Test | GYLT
18 juil. 2023

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GYLT

Exclusif à la Stadia depuis 2019, le jeu GYLT aurait pu finir six pieds sous terre comme la plateforme de Google en janvier 2023. La production des Espagnols de Tequila Works échappe à ce destin funeste en débarquant maintenant sur tous les supports. Et c'est tant mieux pour nous puisque cette aventure à la Stephen King propose une expérience ludique et efficace, tout en abordant un thème majeur : le harcèlement scolaire.

L'histoire

À première vue, la petite ville américaine de Bethelwood a l'air sans histoire : son école, son jardin public, sa rue principale, sa salle d'arcade et son funiculaire... Ah si, depuis quelques jours la paisible bourgade doit faire face à la disparition d'Emily, une jeune enfant qui n'a plus donné signe de vie après son retour de l'école. Sa cousine Sally décide alors de placarder des affiches un peu partout dans les rues pour accélérer les recherches. Des recherches ? A priori, personne ici à part elle ne se souci du destin de cette gamine. Sally prend donc son courage à deux mains, enfourche son vélo et se retrouve à devoir monter dans ce fameux funiculaire à la destination plus que mystérieuse...
Emily s'est enfuie à Paris ?

Le principe

Hawkins et Bethelwood, même combat sur le marché des luminaires !

GYLT est un jeu d'aventure à la troisième personne. Il vous plonge dans un environnement 3D qui pourrait très bien coller à un épisode de Stranger Things ou même Life Is Strange (tous les codes visuels sont présents, le drapeau US sur la façade de l'école en tête). Absence d'armes oblige, la majeure partie du gameplay est basée sur de l'infiltration. Vous devez régulièrement vous soustraire à la vue des ennemis derrière des caisses ou autres bureaux renversés. C'est efficace notamment au niveau tension, car il n'est pas toujours simple de s'enfuir une fois repéré. Cette tension se caractérise d'ailleurs par l'utilisation astucieuse d'inhalateur de Ventoline. C'est l'unique ressource pour restaurer votre santé dans le cas où un ennemi vous aurait attrapé et que, ô miracle, vous en auriez réchappé.

Rester dans l'ombre n'est pas votre seul objectif puisque vous devez également résoudre quelques énigmes, simples mais motivantes, pour progresser dans cette enquête. Ces énigmes sont basées soit sur le déplacement d'objets et l'activation de mécanismes, soit sur des puzzles au format "circuit électrique". La diversité des environnements et des situations, combinée à une durée de vie très raisonnable d'environ six heures, vous empêche de trouver le temps long – ce qui est plutôt une très bonne chose pour une histoire où les enjeux ne sont pas non plus extraordinaires.
Une partie de cache-cache

L'emballage

La couleur pastel des premiers environnements va vite s'assombrir.

Depuis le très poétique Rime et sa mise en scène de belle facture, on savait l'équipe espagnole de Tequila Works capable de proposer des emballages remarquables. GYLT s'inscrit dans cette expertise avec des décors composés avec soin, avec parfois un minimum d'éléments pour un maximum d'effets. Exemple avec la salle d'arts plastiques de l'école et ses tableaux tourmentés ou encore l'auditorium et ses projecteurs menaçants...
Des décors qui veulent dire beaucoup

Pour qui ?

Les yeux sont partout et c'est à vous de les aveugler.

Si vous aimez les ambiances "teenager" comme celles que vous avez peut-être déjà rencontrées dans des jeux tels que Concrete Genie ou même Little Nightmares, vous devriez trouver votre compte dans GYLT. Ne vous attendez pas à des frissons aussi intenses et paranormaux que ceux des aventures de Six mais l'aspect infiltration et la bonne tenue générale du jeu ont de quoi capter votre attention jusqu'à un dénouement final courageux.
Du Stephen King pour les ados

L'anecdote

Observez toujours la position des mannequins : elle est très réfléchie.

Le harcèlement scolaire n'est pas une thématique très fréquente dans le jeu vidéo (hors serious game institutionnels). GYLT s'attaque au sujet avec une vraie intelligence. Même si les lettres d'Emily que vous pouvez recueillir lors de votre enquête n'échappent pas aux clichés, d'autres éléments viennent ajouter de la profondeur au sujet d'une manière moins frontale. En ce sens, ce jeu peut être un moyen d'aborder ce thème d'une façon détournée pour, pourquoi pas, déclencher un dialogue avec les jeunes victimes de harcèlement. Et, au final, leur permettre de reprendre leur vie en main : Get Your Life Together.
Un outil de dialogue
Les Plus
  • Une infiltration accessible
  • Le parti pris "désarmée"
  • L'aspect cartoon
  • Une progression plutôt fluide
  • Une conclusion courageuse
  • Une durée de vie (6 h) facile à caser
  • Les poupées mécaniques apportent une bonne tension
  • Entièrement et bien doublé en français
Les Moins
  • Des cinématiques non animées sans vrai panache
  • Les lettres d'Emily manquent de relief et d'originalité
Résultat

Dans GYLT vous retrouvez une ambiance et des réflexes à la Little Nightmares, le côté trash en moins. En effet la production de Tequila Works apparaît beaucoup plus polissée que celle de Tarsier Studio. Et c'est probablement ce qui l'empêche d'atteindre un niveau supérieur en terme d'atmosphère mais aussi de narration. Cela dit, GYLT a le mérite de proposer une expérience optimisée, fluide et agréable pour tous, tout en abordant le thème du harcèlement scolaire d'une manière détournée assurément efficace.

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