Test | Grand Prix 4
24 août 2002

Testé par sur
Grand Prix 4
  • Éditeur Infogrames
  • Développeur Symergy
  • Sortie initiale 17 mai 2002
  • Genre Simulation

Il y a deux ans maintenant, alors que Grand Prix 3 sortait à peine dans les bacs, son génial concepteur, Geoff Crammond, annonçait déjà l'arrivée d'une nouvelle mouture promise comme "révolutionnaire". Autant vous le dire tout de suite, ce n'est pas le qualificatif qui convient, mais comme à l'accoutumée, cette évolution du jeu de Formule 1 le plus vendu au monde apporte son lot de bonnes et de mauvaises surprises tant au point de vue technique que dans le gameplay pur et dur de la simulation.

Ceci n'est pas une pipe

Grand Prix 4, tout comme ses prédécesseurs, dispose de la licence officielle de la FIA – Fédération Internationale de l'Automobile – et est libellé "Produit officiel du championnat du monde de Formule 1". La licence ici utilisée est celle du championnat 2001, celle du championnat en cours étant réservée à F1 2002 d'EA Sports – étonnamment d'ailleurs, la politique de la FIA ayant toujours été de ne jamais attribuer les droits d'un championnat en cours d'exécution. Il est cependant bon de rappeler que Grand Prix 3 avait bénéficié d'un add-on officiel comportant la saison 2000 et qu'il existe de toute manière déjà de nombreux mods non officiels permettant de mettre à jour sa version de Grand Prix 4.

C'est pas la taille qui compte

Après la découvert d'un packaging original – la grande boîte en carton se substitue à un petit boîtier cartonné de 13,5*19 cm environ, mais l'essentiel est que nous avons échappé à l'immonde boîtier DVD – ce qui choque en premier est sans doute le manuel du jeu. En fait de manuel il s'agirait plutôt d'un fascicule, comportant en tout et pour tout 35 pages, reprenant la plupart du temps mot pour mot celui de GP3. On y retrouve la liste des commandes du jeu, une description du fonctionnement du cockpit de la monoplace, un rapide tour de prise en main sur le circuit de Monza, mais aussi un guide très succinct destiné à vous aider à régler la voiture. Etonnant de la part de Microprose, qui nous habituait plutôt à ses pavés 21*29.7 souvent à vocation encyclopédique, plus proches du bottin que de l'encart publicitaire.

Force et honneur

Pour se plonger dans l'ambiance, une vidéo d'introduction nous montrant des bribes de séquences tirées du jeu nous présente ce dernier et son – très – pompeux slogan : "Nothing gets closer", comprenez : "Rien de plus proche" en français dans le texte. Le ton est donné : GP4 se doit d'être LA référence. L'arrivée au menu principal va toute de suite jeter un coup au moral : il se veut animé et design, mais il est loin de l'être. On prend deux teintes de couleurs, un peu d'animation façon "listing" en arrière plan, une musique d'ambiance, et l'interface de Grand Prix 1, on mélange le tout et on obtient alors les fantastiques menus de GP4. Ainsi en plus de ne pas être très beau, ce qui reste somme toute négligeable si l'on considère qu'il ne s'agit "que" des menus, on est à des kilomètres de ce qui s'appelle une interface ergonomique et les méandres des sous-menus perdront les non-initiés. Le problème est donc congénital et on n'a toujours pas trouvé le remède dans la famille Crammond.

Lifting raté

L'impression "moteur de deuch' dans un capot de Ferrari" va malheureusement perdurer : la gestion des commandes est toujours la même, avec un calibrage 2 axes pour les volants – il faut bidouiller pour en obtenir 3 – ou encore une aide au pilotage imposée à moins de créer son propre profil de commandes. Le menu de configuration graphique n'a pas changé d'un pixel depuis Grand Prix 2, imposant un nombre d'images par secondes souhaitées fonction des paramètres sélectionnées – bump mapping, reflets, objets dans les rétroviseurs, etc. – en priant pour que le temps processeur ne dépasse alors pas les 100% sous peine de voir une chute dramatique de la vitesse d'affichage de l'ensemble. Pour faire court : 5 ans de retard.

Modes de jeu

Les modes de jeu, eux, restent habituels – entraînement libre, course rapide, course hors championnat et bien entendu le championnat du monde lui-même – bien qu'on puisse noter la présence d'un mode "Tours rapides" dans lequel vous devrez effectuer, sur un nombre de tours et un circuit prédéterminés, les meilleurs temps possibles de façon spontanée. Sans doute un bon moyen de se mesurer à ses amis ou de comparer ses réglages, mais l'intérêt même de la chose est quasi-nul. On retrouve aussi les cinq niveaux de difficulté traditionnels, de Débutant à As, échelonnés en fonction des 9 aides au pilotage disponibles et dés/activables à volonté – freinage et boîte de vitesses automatiques, ligne directrice, indestructibilité, anti-patinage, rapport suggéré, mais aussi traction control – qui contrôle la traction de la voiture comme son nom l''indique – et un petit nouveau, le launch control, système électronique nouvellement homologué par la FIA, utilisé sur les voitures afin de faciliter le départ des courses.

Protocole

Le championnat vous permet évidemment de concourir sur les 17 circuits de la saison 2001 – on ne verra ainsi pas le nouveau tracé du circuit d'Hockenheim en Allemagne ou du A1 Ring en Autriche – week-end par week-end, en commençant par la séance d'essais libres du vendredi matin jusqu'à la course du dimanche elle-même en passant par les qualifications et le warm-up. Le protocole très réglementé du déroulement d'une course de formule 1 est ainsi parfaitement respecté. Il est bien entendu toujours possible de procéder aux réglages les plus fins de sa voiture tels que les ailes, la répartition du freinage, la dureté des amortisseurs ou des barres anti-roulis, en utilisant les données télémétriques – parfois difficiles à dompter même si un guide, la Gpaedia, est sensée vous y aider. Le seul regret vient de l'absence totale de réglages concernant les pneus, aussi bien température que pression, réglages pourtant demandés depuis longtemps par les nombreuses communautés online et présents dans les autres jeux concurrents.

Moteur 3D

Côté technique, le moteur 3D de GP4 se veut – du moins sur la boîte, c'est-à-dire commercialement parlant – étourdissant. S'il ne l'est pas tout à fait il reste néanmoins très sympathique, l'effort ayant été porté sur les textures – même si celle de l'asphalte est plutôt ratée – et sur la fluidité du tout. Les modèles 3D des voitures sont tout simplement superbes et d'une précision remarquable, ainsi que les effets graphiques admirables en vue extérieure, qui apporte d'ailleurs de petits plus comme une possibilité de conduite "arcade" en vue de dessus ou encore l'apparition des mouvements de la tête du pilote dans les virages ou des bras de celui-ci. Même sur une machine moyenne, pour un affichage de 25 images/seconde en 1024*768, la qualité reste très correcte, et les périodes de ralentissements se trouvent confinées lors des départs et du passage dans des zones graphiquement chargées de certains circuits – on pense ici à Monaco bête noire des amateurs de la série ne disposant que d'une machine modeste.

Moteur physique

Au niveau du moteur physique, on notera aussi un comportement amélioré des monoplaces aussi bien sur la piste qu'hors de la piste, ne permettant ainsi plus de transformer une Formule 1 en buggy tout-terrains, tout en évitant la conduite trop arcade façon "savonnette sur route mouillée" que proposent d'autres softs. L'impression d'être porté par des rails présente dans GP3 a elle aussi disparu, à condition bien entendu de retirer toutes les aides au pilotage, dont celle présente dans le menu de gestion des commandes. La voiture décroche bien dans les virages dans le cas de sous virages ou de survirages alors que vous la poussez à la limite de l'adhérence, les pneus crissent, et l'inertie de la voiture due à sa vitesse, surtout lors de têtes à queue, se fait bien sentir avec la gestion du retour de force.

Driving in the rain

La gestion de la pluie, qui manquait aux 2 premiers opus de la série, est quant à elle excellente et il n'est pas rare de s'arracher les cheveux sur sa stratégie de pneus lorsqu'il se met à pleuvoir subitement à un endroit du circuit mais pas à un autre – à noter qu'il est possible d'afficher, en mode cockpit, la visière du casque sur laquelle on peut apercevoir les gouttes s'écraser – ou alors de s'émerveiller quand la trajectoire commence à sécher, laissant alors apparaître des zones d'adhérence différentes sur la piste. On peut malheureusement regretter l'absence des drapeaux rayés rouges et jaunes indiquant les portions de piste glissantes, mais aussi d'autres marques de signalisation tels que les drapeaux blancs et noirs, la présence d'un Safety Car, ou encore une gestion des pénalités plus précise, incluant les Stop & Go ou les Drive Thru mis en place cette année.

A.I.

L'intelligence artificielle a elle aussi subi un léger remaniement, et il n'est pas rare d'assister à de véritables scènes d''intimidations entre pilotes. Ceux-ci se déboîtent, se ferment mutuellement la porte, se doublent puis se re-doublent avant parfois d'aller s'expliquer dans le bac à graviers. Par ailleurs, la gestion des dégâts sur votre monoplace est maintenant localisée c'est-à-dire qu'il est possible de ne perdre qu'une portion d'aileron ou de voir son flanc partir à la suite d'un choc, ce qui était impossible auparavant, la voiture ayant été découpée en zones – roues, ailerons avant et arrière, et un découpage en quartiers du reste de la voiture ; aussi de nombreux "incidents" tels que des crevaisons, explosions de moteurs et autres ruptures de suspensions viendront émailler les courses vous affectant aussi bien vous que vos concurrents.

Solitude...

Soyons direct : le multijoueurs est quasi-absent. On retrouve certes le mode Hot Seat désormais célèbre permettant à quelques amateurs de s'affronter tour à tour devant le même ordinateur, ou encore un mode de jeu TCP/IP en réseau local – le multijoueurs par modem et null-modem a été apparemment abandonné, du moins d'après une note distribuée dans la boîte du jeu. Cependant, n'espérez pas jouer par Internet, tout comme cela fut impossible dans les versions précédentes. La raison en est simple : la licence FIA interdit l'organisation de championnats parallèles à un quelconque championnat officiel en cours, en bref, une histoire de gros sous d'un autre âge contre laquelle les pauvres joueurs que nous sommes ne peuvent rien faire. Question d'habitude.
Les Plus
  • le nombre d'options ravissant le fan
  • le moteur 3D fort sympathique
  • la volonté de réalisme
  • la conduite sous la pluie
Les Moins
  • la prise en main difficile pour un débutant
  • l'ergonomie congénitalement catastrophique des menus
  • la gestion des volants 3 axes
  • la politique de la FIA concernant la multijoueurs, d'un autre âge
Résultat

Au final, se mélangent un goût amer dans la bouche et une forte envie d'en redemander : d'un côté l'impression de vieux produit lifté utilisant sa notoriété, de l'autre quelques petits plus – la pluie, les stands en 3D, l'IA, et l'incroyable évolutivité du soft grâce aux communautés online – qui font de GP4 ce qu'il était déjà : une excellente simulation de Formule 1. Quant à la question "et F1 2002 ?", la réponse est très simple : EA Sports nous gratifie certes d'un bon jeu doté d'une approche orientée grand public, mais qui dans le domaine très select de la simulation ne viendra pas détrôner l'éternel Grand Prix, et s'il est un reproche que l'on puisse faire à GP4 c'est bien celui d'avoir une capacité à faire fuir les novices devant la pléthorique quantité d'options proposée.

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Tribune libre