Test | Starlancer
19 mai 2000

Testé par
Starlancer

Voilà, le space opera nouveau est arrivé. Digne successeur de la grande lignée des jeux du même genre, comme Freespace et la série des Wing Commander, son réalisme et son côté porté sur l'action quasi ininterrompue devrait plaire aux amateurs du genre… Surtout vu sa qualité.

Dernier né des simulateurs de combat spatial, premier épisode d'une trilogie qui s'achèvera par le vraisemblablement monumental Freelancer (clône de Privateer à sortir l'année prochaine, voire peut-être plus tôt), Starlancer n'en est pas moins déjà intéressant. Co-développé par Erin Roberts (frère de Chris) de Digital Anvil et par Warthog Productions, nous avons là un digne successeur de la dynastie des grands simulateurs spatiaux représentée par les titres mythiques que sont Wing Commander et Freespace.

Une vieille histoire.

La salle de briefing

Un canevas bien connu pour Starlancer: la guerre froide, vous vous souvenez? A défaut de vous en souvenir, vous en avez sans doute entendu parler, et vous l'avez peut-être même étudiée, fût-ce de manière succincte. Le contexte de Starlancer est presque identique, à cela près qu'il se déroule en plein 22e siècle, à travers le système solaire que nous connaissons; le bloc de l'ouest (USA, Allemagne, France, Italie, Angleterre, Japon) et celui de l'est (Russie, Chine, Proche-Orient) se font face, dans l'espace. Oui, cette fois, contrairement à la guerre froide, le combat fait rage, et c'est officiel… Ainsi, vous incarnez un membre du 45e régiment de volontaires, et vous êtes donc pilote de chasse sur l'un des transporteurs lourds de l'alliance "impérialiste" de l'ouest, le Reliant (prononcer Ri-laille-ennt). Voilà pour la trame générale.

Anti-cocos.

Il faut néanmoins préciser que l'histoire est d'un manichéisme au bord du répugnant, exactement dans le genre de la propagande anti-communiste bien grasse qui faisait rage aux USA dans les années 50-60; bref, la "peur du rouge". Les russes de Starlancer sont donc de bons communistes dévoués à la cause de la mère patrie, faisant preuve d'une barbarie sanguinaire et d'une traitrise quasi sans limites. A l'opposé, l'alliance de l'ouest est une bande de joyeux drilles qui n'ont de cesse de dénoncer à quel point les communistes sont immensément vicieux, et qui se demandent comment ils vont leur botter les fesses à la loyale. "Loyal", par opposition à "russe" -- voilà ce que vous rencontrerez régulièrement tout au long du jeu, et peut-être vous surprendrez-vous à crier "pourriture communiste" seul devant votre écran pendant que vous en blastez un. Si si.

Rien à dire...

Gros boum d'un vortex d'hyperespace

Non, vraiment rien, graphiquement Starlancer est largement à la hauteur, avec des tonnes d'effets décoiffants largement dignes du grandiose Freespace 2. Les effets des lasers et autres types d'armes à énergie sont tout à fait réussis, de même que ceux des missiles. Les explosions diverses sont tout naturellement les plus spectaculaires, avec tout ce qu'il faut d'effets quand il s'agit de partir en petits morceaux, peu importe qu'on parle de gros ou de petits vaisseaux. Les petits explosent de manière tout à fait conventionnelle mais non moins impressionnante, laissant moult débris derrière eux dans une gerbe d'étincelles. Souvent vous exploserez un chasseur ennemi par derrière et passerez au travers des restes de son MiG du futur. Il est par ailleurs dommage que la possibilité nous en soit offerte, car de manière plus réaliste il n'est pas tout à fait indiqué de passer à 300km/seconde au travers d'une boule de débris brûlants et dégoulinants de plasma.

Vivent les grosses.

Survol du Reliant

Eh oui, un simulateur spatial comme Starlancer ne serait pas grand chose s'il n'avait pas sa dose de vaisseaux de guerre de plusieurs kilomètres de long, car vous allez en voir, et beaucoup! Ils sont énormes, puissants, vous ratatinent aisément (vous, vos coéquipiers ou vos propres vaisseaux de guerre) avec leurs tourelles ou leurs torpilles, bref on a là du vrai bon gros destroyer/croiseur/transporteur de classe supérieure. Le plus intéressant dans tout ça, c'est que vous allez être amené à en détruire en nombre respectable, du plus petit (corvette) au plus grand (base de commandement) en passant par les classiques -- transporteurs de chasseurs ou de marchandises. Youpi. Successivement il va falloir bousiller le générateur de boucliers, les moteurs (souvent facultatif mais parfois indispensable) puis laisser vos torpilleurs finir le travail. Dès lors, il est recommandé d'évacuer la zone car ces petites bêtes font un gros boum, fort impressionnant au demeurant, et explosent d'avant en arrière ou d'arrière en avant, se disloquant progressivement jusqu'au blast final. Très joli.

Les vaisseaux.

Un début de mission comme un autre

Bien sûr, la modélisation des vaisseaux eux-mêmes n'est pas en reste, et ils sont plutôt superbes. Peu carrés, très bien texturés, ils rappellent de beaucoup le style qu'on retrouvait sur les peintures des avions de 39-45. C'est d'ailleurs une allusion volontaire à la deuxième guerre, car l'escadrille dont vous faites partie, le 46e de volontaires, se verra attribuer le nom de "Flying Tigers" (tigres volants) plus tard dans le jeu, comme une des plus célèbres escadrilles d'as du vol de cette époque. On retrouve donc sur les carlingues les emblèmes de votre escadrille et quelques motifs amusants, de même qu'une panoplie d'armement mise bien en vue. Les vaisseaux amiraux sont quant à eux moins détaillés, car ils semblent presque n'utiliser qu'une seule et même texture par vaisseau. Certes, ils sont gros, certes ils sont impressionnants, mais n'atteignent pas le niveau de détail (et la variété du design) d'un Freespace. Heureusement, ça n'est pas le cas de tous les gros vaisseaux: le Yamato par exemple est fort bien détaillé, et les warp gates ennemies le sont aussi de manière tout à fait suffisante.

Backgrounds.

Un vaisseau de ravitaillement, Neptune et sa lune Triton en background

Finalement, l'espace intersidéral où vous évoluez est fort beau, quoiqu'un peu dépouillé parfois. On aurait aimé un peu plus de nébuleuses et de galaxies, mais ça aurait sacrifié au réalisme. Ca n'est pas bien important mais ça mérite d'être précisé: en effet le jeu se déroule intégralement en plein système Sol (le nôtre), ce qui n'empêche pas d'avoir dans certaines missions (mais pas toutes) une vue imprenable sur la galaxie M31 d'Andromède qui n'est en fait qu'un point dans le ciel, où qu'on aille, car elle se situe à environ 2 millions d'années-lumière (ce qui fait un paquet de kilomètres). On verra aussi plusieurs nébuleuses célèbres (Orion ou le crabe). Bref, l'élément réalisme est en l'occurrence oublié, mais c'est joli alors peu importe. Cela étant, certaines missions offrent un joli aperçu de la planète Saturne et de son satellite Titan, qui prennent à peu près 75% de place sur votre écran. Impressionnant. Naturellement, notre soleil n'a pas été oublié dans l'histoire et a sa place dans toutes les missions, avec les effets de lens flare qui s'imposent tout naturellement. C'était la minute vaguement culturelle.

Boum.

Un transport de l'alliance occidentale

Bien sûr, le jeu est largement alimenté en effets sonores tous azimuts, qu'il s'agisse des voix, des boums, des plus grosses explosions, etc. Il n'y a pas énormément à en dire, vu qu'ils sont tout ce qu'il y a de plus banals. Bien sûr, les voix du jeu (en français, et assez épouvantables) sont intégralement digitalisées, pour bien se mettre dans l'ambiance, une ambiance encore renforcée par l'action ininterrompue des combats. Cependant, les voix de vos coéquipiers, quand elles ne proviennent pas des nombreux événements scriptés du jeu, ont une fâcheuse tendance à la redondance, ce qui à la longue peut devenir un peu lourd. Pareil pour les insultes que vous pouvez envoyer à vos ennemis, il y en a tout au plus trois ou quatre, ce qui est fort dommage. Vous me direz, qui perd son temps à envoyer des vannes à ses ennemis? Et je dis: après tout les russes y passent bien du temps, alors pourquoi pas moi?

Tralala.

Retour de mission

Ca fait plaisir, en prime, alors un peu plus de phrases moqueuses à disposition n'aurait pas fait de mal. Le reste des voix digitalisées est de bonne facture, et, toutes les communications entre vous, vos coéquipiers et vos supérieurs étant digitalisées, le jeu bénéficie d'une ambiance sonore relativement vivante. Quant aux musiques, elles ont les fâcheux défauts d'être, un peu comme vos répliques, vaguement pompantes. Elles ne collent pas vraiment à l'ambiance (contrairement par exemple à celles de Freespace 2 ou, moins récemment, de Mechwarrior 2 qui est un excellent exemple de parfaite exploitation de la musique avec les événements environnants), en outre elles ne sont pas très intéressantes et pas assez nombreuses.

Diversification.

Un début de mission (date en cours d'impression en bas à gauche)

Quant à ce qui fait, après tout, le centre d'intérêt par excellence de toute simulation spatiale qui se respecte -- les missions -- elles sont tout à fait réussies. De la première à la dernière, elles vous tiendront en haleine, malgré une certaine impression de déjà-vu. Dans leur ensemble, elles sont pleines d'impondérables ennuyeux, et vous donneront beaucoup de fil à retordre. On retrouve bien sûr les missions de patrouille, d'escorte, de défense ou d'assaut pur et simple "on fonce dans le lard et on atomise tout", mais aussi des missions nettement plus subtiles, telles la libération d'une prison spatiale, le vol de containers de carburant puis la destruction de l'entrepôt, ou encore l'infiltration de la flotte russe avec des torpilleurs volés, afin d'en détruire le vaisseau amiral. Après quoi vous devrez vous replier vers votre vaisseau amiral et repartir en vadrouille pour le protéger de torpilleurs ennemis. Ce qui m'amène à un aspect énervant de certaines missions qui se déroulent en deux parties: vous complétez la 1re partie, vous revenez à votre vaisseau et vous redécollez pour la 2e partie, au cours de laquelle vous vous faites blaster. Pas moyen de sauvegarder après la 1re partie, vous êtes condamné à la refaire intégralement, avec tout ce que ça suppose… Enervant donc, surtout vu le niveau de difficulté général; heureusement peu de missions sont concernées.

Un défaut cependant

Sortie d'hyperespace

, relatif à la dernière mission, pratiquement impossible à terminer du fait que l'ordinateur "triche". Vous êtes, en gros, sans trop en dévoiler, confronté à une énorme base équipée d'un gros canon à ions, et vous devrez détruire la plupart des tourelles laser de la base en question. Le problème, c'est que le canon à ions est opérationnel et peut vous viser en quelques secondes, pour peu que vous soyez dans son champ de vision. Vous avez beau éviter de vous retrouver à portée de celui-ci, vous vous y retrouverez quasi nécessairement par moments, et il faudra alors aller vous cacher derrière un obstacle pour ne pas être atomisé, ce qui n'est déjà pas facile. Le pire, c'est que parfois le canon peut vous viser à travers un mur, et tirer au travers du même mur… Notre version étant cependant une "beta finale" (selon les mots de l'attachée de presse Microsoft), il est fort probable (et même souhaitable) que ce problème conséquent ne se retrouve pas dans la version finale.

Versatilité?

Un combat comme un autre

Après inspection, on s'aperçoit qu'il y a un sous-répertoire "ADD_ONS" dans le dossier du jeu lui-même, pour l'instant inexploité; cela signifierait-il qu'on peut s'attendre à des addons gratuits, que ce soit missions, vaisseaux ou autres? A ce qu'ont dit ces messieurs de Digital Anvil, il semblerait que non – du moins dans l'immédiat – car pour mettre à profit un éditeur de missions, il faudrait reprogrammer une partie du jeu. La possibilité n'est donc pas à exclure, car un patch pourrait bien pallier à tout ceci. Wait & see, donc.

Multijoueur.

La suite du même combat

En outre, le multijoueur n'est pas (trop) en reste dans Starlancer, avec un mode coopératif (youpi!) et un mode deathmatch. Le mode coopératif, en toute logique, est exactement comme le mode solo, sauf que vous ne jouez plus seul mais accompagné (jusqu'à 4 joueurs simultanés), ce qui peut être très sympa et plus efficace que vos coéquipiers IA, hélas pas toujours très utiles dans le cadre des missions qui vous sont données en solo. Un mode deathmatch est aussi présent, mais n'offre rien de bien excitant. 4 vaisseaux se tapent dessus, et basta. A noter qu'il n'y a aucun scénario ou mission supplémentaire et que par conséquent seules les missions du mode solo sont disponibles.
Les Plus
  • Les graphismes
  • La diversité des missions
  • Les voix (pas top en VF, par contre)
  • Enfin un simu spatial pas trop facile!
Les Moins
  • L'histoire, pitoyable
  • La musique pas toujours top
  • Pas très versatile
  • Le mode multi un peu trop banal
Résultat

, Starlancer n'est peut-être pas la grosse baffe qu'on attendait/espérait, si ce n'est peut-être pour ses aspects graphiques, indéniablement superbes, mais n'apportant cependant rien de bien excitant par rapport à Freespace 2 (impossible de ne pas comparer Starlancer avec le jeu-culte de Volition). En gros, Starlancer est probablement le meilleur simulateur spatial orienté action auquel vous pourrez jouer actuellement, son concurrent Tachyon étant assez différent, ne courant donc pas dans la même arène. Avec Starlancer, vous aurez donc 24 missions de pur bonheur en blastant moult russes et traîtres, missions pour la plupart très intéressantes et surprenantes. Digital Anvil nous préparent deux autres jeux dans le même univers: tout d'abord, Conquest: Frontier Wars, un jeu de stratégie temps réel qui s'annonce superbe et Freelancer, probablement un des jeux les plus attendus actuellement, qui sera un clone de Privateer graphiquement hallucinant. Si seulement leurs scénarios pouvaient être potables par opposition à celui de Starlancer, on aurait deux gros, gros hits en puissance, sachant qu'ils s'annoncent déjà excellents.

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