Test | Celtic Kings
26 oct. 2002

Testé par sur
Celtic Kings

Aussitôt après WarCraft 3, il fallait oser sortir un nouveau jeu de stratégie en temps réel. C'est ce que Celtic Kings a fait, en décidant d'innover, histoire de mourir avec panache. Plus de gestion de ressources en solo, un héros qui gagne de l'expérience et des objets au fil des combats, des quidams à interroger, à suivre ou à massacrer... Celtic Kings propose quelques innovations qui auraient pu faire date si elles avaient été pertinentes, ou au moins si elles avaient été bien exploitées. C'est un peu dommage tant le jeu fait sentir un excellent potentiel entre deux moments d'ébriété ludique.

Mauvais départ

A première vue, Celtic Kings n'est pas un si mauvais jeu que ça. Ce qui fait illusion les deux-trois premières heures, c'est qu'il a parfaitement assimilé l'importance d'un bon scénario, avec des personnages forts auxquels il arrive forcément plein de misères. Larax commence plutôt mal dans la vie puisque sa femme meurt lors de l'attaque de son village. Quelle idée aussi de courir dehors juste sous le nez des archers... Plutôt fâché, le blond gaulois aux faux airs de Christian Clavier part réveiller une divinité guerrière pour semer mort et destruction dans le camp teuton qui a lâchement assassiné sa douce et tendre. Evidemment, si ça marche plutôt bien au début, la suite se complique nettement vu les appétits de la divinité réveillée. Des teutons, Larax sera obligé de passer aux romains, histoire d'aller dire ce qu'il pense à Jules César en personne. Les profs d'histoire vont sans doute s'arracher les cheveux mais qu'importe, c'est pour la beauté du jeu.

Ton univers impitoyable

Au final, Celtic Kings mélange toutes sortes d'influences. Le contexte historique est très folklo avec des druides aux pouvoirs magiques et des romains qui se téléportent en utilisant des grottes, comme les Zergs dans StarCraft. C'est assez amusant mais il faut bien reconnaître que l'univers du jeu est tout de même très bancal. Pas assez scrupuleusement historique ni carrément exotique, le monde de Celtic Kings est bien déstabilisant. Ce qui retient l'attention quand même, c'est qu'au sein de ce grand n'importe quoi les missions sont intéressantes, pour une fois. Au début, Larax est tout seul sur son cheval. Il lui faut lever des armées en accomplissant des quêtes secondaires ou en trouvant des personnages bien disposés à son égard, ce qui induit un minimum d'exploration. L'impossibilité de bâtir un camp et d'envoyer ses troupes au massacre par bataillons gêne un peu au début, mais les situations sont tellement variées que ce détail finit par se faire oublier.

Un peu de finesse

Assez vite dans le jeu, il faut par exemple trouver le repère des druides qui se baladent librement sur la carte mais qui s'immobilisent lâchement dès que Larax entre dans leur champ de vision. Pour connaître l'emplacement de leur cachette, il faut soit aider un des leurs, soit suivre un groupe discrètement ! La difficulté consiste à s'approcher d'eux suffisamment pour voir où ils vont mais sans se faire repérer pour autant... D'autres passages sont infranchissables tant que le héros n'a pas atteint un niveau d'expérience suffisant. L'ennui, c'est que le gain d'expérience est insensible. Il faut vraiment tuer tous les ennemis d'une carte pour survivre ensuite dans une zone secondaire... qui n'apporte aucun bonus valable ! C'est plutôt vexant pour le joueur qui a perdu deux heures à faire grimper le niveau de son Larax... C'est que les bonus que l'on ramasse sur certains cadavres, généralement dans des zones difficiles d'accès, sont trop souvent les mêmes. Le coup de l'herbe revigorante que l'on trouve presque une fois sur deux, c'est quand même un peu mesquin. Face à WarCraft 3, largement plus généreux sur les bonus et autrement plus motivant, Celtic Kings ne tient pas la route.

Très répétitif quand même

Du coup, les niveaux se suivent et se ressemblent. A part le scénario et quelques bonnes surprises comme la chasse aux druides, rien ne peut motiver le joueur. Il s'agit toujours de trouver des armées sur la carte puis d'aller les faire se battre contre les ennemis, sans aucune finesse stratégique. Les reliefs sont complètement absents et les unités sont peu nombreuses. En plus, les ennemis sortent par fournées des forts ou des limites de la carte, ce qui rend les combats très brouillons. Il suffit de sélectionner toutes les unités mendiées aux quatre coins de la carte puis de cliquer sur la meute ennemie pour gagner. C'est plutôt bête pour un jeu dit de stratégie. Et évidemment, Celtic Kings ne propose pas de cinématiques à 10 millions de dollars la minute. Tous les rebondissements se font via le moteur 2D du jeu, avec des discours lassants qu'il ne faut surtout pas zapper sous peine de ne pas savoir quoi faire en cours de mission. Il manque un récapitulatif clair des objectifs et une carte détaillée. Car contrairement aux autres jeux du genre, la carte de Celtic Kings n'existe qu'au format plein écran, version vue satellite de la NSA mais sans la possibilité de zoomer.
Résultat

Ensuite, il ne reste plus que le Multijoueurs pour se consoler. Là, il est possible d'aménager des camps et de créer des troupes. Mais le jeu n'est guère passionnant. Le rythme des parties est affreusement lambin. Et puis, tactiquement, Celtic Kings est aussi faiblard qu'en solo. Les unités ne sont pas assez variées et l'absence de relief se fait vraiment cruellement sentir. C'est là que les vraies lacunes du jeu apparaissent, une fois que le scénario ne sert plus de carotte pour faire avancer le joueur. Pour un jeu de stratégie en temps réel, Celtic Kings est d'une pauvreté affligeante. Son seul atout, en fait, est de proposer un moteur 2D que n'importe quel PC peut afficher décemment. Bon évidemment ce n'est pas super beau non plus même si les bâtiments sont très détaillés et plutôt jolis à regarder. Mais enfin, en ces temps de surenchère technique, la 2D vieille école de Celtic Kings a un petit quelque chose de reposant. Voilà typiquement le genre de jeu qui peut valoir le détour pour les fans de stratégie ou pour les amateurs de curiosités, mais uniquement en version Budget, à tout petit prix.

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