Test | Forever Worlds, quand l'attrape rêve vire au cauchemard
29 oct. 2004

Testé par sur
Forever Worlds
  • Éditeur The Adventure Company
  • Développeur Hexagon Entertainment LLC
  • Sortie initiale Sept. 2004
  • Genre Aventure

On critique parfois la boulimie d'EA Sports dans le domaine des jeux de sports, mais on oublierait presque qu'il est une autre catégorie de jeux vidéo contrôlée presque sans partage par DreamCatcher. Lorsque celle-ci a repris la branche aventure de Cryo, on s'était dit que l'époque des jeux graphiquement réussis mais au gameplay approximatif ne nous reviendrait jamais. Forever Worlds nous rappelle malheureusement qu'il ne faut jamais dire jamais.

L’aventure c’est l’aventure

Si on devait dresser une liste des éléments que l'on attend d'un jeu d'aventure, on trouverait probablement une histoire prenante, une volonté de nous amener ailleurs par des graphismes et une ambiance particulière, des énigmes intéressantes et un gameplay aux petits oignons. Du moins en théorie, car la mise en pratique laisse parfois à désirer, comme le prouve malheureusement ce jeu d'Hexagon Productions. Côté histoire, on commence classique avec une vidéo d'introduction réussie : soit un paléontologue ayant consacré sa vie à la recherche d'un arbre mythique qui disparaît soudainement dès que celui-ci est découvert. Soit notre héros partant à la recherche du disparu et basculant dans un monde étrange, se retrouvant contraint de traverser différentes époques pour espérer rentrer chez lui et reprendre le cours de sa vie. Vidéo d'intro réussie, d'autant que les doublages ne sont pas trop mauvais et qu'une certaine forme d'humour y apparaît. Humour que l'on retrouvera d'ailleurs tout au long du jeu, notamment sous la forme d'un lézard bavard qui n'hésitera guère à intervenir durant le jeu.

Personne voyante s’abstenir

Drôle de moyen de transport

Vidéo, doublage et humour, trois mots qui suffisent presque à résumer en peu de termes les qualités du jeu, tant le reste semble au mieux légèrement bâclé. Point le plus visible, les graphismes pourraient certainement gagner le prix du plus gros pixel de l'année et on sent que les graphistes manient l'art de la répétition avec un certain talent. On observe donc à intervalles réguliers une succession de zones parfaitement identiques à l'un ou l'autre détail prêt. Ce comique de répétition s'accentue encore lorsqu'on doit parcourir plusieurs de ces zones avec comme seule action possible aller de l'avant ou revenir en arrière. Certes, l'environnement est observable en détail (zoom fourni avec le jeu), mais vu que les interactions possibles sont souvent bien visibles, on ne traîne pas en route et on peste intérieurement contre cette volonté d'allonger le jeu. Et ce n'est pas les quelques vidéos qui s'incrusteront dans le jeu qui relèveront le niveau, tant l'incrustation sera parfois visible tandis que d'autres ne lanceront que le son, figeant l'image au passage.

Clic en série

Cette énigme n'a l'air de rien vu d'ici...

On l'a compris, la balade n'étant pas vraiment le point le plus réussi du jeu, on espérait des énigmes intéressantes. La première du jeu donne le ton : un code à reproduire en actionnant différentes clés dans un ordre pré-établi, la moindre erreur nous obligeant à tout reprendre depuis le début. On comprend vite le principe et on s'aperçoit tout aussi vite qu'il n'y a aucune cohérence à chercher pour résoudre le problème, et qu'une longue liste d'essais et d'erreurs nous attend (avec la malice qu'une erreur fait parfois partie de la solution). Amusant 20 secondes, le principe devient vite lassant lorsqu'il se reproduit (quand on vous parlait d'art de la répétition) pratiquement lors de chacune des énigmes, rendant le démineur passionnant en comparaison. Forever Worlds est donc un jeu où l'on clique souvent, généralement pour se déplacer, mettant en avant l'un des nombreux aspects mal pensés du jeu. Et cerise finale sur un gâteau pourtant déjà peu appétissant, le jeu s'offre son lot de bugs, allant d'un curseur d'action bloqué (rendant les déplacements impossibles) au plantage pur et simple.
Les Plus
  • L'humour des dialogues et la vidéo d'intro
Les Moins
  • Le reste
Résultat

Tout joueur se souvient principalement de deux grosses catégories de jeu : les hits incontournables et les jeux auxquels on aurait mieux fait de ne pas toucher. Malheureusement pour lui, l'aspect mauvais rêve éveillé et le sentiment de temps perdu produit par Forever Worlds le fait appartenir de facto à la deuxième catégorie et on voit mal quel argument pourrait attirer un joueur normalement censé vers ce titre, surtout opposé à la concurrence d'un Myst IV bénéficiant du savoir-faire de Cyan et d'une réputation qui n'est plus à faire. Passez donc votre chemin, il y a bien d'autres mondes à découvrir et à explorer, inutile donc de s'attarder sur ce jeu, malgré son prix de vente plus bas que la moyenne, la qualité étant par trop à l'image de ce prix. Qu'il repose en paix.

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