Test | Mission Président : coup d'État dans l'eau
14 juin 2007

Testé par sur
GeoPolitical Simulator : Mission Président
  • Éditeur Mindscape
  • Développeur Eversim
  • Sortie initiale 16 mars 2007
  • Genre Simulation

Alors que l'on connaît désormais le nom de notre nouveau Président pour au moins 5 ans, Mindscape sort un Mission Président aussi prévisible qu'inattendu. Prévisible car c'est avant tout un coup marketing, suggérant même sur sa jaquette une Royal et un Sarkozy en ombres chinoises. Mais, inattendu car les jeux politiques réalistes sont souvent des ratages ou des jeux moyens. Mission Président ne déroge pas à la règle, malgré quelques bonnes idées.

L'avenir du monde d'un clic de souris

Être maître du monde (ou tout au moins, président), cela s'apprend. Les plus courageux peuvent tenter d'entrer en force à l'Élysée ; mais il sera difficile pour eux de bien diriger les affaires du pays, tant l'interface est riche, complexe, voire désordonnée. Un mode tutorial est disponible pour comprendre les rouages du gameplay. Toutefois, un bug incompréhensible vous empêche d'accéder aux différentes leçons. Aïe, ça commence mal ! Il va donc falloir s'improviser en chef d'État chevronné en apprenant sur le tas. Avant de commencer à gouverner, il faut choisir un personnage. Les développeurs de Eversim ont essayé d'apporter de la profondeur en offrant un large choix de figures et de régimes politiques. Libre à vous d'accepter le système semi-présidentiel français, de prendre en main la petite dictature yéménite, ou encore de mener la révolution bolivarienne au Venezuela. Ce souci du contexte est renforcé par la présence de petites missions permettant d'ajouter un peu de piquant à votre mandat.

Emploi du temps de ministre

Un ouragan sur la Floride ! Convoquez immédiatement votre cellule de crise.

Après votre petite fête Place de la Concorde et votre jogging matinal, votre avatar doit désormais s'occuper des affaires d'État. Sans tutorial, ni explications concrètes, vous vous retrouvez empêtrer dans l'interface brouillonne du jeu. Les premières minutes – voire les premières heures – sont pénibles et laborieuses, tant il est difficile de s'y retrouver. Mission Président tente de concilier un visuel 3D avec des tableaux austères. Pourtant, c'est souvent les chiffres et les textes bruts qui permettent d'avoir une vision globale de vos orientations. Sur l'écran, des onglets permettent d'afficher d'un clic les différents budgets ainsi que les choix associés. L'agenda est également un outil central dans Mission Président. C'est avec lui que vous allez entamer des dialogues avec d'autres figures du pouvoir que ce soit les représentants syndicaux, les diplomates étrangers ou vos ministres. L'agenda permet également de gérer votre temps qui est une contrainte importante dans la vie d'un homme politique. Les jours passent vite, et il faut savoir faire un compromis entre la négociation sereine et les réformes précipitée.

La question du choix

La difficile question de l'immigration doit également être traitée.

Une fois les mécanismes maîtrisés, il est enfin possible de s'amuser quelques heures avec Mission Président. Le souci du contexte se retrouve également dans la manière d'appréhender le jeu. Ici, il faut aborder la question du choix. En effet, vous voici devant un double dilemme : vous êtes maître de vos choix et de vos stratégies, mais dans le même temps, vous êtes prisonnier d'un déterminisme lié à la situation de votre pays et à votre côté de popularité. La force de Mission Président est de vous laisser une – presque – totale liberté. A vous de choisir vos orientations politiques, même si les résultats ne seront pas forcément satisfaisants. Vous pouvez devenir un sombre fasciste qui expulse à tour de bras et qui augmente le budget de l'armée sans discussion préalable. Vous pouvez être un socialiste philanthrope qui valorise les savoirs populaires mais qui détourne le peuple de sa volonté émancipatrice. Vous pouvez être un ultra-libéral au service du patronat et des classes supérieures. Vous pouvez être communiste, populiste, libertaire, démocrate-chrétien, centriste, conservateur, royaliste, xénophobe, social-libéral, ou tout à la fois. Mais, bien entendu, ce choix sera toujours lié au contexte et à votre côte de popularité.
Les Plus
  • Une base de données touffue
  • La liberté de choix laissé au joueur
Les Moins
  • L'interface brouillonne
  • L'austérité de l'ensemble
  • Des comportements parfois irréalistes
  • De trop nombreux bugs
  • Où est mon yacht ?
Résultat

Pourtant, la riche base de donnée et les multiples possibilités font figure de cache-misère. En effet, Mission Président est miné par de nombreux bugs qui rendent les parties injouables : chiffres abracadabrants, comportements inexplicables, négociations incompréhensibles... Ainsi, les réactions de la population ou des groupes de pression face à vos réformes – ou votre immobilisme – sont irréalistes, voire totalement fantaisistes. Le jeu d'Eversim s'éloigne de l'authenticité qu'il revendique pour s'approcher d'un genre plus proche de la politique-fiction où règne le "tous pourris". De même, Mission Président rate parfois sa cible : il met de l'austère là où il aurait fallu du fun (tableaux, chiffres, données bruts) et du fun là où il aurait fallu du sérieux (discussion avec les grands de ce Monde). Au final, le jeu donne l'impression d'être sorti trop vite pour coller à l'actualité politique du moment. Il est clair qu'il est plus facile d'écouler un jeu de ce genre lors de notre grande messe électorale. Encore une fois, la pression du marketing a été plus forte que celle du ludique.

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Tribune libre