Test | Kingdom Under Fire : The Crusaders, la guerre, la vraie
15 nov. 2004

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Kingdom Under Fire : The Crusaders

Tiens, ça faisait longtemps qu'un jeu n'avait pas aussi bien restitué les joutes épiques, les combats somptueux, les carnages sanglants. Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas vu autant de violence, autant de mêlées furieuses se terminant dans la sueur et surtout dans le sang. Kingdom Under Fire : The Crusaders est un monstre, un boucher qui rappelle les plus belles batailles du cinéma tout en leur apportant la réflexion et l'intensité propres aux jeux vidéo.

Silence, on tue

Elle avait l'air sympa cette promenade en forêt, ça faisait du bien de prendre l'air après avoir humé des jours durant le fumet infect du camp. Un peu de soleil pour caresser les plastrons, quelques bonnes vannes viriles entre hommes pour échauder les oreilles longues de la belle amazone de service, un peu de vinasse pour colorer superbement le petit haut qui jadis était blanc… non, vraiment, elle avait l'air tranquille cette ballade. Trop tranquille. Presque ennuyeuse. Heureusement que de jolies Elfes en string étaient là, au coin du bois, pour mettre un peu d'animation avec leurs cris perçants, leur tapette de chef et leurs poitrines rebondissantes.

La charge, un grand moment

Dès que l'ennemi est en vue, c'est la cavalcade. Le joueur décide de la formation, resserrée pour percer le flanc ou espacée pour éviter d'éventuelles pluies de flèches, puis c'est la mêlée. Là, plus question de diriger la troupe : c'est le chef qu'on incarne, à lui de défourailler à tour de bras. Les combos permettent de réaliser quelques belles actions, la parade sert éventuellement et le but du jeu est de trouver le chef adverse pour le terrasser. Plus on cogne et plus on gagne de points à dépenser pour déclencher (brièvement) l'attaque spéciale d'un coéquipier. Les mêlées se résument donc à tabasser à l'aveugle jusqu'à tomber sur le lourd d'en face, avant de déclencher une furie pour l'achever un peu plus vite. Simple ? Oui, mais efficace.

Plus c’est grand, plus c’est…

Comme dans les jeux de Koei, les phases d'action sont bien défoulantes. Elles sont un peu confuses, à moins de relever le nez de la caméra, vu que trouver le chef ennemi n'est pas évident. Il se fond dans la masse et ne se trahit que par ses attaques spéciales. En même temps, il est parfois juché sur une monture, quand il ne fait pas trois mètres de haut. Là, forcément, ce n'est pas bien dur de le repérer… Et puis, le bestiaire évolue énormément au fil de l'aventure. Les Elfettes du début sont remplacées par des Orcs musculeux et par d'autres monstruosités comme des Trolls, des scorpions géants et même des dragons. Chouette. C'est varié, superbe et follement divertissant, mais ce n'est pas le plus intéressant ni le plus dur.

Apprendre à réfléchir

Très vite, il faut gérer plusieurs groupes en même temps. De manière classique, les soldats se réfugient derrière les lanciers quand la cavalerie ennemie se met en tête de charger, tandis que les archers doivent rester à bonne distance des mêlées. Même en plein combat avec son héros charismatique, il faut zapper d'un groupe à l'autre pour placer ses troupes au mieux. Quelques finasseries rendent ces manœuvres très intéressantes. Le soleil aveugle les archers et les oblige à contourner le petit malin qui a placé ses troupes intelligemment. Les objectifs de mission, très variés, obligent aussi à avancer en silence avec sa petite armée, jauge de bruit à l'appui, à protéger des places fortes… ou à les assiéger. Comme quoi, on ne fait pas que marcher dans la forêt en s'échangeant des blagues. On réfléchit aussi, vite et bien.

Mais c’est aussi un RPG… ?

Et puis, après la bataille, il faut investir soigneusement les points d'expérience durement acquis. Au début, on n'en donne qu'au chef. Ensuite, on apprend à faire progresser ses troupes en leur fournissant un meilleur équipement. La magie est également très importante ; la renforcer permet de donner des soins ou de pétrifier les hordes en plein combat. Sans oublier les artefacts comme les épées trempées dans le poison, si amusantes à manier. Le côté gestion est ultra complet et très utile, les modifications ayant un impact immédiat sur l'issue des batailles. Un très bon point qui confirme que The Crusaders n'a pas seulement de beaux muscles : il a aussi la tête bien pleine.

Des muscles saillants

Evidemment, avec nous autres humbles mortels, ce n'est pas cette qualité là qui donne immédiatement des petites contractions de plaisir ; c'est la beauté du moteur graphique, la qualité de l'animation, la bonne tenue des voix françaises. La modélisation des protagonistes est impressionnante, les reflets sur les armures ou sur les peaux tannées des bêtes aussi. Et même si les décors sont moins détaillés, les vastes campagnes, les déserts et les champs de neige créent chacun une atmosphère unique, envoûtante : l'impression de se battre pour une terre est très bien restituée. C'est l'ambiance des champs de bataille qui rend le jeu palpitant, malgré quelques discours un peu niais pour meubler entre deux batailles. Il suffit de voir un colosse au faciès de gorille se dresser sur fond de ciel orageux pour sentir comme une légère appréhension à l'idée d'aller renifler son haleine de plus près.
Les Plus
  • L'ambiance des grandes batailles
  • Une réalisation somptueuse
  • Intelligent ET défoulant : un petit miracle
Les Moins
  • Bugs de collision, certains bruitages manquent de puissance
  • Parfois trop dur, pas de mise en scène pour les briefings
Résultat

Pour chipoter, les bruitages ne sont pas toujours assez percutants ; il leur manque un peu d'ampleur, surtout pour les hurlements sauvages. C'est que les batailles des Terres du Milieu ont placé la barre assez haut. Les coincés vont aussi regretter les bugs de collision mais honnêtement, entre hommes, on s'en moque complètement : l'essentiel est là. L'ambiance, la réflexion, le stress, la violence, la beauté cuivrée des giclées de sang, l'intensité des mêlées furieuses à l'issue incertaine, le choc des bêtes de guerre qui chargent les rangs d'oignons de ses soldats chéris dans un roulement de tonnerre : tout contribue à faire de The Crusaders un grand jeu. Y compris sa critique des guerres de religion, des conquêtes orgueilleuses tracées dans la cendre et le sang, sujet ô combien d'actualité. Paix à son prédécesseur honteux sur PC, qu'il repose en paix, il ne sera pas mort en vain.

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