Test | The Moment of Silence n'est pas d'or
02 mars 2005

Testé par fâcheux sur
The Moment of Silence

Nous avons tous ou presque en mémoire les fabuleuses scènes de Blade Runner, le film de Ridley Scott adapté du roman de Philip K. Dick, l'un des maîtres de la science-fiction dépressive. On retrouve en effet dans The Moment of Silence (le jeu d'aventure) un New-York noyé de pluie, éclairé des lumières surréelles des néons urbains parcouru de bagnoles dignes du Cinquième Elément.

Le fantôme de Philip K. Dick

Nous avons tous ou presque en mémoire les fabuleuses scènes de Blade Runner, le film de Ridley Scott adapté du roman de Philip K. Dick, l'un des maîtres de la science-fiction dépressive. On retrouve en effet dans The Moment of Silence un New-York noyé de pluie, éclairé des lumières surréelles des néons urbains parcouru de bagnoles dignes du 5ème Elément.

Ce jeu d'aventure distribué par Focus Interactive nous glisse, tout au moins dans les premières minutes du jeu, dans cette atmosphère envoutante. Précisons que Focus n'en est pas à son coup d'essai et que les gars (et les filles) de la boîte prennent de la bouteille. L'équipe teutonne a en effet eu l'occasion de bosser avec les développeurs de Runaway mais aussi The Westerner, des jeux d'aventures qui, s'ils sont loin d'être des réussites totales, montrent néanmoins une volonté d'écclectisme salutaire.

Peter Wright s'ennuie... à mourir

Peter, originairement, donne dans la communication

On est très vite plongé dans l'atmosphère et l'action du soft grâce à une cinématique de bonne facture. On incarnera, pour l'occasion, Peter Wright, héros malgré lui. Précisons : la vidéo montre notre innocent personnage assister, au travers de l'oeil-de-boeuf de son appart new-yorkais, à une descente de police assez peu usuelle : C'est carrément une escouade commando qui débarque par l'ascenseur, surgit dans le couloir, fracasse la porte des voisins et embarque ce que l 'on suppose être un honnête citoyen, père de famille.

C'en est trop, le voilà, rongé par la curiosité, parti prendre des nouvelles de la charmante voisine éplorée et du gosse qui va avec. On devine que l'affaire ne s'arrête pas là. Notre héros malgré-lui, lui même abasourdi par le deuil récent de sa femme et de son fils n'en demande pas plus pour penser à autre chose. Et pour sûr, les ennuis vont commencer.

Autumn in New-York

Bon, on ne voit pas tout à fait l'automne, mais c'est NYC

Alors, est-il vraiment utile de vous rappeler comment on évolue dans un jeu d'aventure à la point'n'click ? Bon, pour les deux du fonds (les petits branleurs que j'ai à l'oeil), on se déplace à la souris, en dirigeant notre personnage sur des scènes immobiles. Rien d'extra-ordinaire, il suffit d'avoir des yeux et une main capable d'agiter un bout de souris. Sinon, visuellement, ce n'est pas une claque graphique absolue, on a déjà vu mieux ailleurs (et on repense à l'illustre Blade Runner, le jeu d'aventure PC). Mais après tout, nous ne sommes pas en promenade. C'est qu'il nous faut enquêter. A cette fin, on est équipé d'un messager électronique, et d'un inventaire réduit à sa plus simple expression. On rencontre toute une série de personnages au cours de l'aventure (j'ai pas trop compté, mais le jeu est suffisamment bavard pour ne pas avoir envie de rencontrer plus de monde).

The Moment of Silence, c'est aussi de la philosophie

Quand je vous dis que Peter se sent un peu seul, vous me croyez maintenant ?

Le scénario n'est pas des plus innovants, mais il reste intéressant. Louons la tentative plus ou moins réussie d'intéresser le joueur à des problèmes ou des questionnements contemporains, même si la ficelle est parfois énorme. Notre Peter Wright a perdu sa famille dans ce que l'on suppose être un accident d'avion ou plus exactement dans un attentat dû à d'obscurs terroristes. Ce dernier bosse dans une corporation, une entreprise de communication et ses interrogations sont aussi un peu les notres. C'est plaisant de trouver un jeu où l'on ne prend pas forcément le joueur pour un décérébré. Par exemple, on s'interroge sur la liberté de communication, sur la manipulation, sur les grands médias et la cryptologie. Nombreuses sont les percées du soft vers un horizon plus large que la pure trame policière. Alors évidemment, en retour, on a l'avis des personnages sur tout ceci et parfois, c'est plutôt tendance “Café du commerce”.

La voix de Bruce Willis

Alors tu vois, moi j'bosse dans une entreprise open-space, tu vois

Peter Wright manque cependant d'un peu de charisme, sa naïveté est parfois confondante mais on s'intéresse à l'histoire et après tout, c'est bien là l'essentiel. Bon, il manque de charisme sauf sur un point qui ravira les fans d'Outcast : la voix française est celle du doubleur de Bruce Willis. Très agréable ce clin d'oeil à l'acteur qui a sauvé du désastre, dans ses films, bien des innocents (certaines mauvaises langues diront qu'il s'agit d'une référence purement commerciale, ce que l'on se refuse à croire, non mais).

Manque un truc tout de même

Un quartier de NYC détruit par des sauvageons

Le jeu manque par contre de rythme, d'autant plus que le mode de déplacement du personnage n'invite pas à la patience. Je suis certain qu'après trois remontées dans l'appartement de Peter, via un ascenceur se déplacant en “temps réel”, vous aurez envie de jeter le perso par la fenêtre, en corde de rappel. De même, mais il ne s'agit pas ici d'une critique rédibhitoire (rien de cochon, prenez donc votre dico les enfants), on se lasse très vite de se retaper les déplacements entre les différentes zones, sans pouvoir bénéficier un mode téléportation instantanée. Tout ceci n'empêche rien, mais il faut avoir du temps à perdre, d'autant que les temps de chargements sont relativements longs (sans excès). Sinon, pas de bugs notables. Pas d'énigmes infaisables non plus, et de ce point de vue, vous ne tournerez pas en rond très longtemps, le jeu est facile d'accès. Il faut accepter de bavarder beaucoup, de s'intéresser aux anecdotes plus ou moins intéressantes des protagonistes avec un principe bien connu : celui de questions orientées et donc, des retours un peu pénibles vers les personnages auxquels on a oublié de poser la bonne question. Le jeu c'est principalement ça.

Les Plus
  • C'est bien mimi tout ça, ça sent bon le travail bien fait
  • Si on aime les complots, les petites hommes vert, on est gâté
Les Moins
  • Le temps réel, dans un jeu d'aventure, c'est...long
  • Les dialogues ne sont pas toujours bien passionnants
Résultat

Alors, un jeu sympa, plein de petites idées marrantes (les heures en temps réel à l'aéroport par exemple), avec un charme certain et un boulot honnête sur les environnements. Malgré tout, et encore une fois, cette aventure n'est pas bien palpitante. Peut-être le soft manque-t-il d'un peu de nervosité, et on a trop souvent l'impression de se traîner d'un témoin à l'autre sans avoir vraiment toujours envie d'aller jusqu'à la révélation finale, mais les fans de théories conspirationnistes devraient y trouver leur compte.


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