Test | Spider-Man: The Movie
30 juil. 2002

Testé par
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Spider-Man: The Movie
  • Éditeur Activision
  • Développeur Treyarch
  • Sortie initiale 7 juin 2002
  • Genres Action, Aventure

Le film est à peine sorti en salle que le jeu est déjà disponible sur un peu toutes les plates-formes du moment. Même si la méfiance est traditionnellement de mise devant ces opérations marketing rondement menées, il faut bien reconnaître qu'après quelques minutes le scepticisme s'efface presque totalement devant le plaisir de jeu. C'est à peine croyable, Spider-Man le jeu respecte très bien l'esprit du comic américain, au moins autant que Spider-Man le film. Du coup on a vraiment l'impression de se glisser dans la peau de Peter Parker, au point qu'on finit par regarder le plafond de sa chambre avec un poil d'envie.

Label Rouge

Avec son petit air bof et sa licence ciné qui fait frémir tout habitué des adaptations foireuses, Spider-Man le jeu était plutôt mal parti dans la vie. Et pourtant, ce jeu d'action sans prétention (et sans cinématiques tirées du film) arrive à séduire. Inutile d'afficher un sourire blasé, c'est plus facile de se laisser prendre qu'il n'y paraît. Ce Spider-Man est incontestablement soigné, pour un peu on dirait presque un jeu japonais d'ailleurs, genre Nintendo. Spider-Man répond bien, les animations sont chiadées et la palette de coups disponibles est étonnante. Même après quelques niveaux, on découvre encore des possibilités, comme chopper des éléments du décor, tandis que l'araignée apprend de nouveaux coups, des combos aussi efficaces que difficiles à sortir (logique). Pour donner quelques petits exemples, l'araignée peut se suspendre tête en bas à un plafond et descendre ou remonter à volonté tout en balayant les environs : idéal pour découvrir un niveau sans s'exposer. L'araignée peut aussi accrocher sa toile à n'importe quelle surface et la rejoindre d'un bond gracieux, pour éviter une meute de prétendants ou pour avancer plus vite, tout simplement. Ces nouveaux mouvements, auxquels on n'est pas habitués du tout dans un jeu vidéo, sont expliqués en détail dans le tutorial et les premiers niveaux du jeu. On apprend donc tout en s'amusant, c'est génial.

Le couac

Le petit effet Kiss Cool qui prend en traître, c'est que toutes ces possibilités réclament pas mal de touches et de combinaisons. A moins de se faire greffer deux bras, il est donc indispensable de jouer au pad. Inutile de pleurer la souris pour sa précision, elle n'est de toute façon pas utilisée pour viser dans la config clavier ; décidément, il faut vraiment jouer au pad, et de préférence avec un pad disposant de deux sticks analogiques comme les Dual Shock des PlayStation. C'est un peu élitiste tout ça mais n'oublions pas que le jeu a été d'abord pensé pour les consoles et qu'on a bien de la chance de le voir débarquer sur PC. Alors attention à ne pas trop râler, sinon la prochaine fois Activision serait bien capable de sucrer direct le portage. Et comme dans beaucoup de jeux console portés sur PC, les sauvegardes se font en fin de mission seulement. Heureusement, on n'a pas besoin de mettre une Memory Card pour sauvegarder.

Le deuxième couac

Maintenant que l'épineuse question du pad est réglé, il reste à aborder le deuxième vrai problème du jeu, le plus embêtant en fait : les caméras. Les développeurs ont décidé de laisser le joueur les contrôler, ce qui est plutôt finaud quand on voit le résultat que donnent les caméras automatiques sur certains jeux. L'ennui, c'est que leur déplacement est leeeeeeeeeeeeeeeent ; il faut bien cinq secondes pour faire le tour du personnage, ce qui est mortel en cas d'attaque groupée. Même si les développeurs ont pensé à quelques subtilités comme le lock pour accrocher une cible et toujours la garder en vue (au risque de tomber ou de racler les murs), la gestion manuelle des caméras est trop lourde pour permettre d'y voir quelque chose dès qu'on est attaqué par quatre ennemis simultanément. Oui, c'est hélas fréquent. Ce qui est bien énervant aussi, c'est que la caméra reste bloquée sur Spidey même quand celui-ci fait volte-face. Du coup, le temps de recadrer, on voit l'ami Peter (de face donc) se prendre plein de coups de la part d'un ennemi resté hors-champ. Ca aussi ça arrive souvent.

Que du bonheur

Avec un peu d'habitude (et en allant farfouiller dans les menus de configuration des touches), on finit par se débrouiller plutôt bien en jonglant avec le lock et le recadrage, ou en fuyant lâchement pour remettre de l'ordre dans les vues. Il n'empêche, la prise en main est longuette et on perd souvent à cause de cette maudite caméra. Ensuite, on apprend vu les cadrages limites à faire preuve d'un peu de subtilité plutôt que de toujours forcer le passage. Comme beaucoup de jeux en ce moment (c'est la mode), Spider-Man propose des séquences d'infiltration qui évitent de foncer dans le tas bêtement. Il faudra tout de même qu'une bonne âme se dévoue un jour pour dire aux développeurs que Metal Gear Solid c'est bien, mais qu'on pourrait passer à autre chose maintenant... Bref. Donc dans Spider-Man, les zones d'ombre et de lumière sont gérées. Du coup, en évitant les lumières, Spidey peut progresser sans se faire repérer. Ca marche très bien quand on reste scotché au plafond en évitant les néons, ou à la rigueur en rampant sur les murs. La méthode a peut-être ses fans, mais dans un jeu qui s'apparente aux beat-them-all de nos bons souvenirs d'antan, on aurait bien aimé avoir vraiment le choix entre action et infiltration. Pas de bol, à cause des caméras, le trip infiltration prend souvent le pas sur la méthode Schwarzy.

Mon Oncle

Heureusement, le jeu est suffisamment bien ficelé pour faire oublier ces deux-trois désagréments. Grosso modo, le jeu colle au film en commençant au moment de la mort de l'oncle, à la différence près qu'évidemment il faut trucider une bonne vingtaine de vilains avant d'atteindre le meurtrier (ça reste un jeu). On débute avec le costume de catch tout naze sur le toit d'un immeuble et hop ! on se lance dans le vide en se balançant de toiles en toiles et en suivant docilement un indicateur qui pointe les méchants. C'est un peu répétitif mais comme la réalisation est belle à pleurer sur un bon PC (prévoir un gigahertz au compteur et une carte graphique Direct X8), on ne se plaint pas trop. Par la suite, quelques supers vilains s'invitent, même s'ils n'apparaissaient pas dans le film. Les tentatives de drague n'ont malheureusement pas été incluses (ce n'est donc pas un jeu japonais, finalement) mais la douce et tendre de Peter fait malgré tout une apparition remarquée sur la fin. Non, il ne sera pas possible de la laisser tomber, bande de vicelards : le jeu est bien fidèle au film sur ce genre de détails. Ca reste donc un peu gnan-gnan (américain quoi), voire un peu plan-plan : il s'agit toujours de nettoyer les niveaux de l'odieuse vermine qui l'infeste, avec quelque suppléments gratuits parfois comme protéger des innocents. Forcément, à la longue, ça peut gonfler, mais bon c'est quand même le genre qui veut ça depuis pfffffffiou ! Double Dragon au moins.

Bel enrobage

Tous ces rebondissements sont présentés à l'aide de très belles cinématiques basées souvent sur le moteur du jeu et parfois calculées en images de synthèse. Aucun extrait du film n'est hélas proposé, ce qui est quand même bien dommage. Une fois qu'on a la licence, c'est dommage d'en faire surtout profiter la jaquette... Les personnages ont quand même été modélisés d'après les acteurs et l'environnement sonore du film est bien respecté. En VO notamment, on retrouve les voix originales, un pur bonheur. A part ça, techniquement, le jeu propose des textures très propres et très détaillées, ainsi que quelques effets graphiques assez classes pour les lumières et les éclairs par exemple. Rien de révolutionnaire, ça reste très carré notamment, et on a déjà vu mieux ailleurs. Simplement c'est propre, c'est d'un bon niveau technique même si du coup il vaut mieux avoir une bonne bécane pour afficher décemment tout ça. Rien de nouveau au royaume du PC en somme mais pour un portage, ça rassure.
Les Plus
  • Adaptation fidèle du comic et du film
  • Beaucoup de mouvements différents
  • Nerveux et bien réalisé
Les Moins
  • Bonne config et pad à prévoir
  • Une caméra lambine
  • Répétitif à la longue
Résultat

Mine de rien, ce Spider-Man est au final bien exigeant. D'abord, il faut une bonne configuration, même ce qui est affiché ne le justifie pas vraiment. Il faut aussi un pad avec des sticks parce qu'au clavier c'est l'horreur. Accessoirement, il vaut mieux aimer Spider-Man aussi, le personnage en général et le film en particulier. Et enfin, il faut pouvoir supporter les caméras mollassonnes qui avantagent grandement les vilains. Ca fait un bon paquet de bonnes raisons d'éviter ce jeu mais pourtant, côté action, ce Spider-Man est quand même sacrément bien fichu. La palette de mouvements vraiment originale rend le jeu unique, parce que mine de rien c'est rare de pouvoir se coller partout en balançant des toiles à tire larigot (jouissif). Une fois n'est pas coutume, le scénario est également très prenant et ne colle pas systématiquement à celui du film (heureusement pour la durée de vie). Comme la durée de vie justement est conséquente, surtout avec cette histoire de sauvegardes console, ce Spider-Man est au final un bon cru. Indispensable pour les fans et intéressant pour les amateurs de jeux d'action, voilà au final un bon petit jeu qui vaut le détour.

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