Test | Project CARS
30 juin 2015

Un projet qui tient la route

Testé par sur
Aussi disponible sur
Project CARS

Project CARS était attendu comme le Messie du jeu de course sur consoles. En effet, avec la suprématie de Gran Turismo et Forza, le genre peine à évoluer et, à force de compromis, certains adeptes des courses automobiles n'hésitent à se tourner vers le PC. Project CARS change t-il la donne ?

Le principe

Financé à hauteur de 4 millions d'euros sur un site de financement participatif, Project CARS s'est rapidement approprié le slogan "Par les pilotes, pour les pilotes". Tout l'enjeu du titre était donc d'atteindre ses ambitions et de se placer en tant que vraie simulation sur consoles. N'y allons pas par quatre virages : le contrat est partiellement rempli. En effet, Project CARS cède lui aussi à la mode des compromis. À peine le jeu lancé qu'un menu vous propose de choisir parmi différents styles de jeu. Si cela n'est pas gênant en soi, ce parti pris reste révélateur d'une orientation avant tout commerciale. Et à force de vouloir plaire à tout le monde, on finit par ressembler aux autres. Ainsi, difficile de ne pas comparer le jeu à Forza Motorsport qui, avec les épisodes 360, a été le premier à s'ériger en jeu de course pour tous. Mais voilà, entre "jeu de course pour tous" et "par les pilotes pour les pilotes", il y a un monde.

Et Project CARS peine à pleinement se démarquer de ses concurrents. Si dans le style de conduite par défaut (Amateur), le jeu reste plus pointu que ses équivalents dans Forza Motorsport ou Gran Turismo, la différence n'est pas si significative lorsque vous comparez les titres avec aucune aide activée. Mais Project CARS a un atout certain par rapport à la concurrence : sa gestion de la météo et de la nuit. Ainsi, l'emballage joue une place prépondérante dans l'expérience puisque, à l'instar de Forza 5, le jeu se sert habilement de l'éclairage pour créer de l'immersion, sans oublier le reste. Être ébloui par le soleil, rouler dans une brume opaque où à travers une pluie battante... autant de conditions qui influent sur votre véhicule, mais aussi sur votre façon d'entrevoir la course. Car le jeu est parfois rentre-dedans, comme dans sa gestion des chronos (dans sa configuration par défaut), avec des tours invalidés et des pénalités à chaque sortie de piste, y compris quand ces dernières n'ont rien de sournoises et vous handicapent plus qu'autre chose.
"ByRacer4Racer"

La carrière

Les conditions climatiques sont l'un des atouts du jeu. Ici la pluie, handicapante et magnifique.

Une frustration renforcée dans un mode Carrière qui pâtit d'une intelligence artificielle consternante. Ainsi, les concurrents sont bêtement agressifs, mordant l'herbe sans vergogne ou, pire encore, vous fonçant dedans quand vous patinez comme un(e) idiot(e) au milieu de la route. Retenons deux exemples significatifs : premièrement, la majorité des départs, tous plus surréalistes les uns que les autres. En effet, Project CARS est probablement le seul jeu avec des embouteillages en début de course, les CPU n'hésitant pas à freiner brusquement ou à démarrer incroyablement lentement. Autant être clair, le gros des places peut se gagner ici, et doit se gagner ici. Car il vaut mieux faire la course en tête quand on voit l'agressivité omniprésente. D'autres moments cocasses sont aussi au rendez-vous, comme les nombreuses sorties de routes des concurrents ou, moment amusant, une brochette de voitures coincées en pleine chicane et pendant plus d'un tour (voilà un succès gagné aisément !).

En dehors de ces soucis inhérents à l'expérience solo, le mode Carrière se révèle assez classique. Toutefois, les soucis d'intelligence artificielle mettent en avant la nécessité de passer par des qualifications. Ainsi, terminer dans les six premiers à la séance de qualification mettra toutes les chances de votre côté pour la course finale. À noter que, contrairement à d'autres jeux du genre, Project CARS vous impose les véhicules que vous conduisez, ce à travers des contrats et invitations plus ou moins bidons. D'ailleurs, le ton général du mode Carrière a de quoi faire sourire, comme lorsque chaque représentant d'écurie vous gronde avec cynisme lorsque vous arrivez en deuxième position (sur une course qui compte vingt voire trente concurrents). "Je m'attendais à mieux", disent-ils. Pourtant, le fait d'avoir des voitures imposées a un gros avantage (en plus de dissimuler le relativement faible nombre de bolides, une centaine) : vous permettre de varier les plaisirs, tout en créant du challenge puisque vous êtes plus ou moins loti à la même enseigne que vos adversaires. Adieu les courses comprenant des voitures de caractéristiques trop disparates.
Du bon et du moins bon

Le multi

Les départs, l'une des mauvaises blagues de Project CARS.

Pour pallier aux défaillances de l'ordinateur dans les jeux de course, il convient en général de se tourner vers le multijoueur. Pour le cas de Project CARS, vous retrouvez un mode en ligne classique, avec la possibilité de participer à des défis ou de concourir dans des courses. Évidemment, il convient alors de tomber sur les bons adversaires ou de créer vous-même vos sessions afin d'activer les pénalités. Entre une intelligence artificielle aux fraises et des joueurs vous fonçant dessus par rancune, autant dire que c'est comme choisir entre la peste et le choléra. La présence d'un mode 24h devrait pour sa part ravir les plus acharnés.
Classique mais plutôt efficace

Pour qui ?

Les qualifications ont également leur importance en multijoueur.

Votre propension à apprécier Project CARS dépendra avant tout du support que vous possédez. Si vous disposez d'un PC et êtes à la recherche du jeu de course le plus pointu qui soi, vous pouvez probablement passer votre chemin et vous tourner vers la concurrence. Sur PlayStation 4, le titre fait au contraire office de référence, la faute à un Gran Turismo 7 toujours aussi fantomatique. Le choix le plus cornélien sera pour les possesseurs de Xbox One : Forza Motorsport 5 tient encore la dragée haute au titre de Slightly Mad Studios, ce grâce à une technique plus impressionnante ou certains partis pris intéressants. De même, le titre garde une longueur d'avance sur le plan communautaire. Même si Forza Motorsport 6 déboule en septembre, Project CARS reste néanmoins une valeur sûre pour les aficionados qui désireraient patienter d'ici là.
Tout dépend

L'anecdote

Le bonhomme de Cetelem s'est caché dans cette image. Saurez-vous le retrouver ?

Project CARS propose un nombre de caméras conséquent, allant même jusqu'à proposer un point de vue entre les sièges avant ou à travers le casque du pilote. L'occasion pour vous d'admirer les graphismes sous toutes les coutures. Si la modélisation des véhicules est exemplaire, les environnements manquent parfois de détails. Côté framerate, le jeu tourne majoritairement en 60 images/secondes, mais quelques ralentissements restent visibles ici et là, heureusement très rarement. Rien de méchant, et pas de quoi bouder son plaisir lorsque vous foncez sous la pluie à pleine vitesse.
De belles vues sur les courbes
Les Plus
  • Les conditions climatiques et la luminosité (rayons de soleil, nuit, etc.)
  • Des bases solides de gameplay
  • L'importance des sessions de qualification
  • La modélisation des véhicules
  • Un framerate plutôt stable (depuis la mise à jour de juin)
  • Un multi classique mais réussi
  • Les nombreuses caméras, chacun y trouvera son compte
  • Un mode Carrière convenu mais à la progression efficace
Les Moins
  • L'IA, absolument consternante
  • Les départs qui en découlent
  • La gestion des pénalités (tout ou rien)
  • Certain reprocheront le manque de voitures (une centaine), mais pas nous
  • Trop de compromis ! Pourquoi ne pas forcer les joueurs à jouer à une vraie simulation ?
  • Une interface pas toujours claire
Résultat

Il y a deux façons de voir Project CARS. D'un côté, il y a une promesse partiellement tenue : celle de mettre tout le monde d'accord sur le plan du réalisme. Difficile d'affirmer que le pari soit réussi sur ce plan. Toutefois, il faudrait être fou pour ne pas reconnaître l'évidence. En effet, qui aurait cru, il y a encore quelques années, qu'un nouveau venu pourrait se frotter à Gran Turismo ou à Forza sans avoir à rougir ? C'est bien ici que se place le tour de force de Project CARS : réussir à rattraper plusieurs années de retard pour se placer en challenger viable. Autant être franc, la course se joue désormais à trois sur consoles.

Partagez ce test
Tribune libre