Test | Phoenix Wright revient à la barre
25 avr. 2007

Testé par sur
Phoenix Wright : Ace Attorney 2
  • Éditeur Capcom
  • Développeur Capcom
  • Sortie initiale 16 mars 2007
  • Genre Aventure

Il y a un an, l'Europe découvrait sous le nom de Phoenix Wright : Ace Attorney l'adaptation du premier épisode de la série des Gyakuten Saiban de Capcom. Le franc succès remporté par le jeu se devait d'attirer un an plus tard son petit frère, sous-titré Justice for All. Mais, vraie suite ou simple copie, il est possible de s'interroger sur la raison d'être de ce second épisode qui a du mal à égaler la qualité de son aîné. Le procès de Phoenix Wright : Justice for All est ouvert !

Faites entrer l'accusé

Le juge : La séance est ouverte. L'accusation est-elle prête ?

L'accusation : Oui, votre honneur.

Le juge : La défense est-elle prête ?

La défense : Oui votre honneur.

Le juge : La parole est à l'accusation.

L'accusation : L'accusation va tenter de prouver que ce nouveau volet de Phoenix Wright n'est pas à la hauteur du premier. Il déçoit, de par son manque de renouvellement, la persistance de défauts majeurs hérités du premier épisode, et un manque de finition dommageable.

La défense : La défense plaide non coupable. Certes, l'effet de surprise n'est plus le même, mais ce second volet prolonge le plaisir grâce à de nouvelles affaires passionnantes, tout en apportant quelques fonctionnalités supplémentaires qui suffisent à relancer l'intérêt.

Les faits

Vous avez toujours la possibilité de crier vos objections dans le micro de la DS.

L'accusation : Commençons par rappeler les faits. Phoenix Wright est un jeu d'aventure/déduction du type point & click dans lequel vous endossez le rôle d'un avocat de la défense. Une fois le crime présenté sous forme d'une cinématique qui laisse planer le suspense, vous voilà plongé dans l'affaire, prêt à prouver l'innocence de votre client – dont vous êtes intimement convaincu. Le jeu vous plonge en alternance dans deux types de phases : les phases d'enquête et de procès. Durant les phases d'investigation, vous menez votre propre enquête au nez et à la barbe de la police. Il vous faut interroger les témoins, recueillir des indices, et commencer à reconstituer ce qui s'est réellement passé. Puis viennent les phases au tribunal, durant lesquelles vous vous confrontez à l'accusation pour tenter de démontrer l'innocence de votre client. La meilleure défense restant l'attaque, l'objectif est de contre-attaquer et de démasquer le vrai coupable en pointant les failles dans les dépositions des témoins et en vous appuyant sur des preuves.

Premier chef d'inculpation

Les témoins les plus coriaces peuvent avoir jusqu'à trois verrous psychiques.

L'accusation : Ce que l'accusation reproche d'abord à Phoenix Wright : Justice for All, c'est la quasi-absence de nouveautés. Le concept de base est intéressant mais n'a pas évolué d'un iota, ce qui fait que vous avez parfois l'impression de jouer au premier volet.

La défense : Un instant ! Il y a quand même une nouveauté de taille dans cet épisode : le verrou psychique.

L'accusation : Objection ! Cette fonctionnalité fait plutôt figure de gadget.

Le juge : Objection rejetée : laissons la défense nous exposer cette nouveauté.

La défense : Lors des phases d'enquête, vous êtes parfois confronté à des témoins dont vous sentez qu'ils vous cachent quelque chose. Un ou plusieurs verrous apparaissent alors à l'écran, symbolisant les barrières psychiques qui les empêchent de vous avouer la vérité. A vous de briser leurs réticences et de les pousser dans leurs derniers retranchement pour faire émerger la vérité. Cette nouvelle fonctionnalité apporte au jeu une dimension psychologique intéressante et permet de rendre les phases d'investigation plus vivantes.

Second chef d'inculpation

Les phases d'enquête vous confrontent toujours à des personnages hauts en couleurs.

L'accusation : En admettant que ces verrous psychiques soient un plus, il reste qu'ils n'ont pas solutionné le problème de la linéarité importante caractéristique du premier épisode. Il faut toujours effectuer une suite d'actions dans l'ordre pour faire progresser le scénario. De même, vous ne pouvez vous rendre au tribunal sans avoir découvert la totalité des indices ni sans avoir épuisé tous les sujets de conversation avec les témoins. Où est l'incertitude propre à la profession ?

La défense : Objection ! La linéarité de Phoenix Wright est réelle, mais rappelons qu'il ne s'agit pas d'un simple jeu d'aventure : parallèlement à ce qui se déroule sur l'écran, vous faites constamment appel à vos capacités de déduction pour tenter de saisir la clé du mystère. En cela, Phoenix Wright : Justice for All est un jeu où vous n'êtes jamais inactif et où vous exercez librement votre réflexion.

L'accusation : Certes, mais cela n'empêche pas qu'en termes de gameplay, il s'agit de montrer la bonne pièce à conviction au bon moment. De ce fait, vous avez l'impression constante de lire un roman interactif plus que de jouer à un véritable jeu.

Troisième chef d'inculpation

Maya Fey, votre assistante, est au coeur de la seconde affaire.

L'accusation : Autre aspect en défaveur de cette suite : la résolution des affaires est plus facile que dans le premier épisode. Non qu'elles soient moins complexes et tarabiscotées que les précédentes ; mais les révélations obtenues en faisant sauter les verrous psychiques vous mettent beaucoup trop facilement sur la voie. Or, même si vous arrivez au procès avec la clé de l'énigme, vous restez obligé de passer par les longues phases d'interrogatoires et de montrer la bonne pièce à conviction au bon moment pour pouvoir remporter le procès.

La défense : Objection ! C'est le concept même de Phoenix Wright. Quelle jubilation lorsque vous pointez de votre index le témoin malhonnête en lançant une mémorable "Objection !", source combinée de plaisir et de montée d'adrénaline.

L'accusation : Il reste que ce plaisir est éphémère, si l'on considère que les affaires sont au nombre de quatre, et se résolvent en quelques heures. Sans parler de la première affaire, qui n'est qu'une sorte de tutorial déguisé, à la durée de vie très faible.

Quatrième chef d'inculpation

Vous pouvez à tout moment consulter le dossier de l'affaire, et examiner les pièces à conviction.

L'accusation : L'argument définitif qui prouve la culpabilité de l'accusé, c'est le manque de soin accordé à ce nouveau portage sur DS. Tout d'abord celui-ci ne contient, contrairement à son prédécesseur, aucune nouvelle enquête faisant appel aux fonctionnalités de la console. La jouabilité tactile est donc réduite à sa plus simple expression et le double écran sous-utilisé : l'écran du bas n'affiche la plupart du temps qu'une immense flèche sur laquelle il faut cliquer pour faire avancer les dialogues. D'autre part, même si les écrans fixes sont de bonne facture, aucune amélioration graphique n'est à noter hormis quelques animations supplémentaires sur les personnages. Du reste, ceux-ci sont une nouvelle fois un peu trop déjantés, nuisant souvent à l'impression de "sérieux" des affaires.

La défense : Objection ! Le second degré propre aux personnages et aux situations de Phoenix Wright casse magnifiquement la dimension rébarbative d'un concept austère de prime abord. D'ailleurs, l'aspect manga et l'humour déployé en permanence par le jeu n'empêchent pas la logique alambiquée des affaires.

L'accusation : Possible, mais que dire de la disparition des fabuleux thèmes musicaux qui accompagnaient les objections dans le premier épisode ? Les nouveaux morceaux se révèlent décevants et manquent de souffle épique. Enfin, difficile de passer sous silence le peu de soin apporté à la traduction française (oubli de mots, fautes d'orthographe...), qui achève un tableau peu brillant en ce qui concerne la finition.
Les Plus
  • Un concept original et toujours aussi addictif
  • Un gameplay astucieux
  • Des scénarii complexes, tordus, et riches en rebondissements
  • Des personnages attachants
  • Un humour omniprésent
Les Moins
  • Des nouveautés peu nombreuses
  • Une linéarité toujours aussi importante
  • Des thèmes musicaux décevants
  • Une traduction française inadmissible
Résultat

Le juge : J'ai bien écouté les arguments de l'accusation et ceux de la défense, et je vais maintenant rendre mon jugement. Phoenix Wright est de toute évidence une série à succès : la récente sortie au Japon d'un quatrième épisode le prouve. Et si cette série a su trouver son public, c'est qu'au-delà d'une aventure textuelle à la progression linéaire et à l'interactivité limitée, elle propose un gameplay innovant au service d'un concept tout simplement addictif. Cependant, et c'est un fait, la qualité de Phoenix Wright : Justice for All n'égale pas celle de son aîné. Joueurs désireux de découvrir la série, vous avez donc tout intérêt à vous tourner plutôt vers le premier épisode. Quant à vous autres, avocats chevronnés, vous pouvez passer facilement sur les quelques défauts et prolonger le plaisir en vous replongeant avec délectation dans un jeu original et prenant. La séance est levée !

Partagez ce test
Tribune libre