Test | 2021 : Moon Escape
22 juil. 2023

Voyage spatio-temporel

Testé par sur
2021 : Moon Escape

Comment ? Un jeu Game Boy édité en 2023 ? Mais dans quelle réalité parallèle vit-on ? Celle où la scène du retro-modding a pris un sacré coup d'accélérateur avec l'arrivée en 2021 de incube8, un éditeur spécialisé dans les jeux Game Boy physiques. 2021 : Moon Escape est l'un des titres récemment mis à disposition des joueurs ayant précieusement conservé leur console portable ou suffisamment aventureux – le titre est aussi diffusé en rom. En mission d'exploration spatiale, alors qu'une guerre galactique fait rage, votre vaisseau s'échoue sur une lune inconnue. Partons explorer les environs pour tenter d'en repartir vivant... le tout en gris et jaune !

L'histoire

La guerre fait rage et la situation est désespérée. Alors que les Kisur grignotent peu à peu le territoire galactique de votre peuple, votre mission est de vous infiltrer derrière les lignes ennemies et de voler les plans préparatoires de leur ultime bataille prévue contre votre planète-mère. Votre atterrissage ne se passe pas comme prévu et vous devez, à partir de votre vaisseau, explorer à pieds cette lune inconnue jadis occupée par un peuple disparu, infestée par l'armée Kisur. Mais d'ailleurs, ces êtres sont particulièrement étranges : gélatineux, tentaculaires, ils ont toutes les caractéristiques des pires aliens visqueux. Et surtout, ils se régénèrent une fois vaincus. Ce qui vous amène à revoir votre stratégie, qui ne pourra pas passer par l'annihilation pure et simple. Mais voyons le côté positif des choses : votre assistante, une IA débrouillarde, améliore sans cesse votre équipement en s'inspirant des capacités Kisur, vous permettant vous aussi de vous régénérer après une mort fortuite. Allez, en avant !
Aliens : la résurrection

Le principe

C'est gris, c'est jaune, c'est moche : c'est ça qui est beau.

2021 : Moon Escape est un jeu très classique d'exploration. Une carte de taille correcte, dans laquelle vous vous déplacez aux quatre coins de l'écran par panneaux fixes (à la Zelda de l'époque), avec à chaque fois quelques ennemis, passages étroits ou entrées de "donjons", ou plutôt des grottes. Dans celles-ci, des améliorations, des artefacts, des éléments qui font progresser votre quête. De petites énigmes sont proposées, où il faudra par exemple vous déplacer dans les bons téléporteurs, éviter des pièges et contourner des ennemis. Ces défis rappellent immanquablement les jeux de notre enfance, où il fallait réellement s'accrocher pour venir à bout d'un donjon. 2021 : Moon Escape n'y déroge pas et tout décès vous ramènera à votre vaisseau, impliquant l'aspect fastidieux de refaire tous les efforts réalisés jusque-là.

À force de détermination, vous progressez dans l'aventure. À vous de ratisser l'ensemble de la carte pour améliorer votre arme et votre santé, indispensable pour progresser en territoire ennemi plus fourni. L'interaction avec votre IA apporte quelques commentaires et dialogues rigolos, venant rompre la triste solitude dans laquelle vous êtes malheureusement enfermé.
The Dark Side of the Moon

Le retro-modding

Le plaisir de se prendre une cartouche.

Vous n'imaginez pas la nostalgie que cette cartouche embarque avec elle. Dès les premières scènes du jeu, avec une introduction cinématique digne des heures de gloire des années 1990 (comprendre : quelques écrans monochromes et beaucoup de suggestion), le ton est donné. C'est avec les contraintes de l'époque que le jeu a été conçu : de mémoire, d'affichage, de contrôles... Et avec tout cela, son créateur Mike Yamato est parvenu à apporter beaucoup de créativité. L'écran de menu, pour gérer ses capacités, sa santé, sa carte et son inventaire en est le parfait exemple : il suffit d'utiliser la touche start et l'interface reprend celle de l'écran vissé au poignet du héros (vous vous rappelez le menu pause dans GoldenEye 007 ?).

La boîte est également très proche de celles sur lesquelles nous lorgnions des heures durant dans les magasins avant de se décider à claquer six mois d'argent de poche, rien qu'en regardant les trois vignettes au dos. Dedans, vous trouvez un support de boîtier, et un très beau livret détaillant l'histoire, les ennemis et vos capacités. Ce qui permet de se rendre compte que les livrets, c'est tout un art et ça manque cruellement aujourd'hui.
8 bits dans la poche

L'anecdote

Exploration et nostalgie.

Je dois reconnaître que jouer au jeu sur sa Game Boy (classique, color, SP, ou encore NDS) a un côté grisant. Ouvrir la boîte en carton, découvrir la cartouche dans son boîtier... Certes, le titre est accessible pour un coût moins élevé en dématérialisé, mais l'expérience physique participe pour beaucoup à l'univers du retro-modding. Et accessoirement à accepter que vous jouez à un jeu aux capacités limitées. Je reconnais qu'une fois passé cet élan de nostalgie, ce qui m'a le plus frappé c'est à quel point nous avons oublié comment jouer à des jeux reposant sur des mécaniques des années 1990. Mourir souvent, galérer à améliorer son arme, ne pas discerner correctement tous les éléments à l'écran : cela faisait partie de notre quotidien, et les jeux nous ont progressivement modelés vers autre chose, quelque chose de plus facile, de moins contraignant. 2021 : Moon Escape est un jeu contraignant : il m'a fallu beaucoup de détermination pour recommencer encore et encore ce donjon qui me prenait la tête. Mais l'avantage, c'est qu'une petite Game Boy SP ça tient dans la poche, ça se balade partout et on peut y revenir quelques jours plus tard sans problème.
Vous jouez où avec le vôtre ?
Les Plus
  • L'expérience physique proposée par incube8
  • À l'ancienne, avec les contraintes de la cartouche
  • Un développeur solo : bravo
  • La musique chiptune
Les Moins
  • Des ennemis parfois trop tendus
  • Peu de recharges de pistolet
Résultat

C'est assez fou de se dire qu'un jeu développé en solo et édité sur Game Boy peut exister. 2021 : Moon Escape aurait totalement pu sortir en 1989 et cela aurait semblé normal. Pour replonger dans l'époque des piles rechargeables et des écrans non rétro-éclairés, le titre semble tout indiqué. Avec une aventure légèrement redondante mais somme toute bien équilibrée, il vous emmène le temps de quelques heures dans un voyage spatio-temporel qu'il serait, pour tout nostalgeek, dommage de manquer.

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