Test | Shelter
17 oct. 2013

Un jeu pas rasoir

Testé par sur
Shelter

Selon vous, qu'est-ce qui est le plus dur à vivre dans l'histoire de Shelter ? Imaginer le responsable de Might & Delight expliquer à des fonds d'investissement qu'il a besoin d'argent pour créer une simulation de "maman blaireau doit s'occuper de ses bébés" ? Ou bredouiller au RC qu'il serait plaisant de materner des blaireautins ? En fait, aucune de ces situations n'est délicate face à ce Shelter qui vous réserve bien pire.

L'histoire

Les développeurs vous lâchent dans la nature accompagné de vos cinq enfants dont l'état de santé est rendu visible de par la transparence de leur corps. A vous de les nourrir et de les protéger tout au long de votre périple dont vous ne connaîtrez la destination qu'une fois arrivé. Autant le dire de suite : ma première partie fut un échec complet. Quatre des petits n'ont pas vu le second épisode car mort de faim pour le premier, emporté par un aigle pour un autre. Le troisième est mort noyé et le dernier s'est perdu dans la nuit. Alors quelle est le scénario de ce jeu ? Celui de la vie car la raison simple de la survie et l'ombre de la faim grandissante suffisent à un scénario des plus complets.
La vie sauvage

Le principe

Un incendie ? Vous vous sentez bien impuissant parfois ...

Pour subvenir aux besoins de votre famille, vous devez arracher des radis, cogner certains arbres afin d'en faire tomber les fruits ou encore devenir prédateur. Les grenouilles et autres petites bêtes de la faune faisant l'affaire, reste à donner votre victime à celui de vos enfants qui en a le plus besoin. Seulement, la vie sauvage ne vous met pas toujours en haut de la chaîne alimentaire. Alors, les aigles, les incendies de forêt ou la traversée d'une rivière sont autant de moments délicats qui peuvent diminuer le nombre de votre progéniture.

Le gameplay de base est de pouvoir courir, mais attention car vos bébés peinent alors à vous suivre. Vous pouvez aussi marcher lentement pour approcher vos proies ou vous faire discret. Les hautes herbes vous protègent de la vue des prédateurs mais vous avez également la possibilité de vous cacher derrière des rochers pour éviter d'être emporté par les vagues. En bref, vous utilisez toutes les ressources disponibles pour ne pas disparaître. La nuit permet de jouer différemment : vous ne pouvez plus courir et ne voyez que peu autour de vous. De plus, au moindre craquement de branchage vos petits s'éloignent, apeurés. A vous alors d'aller les chercher, cette modification de gameplay augmente l'intensité du jeu et l'impression du travail soigné dont a bénéficié Shelter.
Pas pour les blaireaux

Le multi

La nature, bien représentée, ne révèle pas ses secrets à qui ne cherche pas...

Parfois, les blaireautins font des parties de Mario Kart sur DS mais souvent Kevina est rejetée car les autres ne savent pas démarrer comme elle. Ils la traitent de tricheuse : votre devoir est de la consoler en enchaînant les hadoken sur les renards qui passent. C'est une bien belle tranche de vie imaginaire mais, vous l'aurez deviné, il n'y a pas de multijoueur dans Shelter.
Un jeu nature

Pour qui ?

A priori Shelter ne se destine pas à un public particulier car il éveille en vous l'instinct paternel – ou maternel – ce dont vous devriez être doté si vous n'avez pas participé à un génocide par le passé et venez de la planète Terre. La direction artistique risque aussi de ne pas plaire à tous, sauf la musique – se révélant très adaptée – qui est une sorte de jazz-bruitage prenant de l'ampleur quand les difficultés surviennent. Les graphismes manquent parfois cruellement de contraste mais cela donne au final un rendu "tout-doux-calinou" qui accentue l'atmosphère calme de ce titre qui vous gobera tel un anaconda.
Des engagements forts

L'anecdote

L'incendie et l'aigle qui tournoie au dessus de nos têtes auront raison de mon petit dernier...

Même étant très intrigué par le pitch de Shelter, je ne pensais pas me laisser prendre au jeu de cette manière. Au début, je nourrissais mes blaireautins de manière traditionnelle, comme si je cherchais des caisses de vie dans un niveau de Quake. Puis je me suis réellement inquiété pour eux, me retournant pour voir s'ils suivaient. Et chaque disparition fut tragique, me touchant réellement, surtout après ma première partie catastrophique. Preuve que le jeu va au bout de ses idées : lorsque vous perdez tous vos petits (snif) votre partie continue. Attention : bien que l'inquiétude va grandissante, les joies font partie aussi du jeu. Quel plaisir de mettre sa petite famille à l'abri !
Une rare intensité
Les Plus
  • Une belle intensité
  • Une idée innovante qui se révèle complète
  • Belle réalisation qui fera date car très originale
  • Un jeu peu gourmand
  • Pas cher  : 8.99€
Les Moins
  • Court : 1h30
Résultat

Shelter mérite la note maximale ne serait-ce que pour le courage de son scénario. Vivre une journée et protéger vos petits armé de vos seules dents et griffes est une épreuve à part entière. Un peu comme une journée dans la rédaction de Gamatomic mais cela fera l'objet d'un autre test. La direction artistique du jeu retranscrit fidèlement la nature environnante et fait monter la pression lorsque le moment vient. C'est un jeu qui donne des émotions là où d'énormes productions laissent de marbre. Certes, l'aventure est courte (deux heures en comptant les changements de couches) mais pour 8.99€ sur Steam, ne passez pas à côté de ce titre atypique et intéressant. De plus, il est bien réalisé car ses graphismes prendront place sur absolument toutes les configurations.

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Tribune libre