Test | Une AMY qui vous veut du bien
16 janv. 2012

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AMY
  • Éditeur Lexis Numerique
  • Développeur Vector Cell
  • Sortie initiale 11 janv. 2012
  • Genre Action

Une sortie plusieurs fois décalée, un auteur qui revient au jeu vidéo après de nombreuses années, un accueil plutôt enthousiaste lors des premières présentations... AMY est ce qu'on appelle un jeu attendu au tournant. Et dans les couloirs de ce survival horror, les tournants peuvent être sombres. Histoire de dissiper les inquiétudes, laissons entrer un peu de lumière sur un jeu dématérialisé qui mérite vraiment le détour.

L'essence du survival

Amy, une petite autiste, et Lana, son ange gardien, sont dans un train. Le train déraille à cause d'une météorite. Qu'est-ce qui reste ? La jeune scientifique. Votre première mission consiste à retrouver Amy au plus vite car, aux alentours, ça n'est plus vraiment Disneyland. Gare sombre et lugubre, rugissements sourds, bruits inquiétants, le tout sur un fond de piano à vous faire claquer des dents... Il ne manque plus qu'un cadavre, voire pire un zombie, pour planter un décor de survival horror digne de ce nom. Rassurez-vous, ces deux éléments indispensables interviennent au bout de quelques mètres à peine. Armé d'une simple barre de fer qui s'use très vite, votre progression se fait donc à tâtons. Ici, pas de héros musclés qui foncent tête baissée mais deux humaines aussi vulnérables et mortelles que n'importe qui. Si l'environnement est pesant, il est surtout étrangement infecté (d'où vos rencontres zombiesques régulières). Et vous êtes loin d'être immunisé. Heureusement, la petite Amy est là. Une fois récupérée (elle s'était cachée), elle vous redonne la pêche. Mais ne vous en éloignez pas trop car son champ de guérison est limité. Vous allez d'ailleurs très vite comprendre que le destin de ces deux là est étroitement lié.

Amies pour la survie

Amy n'est rassurée que lorsque vous lui tenez la main.

AMY propose en effet l'une des plus belles complémentarités que l'on puisse observer dans un jeu vidéo. Elle s'illustre évidemment dans le gameplay : Lana peut demander à Amy d'actionner des interrupteurs à distance – à des endroits inaccessibles pour la scientifique – ou d'utiliser des pouvoirs surnaturels (onde de choc, bulle de silence...) pour leur permettre d'avancer dans les niveaux. Mais cette coopération est aussi émotionnelle. Car même si Amy est littéralement vitale pour Lana, leur relation est plus étroite. Elles tiennent l'une à l'autre et l'équipe de Vector Cell a parfaitement su retranscrire ce lien. Ainsi, le simple fait de pouvoir tenir la fillette par la main renforce votre implication dans sa survie. Vous la guidez quand il faut courir, la mettez à l'abri sous une table ou dans une armoire le temps de sécuriser les environs. Son signe d'acquiescement mais aussi l'inquiétude qui se lit dans ses yeux lorsque vous lui demandez de rester immobile à un endroit, sa panique lorsque vous ne revenez pas assez vite auprès d'elle, tout participe à une expérience émotionnelle de premier choix.

Jouer à l'ancienne

Certains passages n'accepteront aucun faux pas.

AMY frappe aussi par son côté old school qui évite les concessions habituelles. Ainsi, la difficulté du jeu est élevée mais suffisamment bien dosée pour ne pas refroidir vos ardeurs. Le système de sauvegarde est également courageux : pas de sauvegarde automatique sauf en début de chapitre et des points de passage lâchés avec parcimonie. Autant dire qu'un chapitre commencé doit être un chapitre terminé. Le jeu en compte six, mélangeant action, réflexion et infiltration, avec, à chaque fois, des possibilités d'erreur plutôt réduites, voire inexistantes pour certains passages ardus. De quoi garantir une durée de vie très respectable pour un jeu dématérialisé. Dans le même esprit, les éléments interactifs du décor ne sont pas tous rouges clignotants ("Youhou, je suis là !") comme c'est le cas dans la majorité des jeux d'action-aventure d'aujourd'hui. A vous de scruter les décors avec attention pour ne pas passer à côté d'un objet essentiel à votre progression. "Comme à la vieille époque !" diront les plus anciens. A l'origine de cette orientation old school, on retrouve bien sûr Paul Cuisset, responsable des classiques Flashback et Moto Racer. L'auteur conserve des réflexes d'une époque révolue, c'est certain, mais des réflexes qui prouvent encore leur efficacité en terme de challenge et plaisir de jeu.

Infestée jusqu'au code ?

La grosse veine sur le front de Lana traduit son degré d'énervement... heu, d'infection.

AMY souffre pourtant de défauts plus ou moins handicapants. Ils sont principalement techniques et probablement liés à une équipe de développement très réduite. Eh oui, malgré les apparences et sa bonne tenue graphique, AMY n'a pas disposé des moyens d'un AAA. Le jeu manque ainsi de peaufinage et des bugs d'affichage peuvent parfois intervenir : un soldat qui disparaît brusquement, une Amy qui glisse sur le sol au lieu de marcher. Des ralentissements peuvent aussi se faire sentir notamment pendant la cinématique d'ouverture. Des bugs plus gênants vont jusqu'à entraver le gameplay en bloquant par exemple les pouvoirs d'Amy sans raison. Heureusement, il suffit de revenir au dernier point de sauvegarde pour y remédier. Aussi étrange que cela puisse paraître, voila qui participe à rendre l'expérience encore un peu plus vintage. Que les plus réfractaires au travail artisanal se rassurent : un prochain patch devrait permet de gommer ces quelques aspérités.
Les Plus
  • Une ambiance survival réussie
  • Le duo Lana/Amy
  • Un aspect old school auquel les anciens sauront s'adapter...
  • Une difficulté élevée mais bien dosée
  • Lana n'est pas une héroïne ordinaire
  • Amy : l'une des plus intrigantes et attachantes acolytes qu'un jeu vidéo ait proposé
  • Le travail sur le faciès des personnages
Les Moins
  • Des bugs nombreux mais heureusement rarement gênants
  • La fin un peu précipitée
  • ...mais qui rebutera les plus jeunes
Résultat

Une bonne ambiance, une coopération unique et émouvante, un gameplay étudié mêlant action, infiltration et réflexion, une difficulté sans concessions, AMY marque le retour du survival horror comme on les aime. Si le jeu n'est pas exempte de défauts techniques, loin s'en faut, il prouve surtout qu'un travail artisanal peut avoir une vraie ambition. Espérons que son accueil public lui permette de bénéficier d'une suite qui viendra confirmer toutes ses qualités. Et apporter des réponses aux questions laissées en suspens par le scénario.

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