Test | Myst 4 ever éventé
28 oct. 2004

Testé par fâcheux sur
Aussi disponible sur
Myst IV
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur Cyan
  • Sortie initiale 1 oct. 2004
  • Genre Aventure

Avec Myst IV – Revelation, nous voici donc de retour dans les contrées oniriques que nous connaissons bien depuis le premier épisode de la série créée en 1994 (eh oui, déjà dix ans) par les frères Miller Robin & Rand. De nouveau, vous aurez fort à faire pour démêler le drame familial opposant deux frères emprisonnés dans des "âges", en l'occurrence The Spire et Haven, qui sont en réalité de véritables mondes-prisons écrits par le père des deux énergumènes révoltés.

En territoire... bien connu

Dès votre arrivée dans le monde de Myst, vous vous retrouvez donc en terrain connu avec le même principe de jeu : des scènes à explorer et des énigmes à résoudre pour avancer vers le dénouement de l'intrigue. Et c'est peut-être là le plus étrange avec Myst IV – Revelation. Depuis une dizaine d'années, les fans de la série sont prêts à remettre le couvert une fois de plus, sans discuter, un peu comme on ouvre un livre de contes pour enfants : c'est familier, rassurant, avec la petit je-ne-sais quoi qui fait qu'on aimera encore, dans Myst 5, entendre raconter la même histoire.

Si vous connaissez bien Myst, pas d'inquiètudes, vous retrouverez bien vite vos repères. OK, l'ambiance est inimitable et, en ces temps de grisaille automnale, il est fort agréable de (re)découvrir l'atmosphère envoûtante typique de Myst, un soft qui accuse déjà ses dix ans mais qui curieusement revient avec la régularité d'un pendule sur nos PC. Les habitués reconnaîtront sur-le-champ la patte des studios Cyan, tant au niveau du travail sur les décors qu'au niveau sonore.

L'album de famille

Allez, on allume son bâton d'encens car l'aventure débute sur les chapeaux de roues, aux côtés d'une charmante petite fille, dans une sorte de téléphérique que déjà, nous avions eu l'occasion d'emprunter dans Riven, le deuxième épisode de la série. La première vidéo, assez extraordinaire de vitalité, nous ramène assez habilement vers Tomhana. La petite fille (une véritable actrice hein, Cyan ne se moque pas du monde) s'adresse à vous comme si vous étiez un vieil oncle de retour après des années d'absence et vous emmène tout naturellement vers le monde de la réflexion et des énigmes tordues avec plein de poils que vous y arriverez jamais du premier coup, oh la la, non. On retrouve alors notre cher ami Atrus, descendant du peuple D'ni, capable par son seul talent d'écriture de créer des mondes autrement appelés « âges ». Ses deux fils, rebelles et dictateurs dans l'âme, avaient été écartés par Artus qui avait dans le passé créé spécialement pour eux des prisons. Lors de votre première recontre, ce dernier s'intérroge sur l'opportunité de lever la punition, qui espère-t-il, aura permis l'amendement des deux renégats. Il vous revient donc d'enquêter. A vous l'aventure.

Où l'on est déjà perdu

Dès notre arrivée à Tomhana, on retrouve le mode de déplacement propre à Myst et tous ses succédanés. On clique dans une direction, et hop, on aboutit à une nouvelle scène. Ce mode est bien sûr pour beaucoup dans la querelle entre les partisans du déplacement pépère et ceux qui optent systèmatiquement pour le ZDQS propre aux FPS. L'interface, réduite à l'essentiel, comporte désormais deux petites améliorations bien utiles : un appareil photo (je dois avouer que j'ai beaucoup joué avec ce bidule, ne serait-ce que pour entendre le déclic d'antan) pour éviter de dessiner (mal) vingt fois un plan accroché à un mur, ou tout ce que vous jugerez digne d'intérêt. Et vas-y que je shoote cette jolie vue qui surplombe le village, que je m'applique pour cadrer cette jolie fleur dans ce joli pot. A côté de cela, l'éternel bloc-notes du détective virtuel qui sert surtout de zone de stockage des photos quitte à prendre le plaisir d'emcombrer votre bureau de papiers griffonnés de schémas, de combinaisons, de phrases sibyllines. Un des grands plaisirs de ce type de jeu, puisqu'on a l'impression de bosser au lieu de perdre son temps à impressionner les potes avec ses zupers skills au frag. Autre chose ? Ah oui : pour le cas où vous vous seriez arraché tous les cheveux, et Dieu sait que ça arrive souvent (les chauves m'excuseront, je l'espère), vous trouverez dans les options une aide à la résolution des énigmes qui se décline en 3 niveaux : je sais pas où je suis ; je sais où je suis mais alors tu vois, j'ignore totalement ce qu'il faut faire ; je sais où je suis, je sais ce qu'il faut faire, mais décidement, je dois être un gros blaireau. La corde est accrochée au lustre, je grimpe sur le tabouret.

Des visuels impressonnants mais des possibilités graphiques sous-exploitées

Les décors dans lesquels on évolue, en vue subjective, restent dans la droite lignée de Myst et c'est peut-être ce qui fait qu'on y revient avec plaisir. C'est toujours aussi magnifique et détaillé : que l'on passe dans la chambre d'Atrus, au labo de Catherine, on s'étonne encore de l'inventivité des designers. Certains screens rappellent les illustrations des bouquins de fantasy ; un monde baroque, mêlant harmonieusement les éléments naturels et les inventions humaines : des machines étonnantes qui vrombissent ou grincent, si toutefois on arrive à comprendre leur fonctionnement. Et de ce point de vue, on est servi. Des énigmes, vous allez en manger à la louche, toujours de manière exponentielle, même si le monde de The Spire (l'un des âges prisons) est un brin plus difficile. Les scènes que l'on découvre au fur et à mesure sont superbes, fourmillantes de vies. Des lucioles évoluant autour des lumières la nuit, des oiseaux pépiant avant de venir picorer près de vous, la série Mystienne prend vie et c'est une grande différence par rapport aux opus précédents. Par contre, n'attendez point une claque graphique au niveau technique. Le soft offre la possibilité de joueur en 2 résolutions : 800x600, et pour les plus audacieux 1024x768. Dès que l'on bouge la caméra à l'aide de notre bonne vieille souris, c'est tout de suite la bouillie aux pixels alors que l'effet recherché et plutôt de renforcer l'immersivité (on évoque l'adaptation de l'oeil à la lumière, au champ de profondeur, mais me semble-t-il, le résultat est mitigé). Cyan aurait peut être gagné à fournir de ce point de vue un effort plus conséquent.

Ambiance zen & invité prestigieux

Niveau musical et bruitage c'est du tout bon, pour peu que l'on apprécie plus de 10 minutes la musique new-age. A ce niveau, c'est superbe et ça a des vertus apaisantes. C'est en tout cas toujours bien fait, c'est pas redondant et ça donne une touche très agréable à nos périgrinations. On lancerait presque son media player si on avait les pistes à disposition. Déjà, les premiers épisodes avaient joué de ce travail effectué sur le son, au point que sur les forums, bien des fans avaient demandé la commercialisation des musiques du jeu. Cyan a bien compris que c'était là un élément central dans la réussite de leur soft et à convoqué pour ce quatrième opus quelqu'un qui ne risque pas de faire fuir la famille réunie devant l'écran : Mr Peter Gabriel, l'ancien chanteur de Genesis.
Résultat

Alors tout ces ingrédients ça prend ? Oui, ça prend sans problème. Autrement dit, le soft plaira sans aucun doute à ceux qui ont suivi les aventures d'Atrus et de sa petite famille, à ceux qui retrouvent à chaque fois leur beau diaporama animé, avec une histoire cohérente, et des énigmes bien salées. Le hic, c'est que pour convaincre les autres, ceux qui n'ont guère l'habitude des myst-like, il aurait fallu un petit truc en plus. Les jolis décors de carte postale, les énigmes tordues suffisent-ils à faire de Myst 4 un indispensable ? Non, loin de là. Un bon moment pour toute la famille sûrement. Ceux qui voudraient quelque chose de plus audacieux ou de plus original pourront sans conteste se tourner vers In Memoriam.

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