Test | Söldner, ou l'histoire d'une déception
04 juin 2004

Testé par sur
Söldner: Secret Wars
  • Éditeur Jo Wood Productions
  • Développeur Wings Simulation
  • Sortie initiale 27 mai 2004
  • Genre Simulation

Söldner: Secret Wars nous était présenté comme le jeu online tactique qui allait révolutionner le genre avec de nombreux systèmes forts sympathiques tel que l'ADS permettant de détruire tous les éléments du décor. Les développeurs de Wings Simulations y ont mis tous leurs efforts et ont misé sur le communautarisme online, mais on peut se demander si leur gourmandise ne leur aura pas joué un mauvais tour. Au final, Söldner a un goût amer d'inachevé, et même si un patch devrait sauver les meubles, son avenir semble morose.

Un jeu attendu

Nous sommes en 2010, quelque part entre l'Alaska et la Sibérie. Les grandes puissances du moment n'ont plus trop envie de conserver leur rôle de gendarmes du monde et préfèrent laisser la place à des armées entièrement constituées de mercenaires hautement spécialisés, dont vous, évidemment. Ca c'est pour l'histoire, plutôt succinte, mais il faut bien avouer, ce n'est pas elle qui va le plus marquer les joueurs. En fait, Söldner on en entend parler depuis déjà bien longtemps – cf. notre preview datant déjà de septembre 2003 – à la fois à coup de screenshots avantageux, d'annonces de modes de jeux cachés ou de news sur un des nombreux systèmes de gestion d'environnement que comprend le produit. Mais après deux démos plus que moyennes, on avait peur que les développeurs aient été trop gourmands... et c'est un peu le cas.

Battlefield: Söldner

Pour ceux qui n'auraient pas suivi, Söldner: Secret Wars est un jeu quasi-exclusivement orienté multijoueurs dans lequel vous incarnez un mercenaire, à la troisième ou à la première personne. Votre but est de défendre vos intérêts en vous battant contre l'équipe adverse à travers quelques modes de jeu plutôt classiques : conquete de drapeaux ennemis à la Battlefield 1942, extraction de personnages, destruction d'objectifs ou encore bien évidemment le bon vieux mode deathmatch. On retrouve aussi tout un arsenal militaire digne des plus grands films de Schwarzy, du couteau au lance-roquette en passant par toute la panoplie de fusils d'assaut les plus communs. En plus de ça, et c'est la mode, il est possible de contrôler quelques jeeps, humvee, char Abrams, mais aussi des helicoptères et des avions de chasse. Bref, tout est réuni pour nous faire passer un bon moment.

La gourmandise est un vilain défaut

Seulement, les développeurs de Wings Simulations ne se sont pas contentés du service minimum. En fait, ils ont même voulu en faire beaucoup... mais beaucoup trop peut-être. Il faut avouer que les ambitions des gaillards sont tout à fait louables, surtout qu'elles ont pour la plupart été très bien réalisées. Söldner: Secret Wars est ainsi découpé en différents "systèmes". Tout d'abord, l'UCS qui vous permet de personnaliser l'apparence de votre mercenaire comme bon vous semble. Il est même possible de l'habiller en bûcheron québécois avec une jolie chemise à carreaux rouges et noirs. Pratique pour le camouflage, surtout dans les plaines enneigées de la Sibérie orientale. A ceci, rajoutez l'AGS, système à la base des communications visuelles entre les joueurs, imitant les gestes militaires tactiques les plus connus sur un champ de bataille. De quoi vous montrer dans votre belle chemise en somme.

Jusque là, tout va bien

Mais le système qui fait le charme de Söldner est sans doute l'ADS – ou Advanced Destruction System. Grâce à lui, vous allez enfin pouvoir passer vos nerfs sur le paysage et détruire tout ce que vous souhaitez. Si si, vraiment tout, du moindre petit arbre – quand je vous disais qu'on pouvait jouer au bûcheron, il fallait me croire – aux bâtiments les plus impressionnants. Même le sol ressemblera rapidement aux paysages de On a marché sur la Lune – la chemise à carreaux en plus – des cratères se formant sous les explosions des obus des tanks ou des grenades lancées ardemment sur le champ de bataille par vous ou vos adversaires. Jusque là, Söldner a de quoi séduire à peu près n'importe quel fan de shooter tactique online, même ceux qui jouent encore à Counter-Strike, car la gestion de votre équipement passe par des teminaux où il vous faudra payer vos armes et véhicules avant de pouvoir les utiliser.

Le plus dur c'est pas la chute...

Là où le bat blesse, c'est que dans Söldner, eh bien, on ne s'amuse pas vraiment, et je dirais même qu'on s'énerve très vite tellement le jeu est bourré de bugs. Vous aviez toujours rêvé des sensations que procure un tank Abrams ? C'est raté, car ici, les tanks sont plus maniables qu'une Twingo sur un parking. Mais peu importe, vous pourrez toujours vous rattraper sur les Jeeps, Humvee ou autres Lada – si si – qui sont aussi utilisables... enfin si vous aimez les savonnettes. Vous l'aurez compris, le moteur physique des véhicules est ridicule. Rajoutons que le moteur graphique, bien qu'impressionant car capable d'afficher des cartes plutôt joliment modélisées, fait gentiment ramer le jeu à peu près n'importe quand, et surtout quand on voudrait que tout reste fluide – Murphy devait être bûcheron dans sa jeunesse. Si vous comptez jouer à Söldner, prévoyez du lourd, ça risque d'être nécessaire.
Les Plus
  • On peut tout détruire !
  • Les cartes sont gigantesques
  • Le jeu est vraiment tourné vers les communautés online
Les Moins
  • Une grosse configuration est demandée
  • Les véhicules ont une physique déplorable
  • Le mode solo est plus que ridicule voire inexistant
  • Même en faisant abstraction des nombreux bugs, on ne s'amuse pas vraiment
Résultat

Une autre déception concerne un des points les plus attendus de Söldner. Les développeurs nous avaient promis des serveurs pouvant supporter des affrontements engageant jusqu'à 128 joueurs, mais au final, on se retrouve limités à 32 joueurs maximum par partie. Du coup, on a parfois l'impression d'être tout seul à jouer tellement les cartes sont vides, et quand on rencontre finalement quelqu'un après quelques longues minutes de courses dans la forêt, il n'est pas rare de se prendre directos un headshot bien placé par un sniper camouflé sous les broussailles. C'est frustrant. D'ailleurs, à propos de jouer seul, sachez que le mode solo présente à peu près autant d'intérêt que la vie d'une huître. Mais ne perdons pas espoir : Wings Simulations nous a promis un patch très rapidement qui corrigerait les plus gros bugs, car Söldner, c'est un gros plein de potentiel, malheureusement dont l'intérêt est gâché par une réalisation finale plus que bancale.

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