Test | Iron Storm
12 déc. 2002

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Iron Storm

1964, c'est le cinquantième anniversaire de la Grande Guerre, qui se poursuit sans Lénine ni Guillaume II. Dans cette Histoire alternative, 4x Studio vous invite à rejoindre les rangs des forces occidentales, pour sniper à la première personne les méchants Orientaux. Si vous acceptez, bienvenue en enfer.

La guerre, toujours la guerre

Imaginez que vous êtes couché dans la neige, l'œil contre la lunette de votre fusil de précision, scrutant la plaine obstruée de bunkers et de barbelés qui s'étend devant vous. Vous observez le flanc béant du clocher d'une église en ruine. Tout à coup, vous apercevez un reflet quelque part en haut du clocher. Alors que vous intensifiez votre zoom tout en pointant votre arme vers l'origine du signe suspect, une tête cagoulée, précédée d'une lunette semblable à la vôtre et d'un canon braqué droit sur vous apparaît dans votre viseur. L'instant suivant, vous rejoignez le paradis des soldats morts au combat, le bruit de la détonation du fusil ennemi retentissant encore sur la plaine.

La sainte sauvegarde d'Antioche

Heureusement, vous avez sauvegardé trente secondes avant de vous faire tuer, et cette fois, vous savez immédiatement où se trouve le sniper ennemi. Le pauvre ira rejoindre le paradis des snipers binaires aux côtés de vos multiples cadavres. En effet, dans ce FPS se déroulant pendant une Première Guerre Mondiale qui continue encore en 1964, les 14 emplacements de sauvegarde disponibles ne seront pas de trop pour parvenir au bout des six niveaux, dans lesquels vous incarnez le lieutenant Anderson, des forces spéciales occidentales. Ou plutôt les lieutenants Anderson, puisqu'en difficulté normale il faut bien compter cinq cents décès de votre avatar pour parvenir au Reichtag, à Berlin, pour un joueur régulier de ce genre de jeu.

Pas facile d'être un héros

Le jeu est parfois tellement difficile que ça en devient frustrant. On en vient à sauvegarder une fois par minute, en somme dès que l'on a réussi à mettre au sol le groupe de soldats, l'hélicoptère ou le tank qui vous barre la route, cela sans perdre la moindre once de son niveau de vie. L'indicateur d'état de santé a en effet la fâcheuse habitude de baisser très rapidement dès que l'on rencontre un ennemi, et cela oblige à reprendre la sauvegarde précédente pour tenter de passer sans perdre de vie, maintenant que l'on sait où se trouve l'ennemi.

Le visage de la guerre

L'ennemi en question, ce sont les forces de l'Empire Russo-mongol dirigées par l'ignoble et méchant Baron Ugenberg, qui cherche ni plus ni moins à établir un empire s'étendant du Pacifique à l'Atlantique. Une ligne de front faite d'un réseau immense de tranchées découpe l'Allemagne en deux, et représente votre point de départ dans le jeu. Dès la cinématique qui donne les ordres de mission, on est plongé dans une atmosphère où règnent la désillusion et la résignation. Entre votre capitaine aux yeux enfoncés qui boit au goulot de sa bouteille d'alcool, l'infirmerie pleine de blessés dont le sang ruisselle sur le sol carrelé et les obus qui atterrissent à l'improviste en obstruant les coursives, on est immédiatement plongé dans cet univers sombre où les combattants semblent avoir oublié les raisons de leur combat.

Une immersion complète

Le moteur graphique derrière Iron Storm remplit très bien son rôle de mettre le joueur dans cette ambiance mi-guerre de tranchées mi-assaut de forces spéciales. Si les décors semblent un peu carrés et les personnages parfois un peu grossiers, les designers de 4x Studio ont su créer un monde alternatif très prenant, dans lequel les fusils de précision avec visée laser côtoient des chars d'assaut du style de la Grande Guerre. Des idées originales renforcent l'immersion, comme ces adorables dobermans équipés de mines qui vous foncent affectueusement dessus dans le but de vous entraîner avec eux vers le paradis des chiens-mine. Le moteur graphique impose néanmoins de nombreux temps de chargements, comme dans Half-Life, dont le jeu reprend la structure très linéaire et fortement scriptée. Ainsi, le scénario offre de nombreuses surprises et retournements de situation, notamment grâce aux télévisions disséminées un peu partout qui permettent de visionner les dernières nouvelles officielles du côté ennemi, déclamées en allemand par une sobre présentatrice.

Gameplay et bugs

Le principal objet du jeu reste de foncer avec son fusil d'assaut en main et de tirer sur les légions d'ennemis plus rapidement qu'elles ne vous tirent dessus. Même s'ils sont difficiles, les passages de dénichage de tireurs d'élite ennemis sont au plus haut point stressants et jouissifs, donnant au jeu un excellent air de Stalingrad, le film de snipers de Jean-Jacques Annaud. Le seul moment du jeu où l'infiltration est obligatoire est clairement marqué, puisque si vous tentez de prendre le contre-pied des instructions que vous recevez par radio et tentez une infiltration selon la méthode de Rambo, un bug permet à un hélicoptère de vous mettre en pièces même à l'abri du plus hermétique des bunkers. Quelques autres bugs gênants viennent ponctuer le jeu, comme un soldat dont seuls les pieds dépassent du plafond, et qui vous tire dessus en continu, quelque soit votre emplacement dans le niveau.

Un mode multisniper mitigé

Comme tout FPS qui se respecte, Iron Storm propose un mode multi qui permet jusqu'à 16 joueurs de se rencontrer en Deathmatch ou en Capture the Flag sur huit cartes différentes, quatre pour chaque mode. Les cartes sont plutôt bien conçues, réalisées principalement par compilation de zones présentes dans la campagne solo. Néanmoins le Team Deathmatch est un chef d'œuvre d'anarchie, à cause du respawn qui se fait à un endroit totalement aléatoire de la carte : il arrive qu'on se retrouve exactement derrière le joueur qui vient de vous tuer avec son fusil de sniper, couché à l'autre bout du niveau, et il suffit de se venger au sabre de cérémonie. De même, il est possible de réapparaître à quelques mètres de l'endroit où l'on vient de se faire tuer, facilitant la tâche de l'ennemi qui dispose d'un superbe fusil d'assaut, alors que l'arme par défaut est… votre poing. Tout cela contribue à rendre ce mode de jeu peu intéressant, alors que quasiment tous les serveurs l'utilisent. Des serveurs qui ne permettent pas de se retrouver avec un ping raisonnable, puisque l'absence de serveurs dédiés conduit les joueurs à devoir ouvrir leur propre espace de jeu, avec leur bande passante réduite.
Les Plus
  • Le scénario et l'ambiance
  • Les séquences de dénichage de sniper, très joussives
  • L'originalité de l'univers
Les Moins
  • La difficulté, parfois frustrante
  • Les séquences de dénichage de sniper, très frustrantes
  • Le mode multijoueur bâclé
Résultat

Au final, Iron Storm laisse une assez bonne impression. Si sa campagne solo est difficile et parfois frustrante, son scénario prenant et plausible garantit que l'intérêt ne retombe pas malgré toutes ces morts. L'ambiance dans laquelle on est plongé, notamment lorsque l'on surprend les discussions anodines de gardes ennemis frigorifiés dans leur tranchée, donne envie de continuer et d'arriver au bout du jeu, pour mettre fin à cette guerre terrible pour les hommes et les femmes des deux camps. Les quelques bugs rencontrés ne sont pas suffisants pour en diminuer l'intérêt, mais ils restent gênants. Enfin, le mode multijoueur permettra de passer quelques moments amusants en raison du chaos complet qui y règne, mais il n'assurera pas une postérité inoubliable à ce jeu dont le principal intérêt réside dans sa campagne solo d'une vingtaine d'heures.

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