Test | Astérix XXL 2 : Y a-t-il un gaulois pour sauver le druide ?
04 févr. 2006

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Astérix & Obélix XXL 2 (2005)

La parodie est un art difficile à exercer. Le jeu vidéo a plusieurs fois tenté de s'auto-parodier. On peut citer Parodius, parodie kawai de Gradius ou Pyst, parodie peu convaincante de Myst. Quelques clins d'œil ont été également fait dans des jeux comme GTA, Shenmue ou même Monkey Island. Asterix XXL 2 est selon son éditeur, "le premier jeu vidéo qui taille un costard aux jeux vidéo". Une idée de départ intéressante ; reste à savoir si elle sera bien exploitée par l'équipe d'Étranges Libellules.

Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ

Des centaines de galères romaines s'apprêtent à débarquer sur le rivage du village d'Astérix. Panoramix réunit dans l'urgence les meilleurs druides de la planète pour leur faire part d'une grande décision. Septantesix, le druide belge, Kerozen, l'explorateur viking et Garmonparnas, le magistrat grec assistent à ce conciliabule mystérieux. Panoramix dévoile vouloir doter les romains de la potion magique afin que ceci envahissent et réduisent à néant le village gaulois. Les druides sont ensuite capturés par les légionnaires et emmener dans une nouvelle cité en construction près de Rome : Las Vegum. Un espion du nom de Sam Fishaure a guetté la scène. Dans la hutte d'Abraracourcix, Sam Fishaure prétend que Panoramix a trahi les siens en voulant donner la recette de la potion magique aux romains. Astérix se méfie de cet espion romain devenu gaulois. Il accepte tout de même d'aller avec Fishaure au secours des druides dans la ville de Las Vegum. Le fil rouge de l'histoire est la recherche de Panoramix que l'on croisera à plusieurs reprises dans les niveaux à la manière de l'homme à la mallette dans le premier Half-Life.

Scarymovix

"It's me ! Marioooo !"

Les deux gaulois pénètrent dans Las Vegum et découvrent un univers rempli de références aux jeux vidéo. Astérix XXL 2 se présente comme la première auto-parodie de l'histoire du jeu vidéo. En effet, les développeurs ont utilisé de multiples éléments rappelant plus ou moins l'univers du jeu. Sam Fishaure se faufile et aide nos gaulois à infiltrer Las Vegum. Le premier ennemi rencontré dans le jeu, ressemble à un célèbre plombier moustachu avec un kärcher façon Mario Sunshine. Par la suite, vous croiserez des personnages comme Ryu de Street Fighter), Pac-Man, Sonic et même Rayman. Le Centurion de Las Vegum s'appelle Larry Craft et il désespère César avec ses shorts courts et moulants. Outre les personnages, les décors contiennent également des hommages. Les nuages en pixel de Mario World tapissent les murs du niveau de la Tour Eiffel. Frogger, les vaisseaux de Space Invaders, Pong et même Bub de Puzzle Bubble font des apparitions dans le décor. Et que dire de cette bombe toute droit sortie de Bomberman qui sert à exploser des briques Tetris ou de ce menhir au couleur d'un oeuf de Yoshi. Parfois, la référence est tirée par les cheveux comme ce panneau qui semble représenter Jak & Daxter. Etranges Libellules s'est amusé à placer des centaines de références. Vous en trouverez une sélection dans la partie screenshots.

Une blague qui tombe à l'eau

César se moque du short moulant de Larry Craft

Et si Astérix n'était qu'un mauvais gag ? Un genre de gag qui ne fait pas rire mais qui s'obstine à vouloir nous faire rire. Astérix XXL 2 ressemble à un grand fourre-tout où l'histoire du jeu vidéo a été mixé avec un univers qui n'est pas le sien à savoir la BD européenne. Le jeu d'Atari ne peut ni être perçu comme une bonne parodie, ni être perçu comme un hommage rendu aux jeux vidéo. Il est en effet, entre les deux. Astérix XXL 2 n'utilise pas les codes du jeu vidéo : il n'use que de l'apparence des personnages virtuels. Parodier le jeu vidéo est une bonne idée. Il manque malheureusement cette humour dévastateur et ce grain d'auto-parodie qui font souvent défaut à "l'industrie" du jeu vidéo. L'autre crainte est de se retrouver avec un mélange bâtard entre l'univers vidéoludique et le monde d'Astérix tel qu'on le connaît dans les albums. Et bizarrement, l'humour "Astérix" fait plus souvent mouche que l'humour parodique. Première surprise : Roger Carel et Pierre Tornade ont tous deux enregistré les dialogues de leurs personnages respectifs. Le résultat est excellent. Deuxième surprise, les développeurs ont respecté tout ce qui fait le charme de la série BD, c'est-à-dire des tonnes d'anachronismes. Certes on ne rit pas aux éclats, mais certaines situations font sourire. Et c'est là l'essentiel.

Une parodie de beat'em all ?

Obélix se sert de ce romain comme d'un fouet

Le premier XXL mettait déjà l'accent sur les nombreux combats entre nos gaulois et les romains. Le deuxième opus garde la même orientation que son prédécesseur en y ajoutant quelques nouveautés. Le gameplay des phases de combat se veut simple et accessible. Le joueur a à sa disposition, un bouton d'attaque ("carré") qu'il peut combiner avec d'autres touches pour sortir des enchaînements. "Rond" permet d'assommer quelques instants l'ennemi. Après l'avoir assourdi, il est ensuite possible de l'attraper et de le faire tournoyer en pressant "triangle". Idéfix peut également faire le ménage avec le "R1". De plus, il est possible de faire des combos en utilisant les deux gaulois : Obélix chope un romain puis l'envoie sur Astérix qui le smashe tel un volleyeur. Certains ennemis vous apportent des cadeaux comme un bouclier ou une potion magique. Cette simplicité affichée est malheureusement un inconvénient pour Astérix XXL 2. Les combats sont trop basiques pour vraiment être intéressants. Le nombre de combo est limité et ne permet pas de rendre l'action palpitante. L'absence de garde restreint les possibilités de stratégie. En fait, les combats se résument à assommer les adversaires pour mieux les attraper. L'intelligence artificielle fait également défaut : certes ils sont fous ces Romains mais leurs routines auraient gagné à être plus complexes. Les batailles contre les romains sont au centre du jeu : certains niveaux proposent même uniquement cela. Ce sont souvent les niveaux les plus fastidieux. Heureusement, les combats contre les boss sauvent les meubles.

Astérix sait aussi sauter et réfléchir

Un passage de plate-forme rappelant Mario

Les combats occupent la moitié du jeu ; le reste est partagé entre des phases de plate-forme et quelques passages de réflexion. Ces derniers sont variés. Il faudra parfois résoudre de petites énigmes avec des manettes pour ouvrir des portes. La plupart des énigmes implique la bombe de Bomberman, qui est utilisée pour casser des murs ou des portes. Ainsi il va falloir se frayer un chemin avec la bombe en actionnant des ascenseurs et des chemins alternatifs. Ces énigmes sont bien pensées mais elles ne sont pas gratifiantes pour l'esprit. En effet, le principe ne repose pas sur une logique à discerner ce qui rend finalement ces passages peu passionnants. Les phases de plate-forme sont trop rares. Elles peuvent se compter sur les doigts des deux mains et la plupart sont sans grand intérêt. La faute à un gameplay inadapté. En effet, le maniement d'Astérix (ou d'Obélix) lors des sauts est parfois hasardeux. On ne sait pas où le personnage retombe et c'est handicapant même si la présence du double saut facilite certains passages. On regrettera donc le gameplay basique des phases de plate-forme qui semblent être une mode dans tous les jeux du genre.

Un rythme inégal

Obélix se déchaîne et lance une pluie de menhirs

C'est certainement le gros défaut du jeu. Le rythme est très inégal. Certains très bons passages sont pliés en quelques minutes comme le niveau de plate-forme dans Venise. Alors que d'autres sont lourds, insipides et très longs. On reste souvent bloquer de trop longues minutes sans vraiment savoir où aller et que faire, tout cela parce que le bon interrupteur n'est pas activé dans cette pièce. On peut également regretter la longueur des combats qui cassent la progression et prolongent artificiellement la durée de vie. Astérix XXL 2 est un jeu court : une petite dizaine d'heures suffiront. En outre, l'architecture des niveaux laisse un goût d'inachevé. Astérix XXL 2 se présente sous la forme de grands niveaux sans chargement. Les niveaux sont vastes même si l'impression de liberté d'un Jak 2 est absente. Tout est en streaming. Ou plutôt en faux streaming, puisqu'il faudra passer par des "sas" à thème pour passer d'un niveau à l'autre. On fait parfois de fastidieux aller-retours qui auraient pu être évités. Enfin, il est possible de commencer le jeu à n'importe quel niveau grâce à un système de chapitrage. C'est malheureusement une trop maigre consolation.
Les Plus
  • L'univers d'Asterix
  • Certains passages marrants
  • Les quelques phases de plate-forme
  • L'ambiance graphique colorée
Les Moins
  • Le gameplay trop basique des combats
  • La caméra qui se coincent dans les décors
  • Les références mal utilisées
  • La durée de vie trop courte
Résultat

Asterix XXL 2: Mission Las Vegum déçoit. L'aspect parodique ne fait pas mouche. Les centaines de références aux jeux célèbres oscillent entre l'hommage pompeux et la parodie forcée. Certains happenings font tout de même sourire comme les Mario criant Mamma Mia ou les poses des Ryu romains. On regrettera également l'omniprésence des combats. Les quelques subtilités dans les enchaînement ne parviennent pas à relever le niveau d'un gameplay basique. Le problème de rythme et la durée de vie trop courte achèvent définitivement un jeu qui ne restera malheureusement pas dans les annales. A réserver aux amateurs du gaulois moustachu.

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