commencez donc votre quête, après un long voyage en train, dans un village désert d'Europe orientale contemporaine, armé de votre seule détermination et du calibre 45 laissé par B. sur son lit. Là où ça se complique, c'est que les visions que vous avez depuis quelques jours se révèlent de plus en plus réalistes et toujours aussi effrayantes : des flammes, des démons ailés et une armada de sbires morts-vivants déambulant gauchement, les bras levés – à l'ancienne – dans votre direction, sans parler de l'Ange déchu qui vous guide dans votre quête et vous fournit indications et pouvoirs. Du pain sur la planche en perspective.

Ombres chinoises

Shade est un jeu qui, comme son nom l'indique, se base beaucoup sur les ombres et la lumière qui permet de leur donner vie. Ca, il le fait très bien : les fresques murales éclairées à la lumière des torches resplendissent, et les jeux de lumière n'aident pas à rassurer notre héros lors de ses pérégrinations dans les quelques cimetières et tombeaux qu'il va traverser avec joie et allégresse. Evidemment, l'ambiance s'en trouve renforcée, et on se prend au jeu, surtout avec les quelques hululements lointains et les envols soudains de corbeaux qui ajoutent encore à l'aura dégagée par la rauque voix du narrateur, à savoir vous, ou plutôt lui – voix en VO, qui au demeurant, est plutôt bien jouée. Tout ça en impose pas mal, mais, car il y a toujours un mais, il faut bien avouer que le moteur 3D, bien qu'animant plus que correctement les faits et gestes de notre héros ainsi que ceux des momies, scarabées géants et autres détestables et velues araignées hors de proportions, ne fait pas spécialement le poids face à la grandiloquence que pourrait dégager un Far Cry : en résumé, les décors sont très polygonaux, sans grande rondeur, et les modèles sont somme toute assez basiques.

Quand y'en n'a plus, y'en a encore !

Le jeu est long et on pourrait même dire qu'il a tendance à tirer dans la longueur. Trente niveaux, ça c'est ce que vous aurez à affronter, et trente heures de jeu, ça c'est ce que vous aurez à endurer. Oui, parce que finir Shade, même en mode facile, n'est pas ce que l'on pourrait appeler une sinécure. En fait, le gameplay est un rien poussif : on se bat tant bien que mal avec les trois prises de l'épée magique, et on se rend compte que mourir sans arrêt à cause d'un squelette c'est frustrant, surtout lorsque, une fois celui-ci retourné à son état primaire, apparaissent deux sympathiques chevaliers taillés façon boîte de conserve et armés chacun d'une charmante lame plus haute que vous. Oui, à l'improviste, comme ça. En plus, rajoutez le magnifique système de sauvegardes, hérité du monde console, enregistrant votre position à la fin de chaque niveau et sur les quelques – rares – bornes de sauvegarde, et vous aurez le droit de rejouer encore et encore les mêmes scènes, gratuitement. Bon, "heureusement" pour vous, l'IA a les capacités intellectuelles d'un four à micro-ondes défectueux, ce qui permet assez souvent de se placer en hauteur ou même simplement derrière un pilier et de dégainer votre colt 45 pour nettoyer un peu tout ça et vous reposer quelque peu, le temps que les bestioles se calment.
Les Plus
  • L'ambiance générale sombre et pesante est plutôt bien réussie.
  • Le jeu entre lumière et ombre donne des rendus souvent jolis.
Les Moins
  • Le scénario, bien qu'intéressant, aurait mérité de tirer un peu moins en longueur.
  • Le système de sauvegardes, hérité des consoles, est très frustrant.
  • Les enchainements de combats sont stressants, et on s'en lasse.
  • L'IA est assez déplorable, les monstres se contentant de foncer sur le joueur, quand ils ne sont pas bloqués dans un coin.
Résultat

Un bon point cependant, puisque les petits gars de Cenega ont eu une idée intéressante. En effet, votre héros s'est vu affublé d'un "don" par l'Ange qui lui a confié sa mission : celui de pouvoir se transformer en démon. Ok, ça n'a pas l'air super dit comme ça, mais pourtant, c'est fichtrement puissant. En fait, votre nouvelle apparence, obtenue par la simple pression d'une touche, a beaucoup d'avantages, mais un défaut plutôt important. Un démon, c'est invincible et ça a des pouvoirs magiques, comme balancer des boules de feu, ou invoquer un cercle d'invulnérabilité – pour votre forme humaine – sans parler du sort d'Apocalypse, éliminant tous les resquilleurs alentours. Mais l'apparence de démon, c'est instable, et la petite barre bleue qui se vide très vide en haut de l'écran est là pour vous le rappeler. Effet à durée limitée certe, mais réutilisable puisque la barre en question se régénère toute seule avec le temps, ou en utilisant un puits de régénération. Voilà, au final, on peut dire que Shade est un jeu intéressant, essentiellement basé sur des séries de combats entrecoupées de quelques énigmes et séances de sauts de plate-formes, mais les défauts liés au gameplay et au système de sauvegarde pourraient bien rebuter les plus coriaces, gâchant un peu le plaisir et donnant rapidement l'envie de presser le bouton Quitter.

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