Test | L'Entraineur 2006 limogé pour mauvais résultats
07 mai 2006

Testé par sur
Aussi disponible sur
Championship Manager 2006
  • Éditeur Eidos Interactive
  • Développeur Beautiful Game Studios
  • Sortie initiale 31 mars 2006
  • Genre Gestion

Il fut un temps où la simple évocation du nom de L'Entraîneur (Championship Manager pour les intimes) provoquait chez les fans, une excitation démesurée. Pour les managers en herbe, Championship Manager était le nec plus ultra. Mais depuis deux ans, rien ne va plus chez Eidos. Les créateurs de la série, Sports Interactive ont filé à l'anglaise chez SEGA avec base de donnée et code source. Tout est à reconstruire pour Eidos. Après un Championship Manager 5 de transition, cet opus 2006 espère accéder au titre convoité de meilleur simulation de gestion footbalistique.

Premier pas dans la jungle du foot-business

Après avoir crée un profil, vous commencez directement la pré-saison au sein d'un club préalablement choisi. Premier regret : il est impossible de devenir sélectionneur national. Dans la jungle des menus, il y a deux types de joueurs : ceux qui connaissent et ceux qui pensent connaître. Les habitués naviguent sans problème en utilisant les raccourcis clavier et les différents menus contextuels. Les autres sont lâchés au bout de quelques clics. Rien ne semble ergonomique au premier abord. Tout est dense et inconnu. Les maigres explications du manuel ne suffisent pas à remplacer un tutorial absent de cette version 2006. Progressivement, vous comprenez les quelques subtilités dans la navigation de Championship Manager 2006. La messagerie tient un rôle central tout comme la page tactique. Pour les novices, comptez au moins deux heures avant de maîtriser la navigation. Une fois les menus domptés, vous découvrez les possibilités de cet opus 2006.

Recruteurs Sans Frontières

Attention ! La perle sud-américaine peut vite devenir un vrai tocard.

Sports Interactive ayant récupéré son énorme base de donnée, il a fallu que Eidos et BGS repartent de zéro. Si Football Manager reste intouchable, Championship Manager 2006 a fait des progrès appréciables. 26 pays sont sélectionnables avec pour chacun au moins deux divisions. A vous les joies d'un titre national avec Göteborg ou la Copa Libertadores avec Colo-Colo. En France, la L1, la L2 et le National sont jouables. De plus, de nombreux clubs du continent africain, asiatique et américain sont présents. Malheureusement, cette richesse affichée se révèle creuse et vide. Les effectifs des clubs de seconde zone se limitent à un ou deux joueurs. Il est donc difficile de faire le fouineur dans les pays africains pour tenter de trouver le futur Drogba ou le prochain Eto'O. La base de donnée comporte également d'énormes erreurs : le jeu se déroule au début de la saison 2005 et les transferts sont ceux du mercato de janvier. Vieri commence la saison à l'AS Monaco. Peu réaliste. Enfin, on aurait aimé voir des portraits des joueurs, au moins les plus connus, histoire d'avoir autre chose que des tableaux Excel.

Une équipe au frais de la mafia russe

Réévaluer le salaire d'Adebayor ne le rendra pas meilleur.

Dans son aspect financier, Championship Manager 2006 propose le minimum. A titre de comparaison, le jeu offre autant de possibilités qu'un manager en Premier League anglaise. Vous vous occupez des transferts lors des périodes de marché au début de la saison et à la mi-saison. Il est possible de "pêcher" des joueurs sans contrat pendant la saison mais ne vous attendez pas à trouver le nouveau Zidane. Dans votre tâche, vous êtes épaulés par des recruteurs parfois compétents, parfois à la ramasse. Ils sont chargés à la fois de trouver des nouveaux talents et de vous conseiller dans vos achats. Vous êtes malheureusement trop dépendants du conseil d'administration. Ce dernier fixe le budget de la saison et établit les objectifs à tenir. Il réagit également à chaque décision et donne son avis sur l'équipe. Au rayon des nouveautés, Championship Manager 2006 propose l'option mécénat. Comme un Roman Abramovitch ou un Robert Louis-Dreyfus, le mécène est un magnat qui investit sa fortune dans le club. Vos moyens financiers doublent, tout comme vos objectifs sportifs. L'idée se révèle intéressante sur le papier mais dans le jeu, le mécène a finalement peu d'importance dans vos choix. Enfin, les relations avec les médias sont restreintes et elles auraient mérité un meilleur traitement tant la presse joue un rôle important dans la vie d'un entraîneur. Fournier serait-il encore entraîneur du PSG si l'Équipe n'avait pas mené une cabale contre lui ?

Le foot n'est qu'un jeu

Tevez devant le but pour prendre l'avantage face à Charlton.

Limité dans ses possibilités financières, il ne reste plus que l'aspect sportif pour s'enthousiasmer. Ici l'écran central est le menu tactique où vous gérez le placement de l'équipe. Ce système est plus ou moins repris de Football Manager avec des petites pastilles à placer sur le terrain. De prime abord, le menu paraît peu ergonomique mais au fil des matchs, vous commencez à le maîtriser. Les possibilités tactiques sont nombreuses : jouer le hors-jeu, faire du football total ou au contraire verrouiller avec un catenaccio. Il est également possible de donner des consignes individuelles comme un marquage agressif ou des prises de couloir avec appel de balle. Le placement sur le terrain est important pour l'équipe mais aussi pour le joueur. Un buteur qui est obligé de jouer ailier viendra se plaindre par voix de presse. Après avoir peaufiné la stratégie de l'équipe, vous pouvez passer au match. Championship Manager 2006 a choisi une représentation en subbuteo, le jeu de plateau qui fait toujours fureur. Et là, les bonnes intentions du début s'effondrent. Votre équipe ne respecte aucune consigne. Les matchs sont plombés par une IA désastreuse. Par exemple, votre défenseur récupère un ballon près de la ligne médiane et au lieu de relancer proprement, il dégage en touche sous la pression adverse. Aucun marquage n'est respecté. Il n'est pas rare de trouver son 6 en position d'attaquant et son attaquant en position de 6. Encore des bonnes idées qui tombent à l'eau, faute de concrétisation.
Les Plus
  • La base de donnée convaincante
  • De rares bonnes idées piquées à Football Manager
Les Moins
  • Une navigation fastidieuse
  • L'aspect financier limité
  • L'aspect sportif gâché par l'IA ratée
  • Répétitif
Résultat

Au final, Championship Manager 2006 est bien loin de la référence actuelle Football Manager. Même si le jeu d'Eidos fait mieux que l'opus 2005, il reste un jeu bâclé et mal terminé. La base de donnée est convaincante avec une centaine de ligues jouables et tous les noms des joueurs et des clubs. La navigation est un peu fastidieuse et il est parfois difficile d'accéder aux menus. Après s'être rendu compte des limitations sur le plan tactique et sur l'aspect financier, nous sommes face à un jeu creux et sans grand intérêt. Les fans de foot crieront au scandale en voyant les réactions des joueurs sur le terrain. Cet épisode 2006 n'est donc toujours pas celui de la renaissance.

Partagez ce test
Tribune libre