Test | Toren
08 juin 2015

Quand le Brésil montre sa lune

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Toren

Premier jeu du studio indépendant brésilien Swordtales, Toren a déjà fait parler de lui avant même sa sortie. Distingué par plusieurs prix pour sa direction artistique, il a aussi été soutenu par le Ministère de la Culture du Brésil. C'est donc avec beaucoup d'envie que le jeu était attendu. Peut-être trop...

L'histoire

Dans un monde où le temps n'existe plus depuis que les hommes se sont rebellés contre leur destin, vous dirigez Moonchild, la fille de la Lune, qui, selon la légende, est le dernier espoir de l'humanité. En effet, en construisant une tour, appelée Toren, afin de s'élever dans les cieux et côtoyer la lune, les hommes ont rendu le Soleil furieux et celui-ci maudit leur arrogance en refusant de se coucher à jamais. Le destin de Moonchild est tout tracé : enfermée dans Toren, elle doit se rendre au sommet de la tour afin de battre le Dragon aux pouvoirs pétrifiants et libérer à nouveau la lumière de la Lune. Bien que largement inspiré par des mythes et contes qui, pris individuellement, sont assez familiers, Toren arrive tout de même à proposer une histoire plutôt originale une fois le tout mis ensemble.

C'est dans une mare de sang que votre ascension débute alors que Moonchild n'est encore qu'un bambin et peine à se mouvoir correctement. Vous le savez, votre périple sera solitaire et votre seul allié n'est autre que le Magicien de la Tour, un des bâtisseurs de Toren, mort depuis bien longtemps qui communique avec vous à travers vos rêves et vos visions.
J'ai demandé à la Lune

Le principe

Dame Nature est encore passée par là

Durant de votre aventure (comptez deux à trois heures pour en voir le bout), vous verrez Moonchlid passer de l'enfance à l'adolescence mais aussi à l'âge adulte. Cette croissance est réellement bien rendue et renforcée par cet arbre, planté précédemment, qui croît au même rythme que le vôtre et qui semble être votre seule échappatoire. Quelques ennemis viennent tenter de vous freiner dans votre ascension mais ceux-ci sont bien trop peu dangereux. Pour ne rien arranger, les zones de collisions sont tellement mal définies que cela vous donne l'impression de taper sans cesse dans le vide. Le mieux est encore de les éviter. Cela vient peut-être d'un choix des développeurs mais alors pourquoi tenter de cacher des objets augmentant vos compétences au combat afin d'encourager l'exploration ? Difficile de s'imaginer fouiller le (petit) monde de Toren pour au final se retrouver avec une récompense inutile.

C'est donc armé de votre épée, qui ne vous servira au final qu'à vous protéger du vent en la plantant dans le sol durant certaines phases de jeu, que vous arrivez au sommet de la Tour. En chemin, vous aurez terminé quelques "énigmes" qui se résument à pousser un bloc de pierre ou à verser du sable en suivant une forme dessinée au sol (tout un programme !) et réalisé quelques phases de plate-formes aussi utiles que le cendrier d'une motocyclette tant la physique du jeu est à la rue. Moonchild est parfois bloquée par un obstacle lui arrivant à peine à la cheville alors qu'elle est parfois capable de traverser un précipice en flottant dans les airs durant quelques secondes. Vos efforts n'auront pourtant pas été vains ! Le combat final contre le Dragon est réellement plaisant et la fin du jeu propose une belle surprise jusque dans le générique. Dommage qu'il ait fallu attendre aussi longtemps.
Pisser dans un violon

L'emballage

Vous pouvez interagir avec l'environnement. Enfin, pas trop. Mais vous pouvez caresser un cerf !

La symbolique est donc au cœur du jeu et Toren vous livre petit à petit ses secrets à travers une narration bien trop subtile ! En effet, bien que, aux dires de ses développeurs, largement inspiré du travail de Fumito Ueda sur ICO, Toren vous perd en cours de route. Et certaines phases de jeu optionnelles, sensées vous révéler des informations sur l'univers, sont trop peu visibles et risque d'être laissées de côté durant votre périple. Heureusement, la direction artistique rattrape le tout et donne réellement vie au monde. Dommage que la technique ne suive pas et que de nombreux bugs de collisions viennent gâcher la fête.
N'est pas Ueda qui veut

Pour qui ?

Selfie avec le Dragon

Les férus d'aventure et d'exploration resteront sur leur faim. Le manque de challenge y est certainement pour beaucoup. Cependant, si les contes et autres histoires mystiques bourrées de symboliques vous font vibrer, Toren peut vous faire passer un bon moment. Les plus jeunes trouveront aussi du plaisir à parcourir l'univers du jeu même si ils risquent de passer totalement à côté de l'histoire.
Indy sans chapeau ni fouet

L'anecdote

Verser du sable en suivant des formes géométriques n'est pas ce qu'il y a de plus passionnant.

Lorsque l'on teste un jeu sur PC, notre Rédacteur en Chef nous oblige à prendre les captures d'écran nous-mêmes. Ce n'est pas très contraignant en soi, même si une troisième main est parfois nécessaire pour réaliser la capture d'écran au clavier alors que l'on joue à la manette. C'est par contre une toute autre histoire lorsqu'un des (nombreux) bugs de Toren fige les bras de l'héroïne dans une étrange position pendant une bonne dizaine de minutes et rendant par la même occasion toute une série de captures d'écran assez surnaturels. Du coup, j'ai dû me retaper tout un passage plus frustrant qu'il ne devrait l'être afin de vous fournir les meilleures images possibles. Eh oui, tester des jeux vidéo, c'est aussi donner de sa personne.
Un BUG sauvage apparaît !
Les Plus
  • L'univers et l'ambiance uniques
  • Le côté mystérieux dégagé par l'ensemble du jeu
  • Le combat final
  • La croissance de Moonchild
Les Moins
  • Les nombreux bugs de collision
  • La narration trop subtile
  • Les phases de combats et de sauts
  • Le manque d'exploration
Résultat

Toren est le parfait exemple du jeu qu'on aimerait aimer. Avec son univers envoûtant et sa direction artistique à tomber par terre, il avait tout pour plaire ! Seulement, le manque de challenge qu'il propose, ses problèmes techniques et sa narration assez floue risquent de vous perdre en cours de route. C'est encore plus dommageable lorsque le final du jeu constitue un véritable atout.

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