Test | Demon Stone qui roule n'amasse pas mousse
30 mars 2005

Testé par UnexpectedGuest sur
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Forgotten Realms : Demon Stone

Un peu marre des Terres du Milieu ? Envie de fracasser de l'orc, mais du vrai, celui estampillé Made in Royaumes Oubliés sur la fesse droite ? Vous avez alors sûrement noté sur votre liste d'achats Forgotten Realms : Demon Stone, pour hacker et slasher au pays de Dongeons et Dragons. Seulement voilà, un doute persiste. Est-ce une bonne idée ? La licence prestigieuse est elle garante de fun et de qualité ? Ne bougez plus, la réponse est ici.

Il était une fois ...

... dans les Royaumes Oubliés, un gros, mais alors un gros bordel. Les monstres qui peuplent cet univers des Magiciens de la Côte (ça fait nul en français hein ?) ont manifestement abusé sur l'hydromel et tout n'est que feu et sang. Comme souvent dans ces cas là, de la cohue vont émerger trois personnages qui vont s'atteler à remettre un peu d'ordre dans tout ça. Pour faire bonne figure et ne faire aucun favoritisme, les élus seront les très classiques Guerrier bourrin, Voleur vicieux et Sorcier t'en-veux-du-feu-en-v'la. C'est dans ce monde en proie à la terreur que Stormfront Studios vous propulse aux commandes de vos trois héros dans un Demon Stone très Hack&Slash, malgrès ses parures de Dungeons&Dragons. Ici on ne vous donne pas le choix entre ces trois personnages, vous devrez guider ce trio jusqu'au bout de cette sanglante aventure. Voyons donc un peu de plus près à quoi ressemblent nos trois sbires.

Isilmou, le guerrier

En ce temps là, on savait faire du gel extra-fort.

À tout seigneur tout honneur, commençons les présentations par Rannek, le guerrier. Héritier de la légendaire finesse de ses semblables, il n'a pas son pareil pour faire tournoyer la lame de son épée aux beau milieu des méchants. Car il est comme ça Rannek, il aime le contact. Comme il se débrouille plutôt pas mal dans ce domaine, et qu'en plus sous son air gentil c'est une vraie teigne, on ne lui en tiendra pas rigueur. Assez classiquement, Rannek est à l'aise dans la mêlée, servi par sa grande résistance et les gros trous que provoque son épée de feu. Ouais, pas très original, suivant.

Gonflée la voleuse

Regardez moi bien dans les yeux !

Suivante plutôt, en la personne de Zhai, la Voleuse à la coiffure de lombrics blancs et à forte poitrine, chacun retiendra la caractéristique qui lui plaira. Elle est beaucoup plus spécialisée car au delà de ses dagues, elle possède des capacités indispensables à la réussite de certains passages. Ainsi, une fois placée sur certaines zones de la carte, elle devient invisible pour quelques instants et peut ainsi se livrer à son attaque sournoise favorite : l'égorgement par derrière. La belle blanche (non, elle n'est pas blonde, désolé) est aussi capable de sauter (oui, sauter est visiblement une capacité rare dans les Royaumes Oubliés), ce qui lui permettra de jouer au Prince de Perse dans certains tableaux pour aller abaisser le levier qui commande la grosse porte. Non, elle ne court pas sur les murs, copyright oblige sans doute.

Plus bâton que carotte

Le seul sorcier rasta de tous les royaumes oubliés.

Illius, c'est l'homme en robe du groupe, le sorcier au bâton de snipe. Oui, il est en avance de plusieurs siècles l'homme à la coiffure mix rasta/predator, il snipe les ennemis à distance avec son bâton. Faut dire que tout ce qu'il a dans la tête, il ne l'a pas ailleurs le bougre. Tout engoncé qu'il est dans sa robe, il est tellement vulnérable qu'on passe son temps à le protéger, pendant que monsieur fait des sons et lumières avec son bout de bois. Le précuseur du boulet moderne, somme toute. Le problème, c'est que lui aussi est indispensable à la réussite certains niveaux, ses lumières bleues étant les seules à pouvoir s'attaquer à tout ce qui relève de la magie.

La fine équipe

Jack, William, Averell ... Il en manque un !

C'est donc nanti de nos trois personnages que nous allons devoir occire de l'orc dans les chateaux, les mines et les forêts profondes où hurle le Yuan-tis en rut. La plupart du temps, on peut choisir le personnage qu'on dirige, l'ordinateur se chargeant d'animer les deux autres. Et là on tombe sur le premier éccueil, autant l'IA des ennemis n'est pas fine mais c'est le genre de jeu qui veut ça, autant l'IA de nos compagnons est déplorable. Il est très fréquent de les voir regarder le décor alors qu'on est entouré de vilains puants qui cherchent à nous laminer ... Face à ce très agaçant constat, et comme la mort d'un des trois compères entraine la défaite du groupe, la seule technique pour s'en sortir est de switcher régulièrement entre nos joueurs pour répartir plus ou moins également les dommages. Dommage, oui, c'est le mot juste. Supra lourd, même.

Y a-til un paddle dans la salle ?

Une qui bosse, deux qui glandent. Comme dans la vraie vie.

D'accord, les personnages qu'on ne jouent pas se tournent les pouces. Mais au moins est-ce que celui à qui on insuffle la vie se débrouille comme un chef ? Argh, deuxième gros écueil de Demon Stone, la maniabilité. Enfin là, on pourrait plutôt parler d'absence de maniabilité, tout du moins sur PC. Avant tout décliné sur les deux consoles phares, le portage de Demon Stone sur PC a visiblement été réalisé à modifications minimales, et le gameplay testé par des manchots des deux bras. Personnage impossible à diriger, mapping des touches ultra foireux, nécessité de posséder plus de 23 doigts par main pour avoir la chance d'exécuter tous les combos possibles, Demon Stone sur PC c'est la frustration à un niveau quasiment rédhibitoire. Si bien que dans les combats, on arrive vite au triste constat qu'il est plus efficace d'enchaîner les clicks de souris comme un fou en surveillant sa jauge de vie que d'essayer de diriger son personnage, tellement l'exercice tend vers l'aléatoire. Alors Demon Stone sur Xbox et PlayStation 2, peut être. Sur PC, c'en est risible d'horreur. Demon Stone, allergique au couple clavier/souris, n'aime que le paddle.

Pour sauver les meubles

Le fameux back flip à la Nadia Comaneci.

Maintenant que les dés sont jetés et qu'il n'y a plus aucun suspens, voyons rapidement ce qui aurait pu faire de Demon Stone un bon jeu. Les personnages sont bien modélisés, les combos nombreux et bénéficient d'animations correctes, les niveaux variés. Les graphismes sont consolesques, on voit bien qu'à part l'accès aux hautes résolutions, la puissance de nos chères cartes graphiques est inexploitée, ce qui nous vaut un frame rate au top. Bien que très linéaire, scripté et facile, Demon Stone aurait pu être un jeu sympa mais sans plus sur PC. Aurait pu. On ne parlera même pas de la faible durée de vie des dix chapitres, des bugs qui font disparaître nos personnages, de la frustration classique du joueur PC face au système des points de sauvegarde des jeux console, de la caméra qui oublie de suivre notre personnage, le protection contre la copie qui empêche de lancer le jeu. Zut, on en a parlé.
Les Plus
  • Le modèle 3D de Zhai, et plus sérieusement ses capacités en faisant le seul perso fun à jouer.
  • Les cut-scenes, sympas.
  • Les mouvements des personnages, fluides comme le jeu lui même d'ailleurs.
Les Moins
  • La maniabilité catastrophique, un modèle du genre.
  • Les cut-scenes, qu'on ne peut pas interrompre.
  • L'IA de groupe, dotée d'un QI d'amibe anémiée.
  • Les accessoires, franchement quelquonques.
  • Les dizaines de combos qu'on ne peut essayer, merci le mapping clavier extraterrestre.
  • Les couleurs très ternes de l'ensemble.
Résultat

En jouant à Demon Stone sur son PC, on a clairement l'impression qu'Atari rentabilise son titre multi-plateforme en nous servant une version Windows toute juste portée, et pas adaptée pour deux sous. Autant l'incapacité de l'IA à gérer nos compagnons correctement est sûrement une caractéristique malheureusement partagée par les trois versions, autant la maniabilité hallucinatoire de la version PC en est sûrement la triste exclusivité. Donc si vous aimez le Hack&Slash dans un univers Heroic Fantasy, laissez votre PC éteint. Allumez votre console, sortez les Dark Alliance, Les deux tours et autre Retour du Roi, et troquez frustration contre plaisir.

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