Test | Dishonored mérite la légion d'honneur
22 oct. 2012

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Dishonored

Il n'aura fallu qu'un an à Dishonored pour rendre les joueurs impatients, au point de devenir la nouveauté la plus attendue de cette fin d'année. Développé par Arkane Studios (des français), le jeu semble être un pot-pourri de ce qui se fait de mieux dans le genre. La sauce prend-t-elle pour autant ?

Disiz la peste

Dishonored porte particulièrement bien son nom, le titre résumant parfaitement le pitch du jeu. Vous jouez Corvo, ex-garde du corps de la Reine, déshonoré après avoir été accusé du meurtre de cette dernière. Si vous étiez présent lors du drame, alors qu'elle faisait le point sur la peste sévissant dans la cité de Dunwall, c'est bien un groupe d'assassins qui s'est chargé de lui régler son compte et, accessoirement, d'enlever sa fille. Il ne vous faut pas longtemps pour comprendre que tout cela est un vaste coup monté orchestré par le nouveau régent de la ville ; et c'est après être sorti du bagne que vous troquez votre costume de garde du corps pour un autre bien moins commode : celui d'un assassin en quête de vengeance... Bien que le pitch de départ n'ait rien d'exceptionnel, la dramaturgie et le travail effectué sur l'ambiance insufflent à Dishonored un caractère singulier. Un constat renforcé par l'ambiance atypique et une direction artistique particulièrement réussie. Heureusement diront certains, car le jeu d'Arkane Studios est terriblement faiblard sur le plan graphique. Entre les textures médiocres et la nécessité d'installer le jeu sur le disque dur de la console (sans quoi les temps de chargement paraissent interminables), beaucoup y trouveront à redire. Mais bon, pas de quoi s'acharner sur ce point pour autant, l'esthétique du jeu l'emportant rapidement sur la technique pure et dure.

La Révolution française : liberté !

Si des groupes de rats peuvent vous attaquer, vos rongeurs voraces peuvent également s'occuper des ennemis et des cadavres. Génial !

Le premier contact avec Dishonored est déconcertant. Les influences d'Arkane Studios sont si évidentes que le jeu peine à se distinguer... Au début du moins. Pourtant, Arkane a eu le nez fin en s'inspirant de titres aussi géniaux que Thief (la liberté d'action, la gestion des hauteurs et la place de l'infiltration, bien plus subtile que dans le dernier Deus Ex) ou BioShock (la narration par bandes sonores, les armes, le rythme des combats, etc.). Pour les mauvaises langues, rappelons qu'Arkane Studios avait participé au développement de BioShock 2, plus précisément sur l'animation et le level design. Passées les deux premières heures, l'ensemble se révèle est bien plus habile qu'il n'y paraît, Dishonored faisant honneur aux jeux dont il s'inspire. Les game et level design sont assez ingénieux pour donner la sensation d'égaler les titres précédemment cités. Pour tout dire, Dishonored pourrait aisément être assimilé à une suite de tel ou tel jeu, sans nuire au prestige de la licence en question. Mais revenons à quelque chose de plus concret : le gameplay. Dishonored fait la part belle à la liberté d'action, vous laissant la possibilité d'aborder une situation de plusieurs façons. Contrairement à Deus Ex : Human Revolution (dans lequel les ficelles du game design étaient bien trop grosses), le jeu vous donne l'impression de réfléchir par vous-même, au point d'être le jeu le plus réussi de ce point de vue à l'heure actuelle. Un constat en partie dû aux pouvoirs mis à disposition du héros. En s'équipant d'un cœur en guise d'artefact, Corvo peut distinguer des capacités et pouvoirs au sein de l'environnement. Désintégrer un ennemi, invoquer des rats attaquant des gardes et dévorant leurs cadavres, prendre possession d'un animal ou d'un humain, se téléporter quelques mètres plus loin... Ces mécaniques ont été pensées pour vous permettre de faire ce que vous voulez.

Certains mécanismes, comme ce portail foudroyant, peuvent être désactivés ou retournés contre vos ennemis.

Évidemment, des armes sont également de la partie, aussi bien pour tirer (pistolet, arbalète) que pour frapper au corps-à-corps (épée). Ni voyez pas d'exutoire pour autant : votre statut de fuyard nécessite un minimum de discrétion. Et si la méthode bourrine s'avère tout de même possible, le faible nombre de munitions la rend un brin compliquée. Heureusement, celles-ci peuvent être achetées auprès d'un vendeur. Si l'histoire peut sembler un poil courte (finalement, les niveaux sont plus vastes que nombreux), la rejouabilité du titre est plutôt conséquente. En offrant au joueur la possibilité d'aborder chaque situation de différentes manières, Arkane Studios rend l'expérience unique. Le nombre de victimes facilitant la propagation de la peste (et des rats), cela contribue à l'immersion et incite le joueur à parcourir Dishonored d'une façon puis d'une autre. De même, les cibles principales peuvent aussi bien être exécutées par vos soins qu'être neutralisées de façons plus discrètes (mais non moins terrifiantes). Au final, si l'aventure dure une quinzaine d'heures en ligne droite, comptez-en le double pour explorer les environnements de fond en comble, et récolter tous les pouvoirs et capacités en toute discrétion. Pareillement, si le game design fait la part belle à la liberté d'action, le jeu reste segmenté en missions. De ce fait, un récapitulatif de score est présent, vous indiquant notamment le nombre d'ennemis tués et le chaos engendré par vos actions. Bien entendu, avant de finir toutes les missions en tant que "fantôme", il vous faudra un peu d'acharnement, surtout dans les modes de difficulté les plus élevés.
Les Plus
  • Une ambiance géniale
  • Excellent sur le plan artistique
  • Le scénario convenu mais efficace
  • Une liberté d'action exceptionnelle
  • Des possibilités nombreuses
  • Des pouvoirs ingénieux
  • Le level design du bonheur
  • "Un grand pouvoir implique de grande responsabilités"
  • Une durée de vie très honnête
  • Des moments d'anthologie
Les Moins
  • A la traine sur le plan graphique
  • L'influence de certains gros jeux (Half-Life, BiosShock, Thief, etc.) peut perturber lors de la première heure
Résultat

Si un pareil encensement est toujours suspect, difficile de ne pas s'incliner bien bas devant le titre d'Arkane Studios. Proposant une liberté d'action jamais vue sur les consoles actuelles, Dishonored donne au joueur l'impression de pouvoir aborder chaque situation de jeu à sa façon. Finalement, le jeu prouve qu'on peut très bien offrir une expérience singulière en se concentrant sur le gameplay, là où d'autres préfèrent des avalanches de cinématiques plutôt qu'autre chose. Autant vous le dire : la French Touch, on la préfère comme ça, surtout quand elle est accompagnée d'une ambiance du feu de Dieu et de son lot de passages mémorables. S'il est compliqué, en cette année riche en titres d'exception, de dire que Dishonored est assurément le meilleur jeu des dix derniers mois (laissons chacun se faire son propre avis sur le sujet), il constitue assurément la meilleure nouvelle licence de l'année. Chef-d'œuvre ludique !

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