Test | Kohan – Immortal Sovereigns (RETRO TEST)
06 nov. 2004

Testé par sur
Kohan

Parfois, au hasard d'une occasion particulière, on se retrouve sans trop savoir pourquoi avec dans les mains un vieux jeu, dont la boîte vante des graphismes complètement has been et des concepts innovants aujourd'hui surexploités, et on se demande ce que ça ferait de le mettre dans le lecteur de la machine flambant neuve qui trône sur notre bureau. C'est un peu ce qui s'est passé avec ce Kohan sorti de nulle part, qui a fait que pendant une semaine ma carte graphique avec 128 Mo de RAM a cru que je la trompais avec une autre.

Préhistorique

Venez, les enfants, approchez-vous du feu, allez-y, asseyez-vous sur les bûches, je vais vous raconter une histoire de ma jeunesse. Une histoire qui remonte à il y a bien longtemps, à une période où les polygones n'existaient pas, où tout était en 2D. Quand je dis tout, c'est vraiment tout, les personnages eux-mêmes sont en deux dimensions, pas le moindre polygone à l'horizon. Cette époque, c'est celle de Kohan: Immortal Sovereign, un jeu de stratégie en temps réel entièrement garanti sans 3D et qui vous plonge dans le monde merveilleux de Khaldun. Quoi, Auk, tu ne sais pas ce qu'est le monde de Khaldun ? Et bien c'est le monde des Kohan, des êtres immortels qui étaient chargés de s'en occuper. A la suite d'un cataclysme terrifiant, pourtant – vous savez ce que ça veut dire ca-ta-clysme ? Oui, bon, d'accord, je continue – la plupart des Kohan sont morts. Oui, je sais Benoa, j'ai dit que les Kohan étaient immortels, mais ils peuvent quand même mourir d'une mort violente – c'est comme ça, alors arrête de m'interrompre. Enfin en fait ils ne sont pas tout à fait morts…

Une bouffée d’ancienneté

Oui, Kohan est en deux dimensions ™, et oui, il fait assez pâle figure après le passage des jeux de stratégie fantasy en 3D que sont WarCraft III, Age of Mythology ou autres SpellForce. Il n'en reste pas moins que les petits arbres pleins de pixels habilement colorés, les petits fantassins en livrée rouge, les jolies villes aux bassins accueillants sont plus qu'agréables à l'œil, si on enlève le blocage absolu de notre sens artistique posé par la 3D omniprésente dans tous les jeux actuels qui se respectent. Et puis, on se laisse aussi porter par les artworks de grande classe, notamment tous ceux des personnages, ainsi que parfois, au détour d'une mission accomplie avec succès, par une petite cinématique qui nous offre un nouveau développement dans le scénario. Et ainsi, après les premières missions du tutorial (indispensable), nous voilà partis dans une longue quête épique, entraînante et challenging.

Kohan le barbare

Parce qu'il faut le dire : Kohan, c'est pas du gâteau. Mais alors vraiment pas. Une fois le tutorial assimilé – avec tous ses concepts de zone de contrôle, zone de ressources, de siège, de création de compagnies personnalisées – on se lance dans la campagne avec un peu d'appréhension et en même temps d'excitation – il est long ce tutorial à la fin, quand est-ce que ça s'arrête ? Et voilà, dès la deuxième mission – sur seize en tout – on butte, et après avoir essayé cinq stratégies différentes en la recommençant cinq fois, on se décide enfin à abandonner toute bribe d'honneur qui restait, et à passer la difficulté sur « facile ». Et là tout à coup, le monde s'éclaire, l'ennemi devient enfin accessible, et on se lance avec plaisir dans le scénario et les missions, faisant déferler des hordes de cavaliers, de grenadiers et d'invocateurs divers sur les héros et les places fortes de l'ennemi.

De la stratégie d'homme

Au niveau purement stratégique, Kohan combine une gestion des troupes par compagnies, à la manière d'un Total War où la formation d'attaque des troupes est essentielle pour l'issue du combat, et une gestion des ressources et de zones de ravitaillement autour des villes et des avants-postes. On se voit d'un coup promu général, puisqu'on arrête de penser façon chef de section « vite, mon fantassin est grièvement blessé, je le ramène en arrière » et qu'on passe à la réflexion globale « ma compagnie a essuyé 60% de pertes… la victoire est proche, elle peut encore tenir ». Cela, c'est possible parce que lorsque l'on ramène une compagnie – soit au minimum un élément de celle-ci – dans une zone de ravitaillement, elle se reconstitue avec tous ses éléments au fur et à mesure que le temps passe, gardant son niveau d'expérience et donc sa capacité à enfoncer les lignes ennemies avec grâce et efficacité.
Les Plus
  • La stratégie par compagnies
  • La campagne solo, très diversifiée
  • Le remue-méninge que la défficulté provoque
Les Moins
  • Les voix françaises, horribles
Résultat

Apprendre ces nouveaux concepts, combinés aux pouvoirs spéciaux dont disposent les héros (les Kohans) et aux modificateurs qu'ils donnent à leur unité, donne une profondeur à ce vénérable Kohan qu'on peut encore aujourd'hui explorer avec plaisir. Le mode solo permet à ce titre bien des batailles enivrantes, avec en bonus un scénario avec des rebondissements inattendus. Dans la mesure où vous parvenez à trouver d'autres joueurs – en convaincant un ami qui a un PC portable antédiluvien par exemple – le multijoueur s'avère plutôt lent, notamment à cause du rythme très lent d'accumulation de l'or en début de partie, et on aura recours sans parcimonie à l'accélération du temps en appuyant sur F4. Reste que ces longues parties ont mine de rien un effet addictif, et vous pourriez très rapidement vous retrouver avec une petite communauté d'adorateurs de Kohan autour de vous. Et surtout, vous n'aurez plus qu'une seule idée en tête : vous lancer dans Kohan II, pour voir ce que ça donne tout en 3D.

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