Test | Unreal Tournament 2003
16 nov. 2002

Testé par sur
Unreal Tournament 2003

Il y a maintenant trois ans, les développeurs de Digital Extremes nous sortaient Unreal Tournament de leur chapeau alors que Quake III Arena pointait doucement mais sûrement le bout de son nez. A leur arrivée conjointe, une guerre se déclara et deux camps se formèrent, dans une ambiance électrique, chacun défendant son jeu et critiquant l'autre avec toute la ferveur qu'un homme puisse témoigner. Aujourd'hui, le marché du First Person Shooter “bête et méchant” – c'est à dire n'aspirant pas à une vocation de jeu d'infiltration ou de contre-terrorisme – se trouve bien pauvre. C'est donc à point nommé qu'Unreal Tournament 2003 fait son apparition pour le bien de tous, et surtout de nous, les joueurs.

Zorro est arrivé

Après une très lourde installation des trois CDs qui composent le jeu – environ 2.5 Go ce qui est énorme surtout quand on sait que les CDs se copient entièrement et que les développeurs n'ont même pas pris la peine de faire un installeur sélectif… – il est enfin temps de découvrir le nouveau-né. Un logo nVidia se fait rapidement éclater d'entrée par un gros bourrin de service dans son armure plombée, puis c'est au tour de la séquence d'introduction qui met en scène deux équipes de joyeux drilles, aux carrures inversement proportionnelles à la taille de leurs cerveaux, débarquant telles des superstars de catch dans une arène à l'ambiance survoltée et aux fans aussi dégénérés que leurs idoles. Nous voilà directement mis dans l'ambiance : ici point de finesse, point de réflexion, mais de l'action vraiment bête et vraiment très méchante.

La gourmandise est un vilain défaut.

Folie meurtrière !

Pour tout de suite mettre les choses au clair, Unreal Tournament 2003 nécessite une configuration de course, aussi bien au niveau processeur et carte graphique qu'espace disque. Mais mieux vaut ne pas être trop gourmand pour profiter au mieux de l'Unreal Engine – un petit clin d'oeil est d'ailleurs passé à ceux qui désireraient monter toutes les options à leur maximum puisqu'un virulent “Carnage !” les attend. Comptez sur du 800*600 toutes options décochées et son en mode logiciel sur un Duron 1200 muni d'une “simple” GeForce 2 alors qu'il est aisément possible de monter en 1280*960 – tous détails activés – avec une configuration qui se rapproche du 2Ghz + GeForce 4 ti. D'ailleurs, ce n'est qu'avec une GeForce 4 – ou équivalent – que vous profiterez pleinement du coup de fouet porté par le nouveau moteur 3D du jeu : des feuillages qui bougent avec le vent aux reflets de l'eau et autres effets d'ombrages et de lumière volumétriques qui parsèment le jeu, le tout sans le moindre ralentissement malgré vos adversaires ou coéquipiers à l'écran, l'émerveillement est de la partie.

Préchauffage.

A moi le drapeau...

A l'instar d'Unreal Tournament, la partie solo du jeu se révèle anecdotique puisqu'elle se résume à une succession de matches dans les différents modes. Seul changement, une phase de qualifications préalable au terme de laquelle vous devrez constituer une équipe, puis la vaincre, afin d'accéder à la suite. Rien de bien folichon, mais ça permet au moins de découvrir la quarantaine de cartes disponibles qui vont de la petite salle exigüe, menant souvent à une véritable tempête de sang et de lambeaux humains, jusqu'à des niveaux immenses dont la gravité se trouve parfois quasi absente et où les snipers s'en donneront à coeur joie. Les niveaux de difficulté restent les mêmes que précédemment et finir le jeu en mode Divin nécessitera beaucoup d'entraînement – mais alors vraiment beaucoup, surtout pour venir à bout de certains bots qui sont vraiment bons et très précis, ce qui amène parfois une réelle frustration.

Chéri(e), devine qui vient dîner ce soir

... ou à mes adversaires.

C'est en multijoueur que le tout passe du formidable à l'orgasmique. Commencez dès maintenant à annuler vos rendez-vous pour vous consacrer pleinement à votre future seule et unique activité. Prenez des modes de jeu qui ont fait leurs preuves, un gameplay encore accéléré, des joueurs qui sautent partout, de tonitruants Rampage ou Unstoppable qui viendront ponctuer vos parties – oui oui, en modifiant l'UT2003.ini on peut tout passer an anglais – mélangez le tout et ajoutez quelques innovations telles que l'adrénaline et ses combos – afin de vous rendre invisible, très rapide, de vous régénérer ou encore de déclencher un Berserk meurtrier – et consommez sans modération. Mais attention, pensez à bien vous nourrir avant, car jouer à Unreal Tournament 2003 est éprouvant. On se prend tellement au jeu à parcourir les niveaux aux designs à la fois futuristes et antiques à la poursuite de ses petits copains, pour leur montrer que les massages à la roquette ça peut aussi faire du bien par où ça passe, qu'on en oublie parfois que le soleil puisse briller à l'extérieur... sauf quand il est la cause de maudits reflets.

Modes de jeu

La fin est proche.

Cinq modes sont disponibles au travers du jeu: le Deathmatch, le Team Deathmatch et la Capture de drapeau qu'on ne présente plus, toujours aussi rythmés et stressants, un mode Double Domination qui reprend les traits du mode Domination d'Unreal Tournament avec seulement deux point à défendre mais cette fois ci simultanément pendant une durée de 10 secondes minimum, et pour tout dire, l'esprit tactique en est relevé et il est souvent rageant de voir sa domination anéantie à une seconde du gong alors qu'on avait repris la position avec brio quelques secondes auparavant. Enfin un mode Bombe de balle (NDLR : (Bombing Run en VO pour éviter de se faire mal et surtout d'avoir envie de cogner les traducteurs) qui ressemble fortement à une partie de rugby puisqu'il consiste en la prise d'une balle neutre qu'il faut apporter dans le but situé en plein milieu de la base ennemie, et ce sans possibilité d'utiliser la moindre arme pour vous défendre. Captivant ? Pas vraiment, on passe un temps dingue à piquer la balle à l'adversaire puis à se faire descendre et on pleure la disparition du mode Assaut qui impliquait une véritable tactique d'équipe et une immersion presque scénaristique dans le jeu.

Arsenal

Sniper, vous avez dit sniper ?

Ce ne sont pas moins de douze armes qui composent ici votre arsenal potentiel. Aux classiques Assault Rifle – le nouvel Enforcer, qui dispose maintenant d'un stock de grenades comme tir secondaire, ce qui surprendra nombre de joueurs au moment du respawn –, Flak Cannon, Rocket Launcher – dont le gameplay vient se rapprocher de celui de Quake III Arena et qui a malheureusement perdu son deuxième mode de tir –, Shock Rifle ou encore Redeemer viennent s'ajouter le Link Gun – nouveau Pulse Gun très utile en équipe puisqu'il est possible de fusionner jusqu'à trois rayons à la manière de Ghostbusters en tirant sur un coéquipier qui l'utilise aussi –, le Lightning Gun – version “Railgun” du fusil de sniper –, le Shield Gun – bouclier quand vous n'aurez plus rien d'autre mais qui peut avoir des effets à bout portant dévastateurs – et enfin l'Ion Painter qui après une visée de quelques secondes sur un point fixe de la carte, déclenchera l'attaque destructrice d'un canon à ion venu du ciel à la Command & Conquer.

Karma Engine

Kaboom !

Une des plus grandes avancées proposées par Unreal Tournament 2003, mis à part l'Unreal Engine qui s'occupe allègrement de la partie graphique du jeu et le fait très bien tout seul, est sans conteste le moteur physique développé par Karma et utilisé dans la saga des Unreal : le Karma Engine – qui sera d'ailleurs aussi présent dans Unreal II. Vous l'aurez compris, ici, chaque modèle est divisé en sections, toutes interdépendantes et surtout chacune liée à la physique du monde : résultat, on obtient des chutes, des sauts très réalistes et des objets qui virevoltent quand vous tirez dessus. Ainsi vous ne verrez plus deux fois des personnages retomber de la même manière au sol après un saut, sans compter que voir les dépouilles mortelles de vos adversaires voler en éclat et aller repeindre les murs, une tête par-ci, un bras par-là, avant de disparaître sous une forme éthérée, planant quelques secondes sur le champ de bataille, est un réel bonheur.
Les Plus
  • C'est magnifiquement beau
  • L'adrénaline et les combinaisons spéciales
  • Les nouvelles armes et les nouveaux modèles
  • On rentre tout de suite dans l'action...
Les Moins
  • ...tellement qu'on n'en sort plus
  • Très grosse configuration recommandée
  • Le jeu solo, très anecdotique
  • Le mode "Bombe de Balle", décevant et parfois frustrant
  • La traduction française, correcte mais parfois étonnante
Résultat

Oui. Avouons-le, Unreal Tournament 2003, malgré quelques modifications qui vont certainement rebuter les fans les plus intégristes du premier opus, est un jeu extrêment jouissif, autant techniquement que dans la sensation que le joueur peut avoir. Rajoutez à cela un éditeur de cartes puissant et intuitif – nécessitant peu de connaissances en modélisation 3D – et une énorme communauté de joueurs déjà présente online qui y va de ses modèles de personnages, de ses cartes et de ses mutators – variantes de certains modes de jeu activables dans une partie comme le célèbre Instagib dont un seul tir déchire littéralement vos adversaires en deux morceaux de viande ruisselante d'hémoglobine – et vous obtenez indubitablement le jeu qui va hanter vos nuits pendant un bout de temps.

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