Test | Splinter Cell : une conviction pas très convaincante
05 juin 2010

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Tom Clancy’s Splinter Cell : Conviction

La série Splinter Cell comprend quatre volets majeurs sur PC et sur les différentes générations de consoles qui se sont succédées. Basé avant tout sur l'infiltration, le gameplay a ainsi toujours fait la part belle à la furtivité, à l'étude des zones d'ombre du terrain ou du trajet des sentinelles. Un pendant de la série Metal Gear, en quelque sorte. Et bien cette vérité est en passe de changer avec Splinter Cell : Conviction, qui transforme l'éternel héros Sam Fisher en un clone d'Arnold Schwarzenegger tout droit sorti de l'un de ses films les plus bourrins...

La vengeance dans la peau

Vous incarnez donc à nouveau Sam Fisher, ex-agent d'Echelon 3 (une antenne secrète de la NSA) depuis la mort de sa fille Sarah soi-disant renversée par un chauffard dans Double Agent. Trois ans se sont écoulés depuis ce triste évènement, et Sam est devenu un fugitif solitaire. Il cherche par tous les moyens à connaître la vérité sur la mort de sa fille, et il est déterminé à tout faire pour assouvir sa vengeance. L'aventure débute à la terrasse d'un café sur l'île de Malte. Vous recevez un appel d'Anna Grimsdottir – Grim pour les intimes – l'agent qui vous servait autrefois de soutien logistique sur le terrain aux côté du défunt Irving Lambert. Elle vous révèle que des soldats sont sur le point de vous assassiner dans quelques minutes et que vous devez fuir immédiatement. Débute alors le premier niveau qui sert essentiellement de didacticiel afin d'appréhender au mieux les nouveaux mouvements de Sam.

Un chat sous amphétamines

Même dans la position plus inconfortable qui soit, vous n'avez aucun problème pour dégommer vos ennemis.

Vous vous attendez à un gameplay dans la continuité des quatre premiers épisodes ? Alors passez votre chemin. Si Sam était un chat dans Chaos Theory, agissant avec agilité, silence et souplesse, c'est devenu un lion féroce dans Conviction. Il ne fait plus dans la dentelle, frappant pour tuer, ou claquant la tête de ses ennemis sur un lavabo ou un muret pour les interroger. Tout est prétexte à effusion de sang ou à explosion. La pseudo discrétion que permet le jeu n'est plus qu'une façade masquant une action non-stop du style "J'avance-Je tue". En définitive, se la jouer discret relève du masochisme étant donné que Sam est devenu une efficace machine à tuer, et ce même au grand jour. Bien sûr, Sam n'est pas immortel, donc il convient de rester à couvert. Mais une fois abrité, il n'est pas difficile de tuer tout le monde sans bouger malgré le déclenchement de l'alarme. Les développeurs en ont bien conscience, et c'est la raison pour laquelle ils ont ajouté le système "marquer-exécuter".

Balles à tête chercheuse

Les cibles "marquées" son désignées par un chevron rouge au dessus de leur tête.

Ce système a été pensé pour récompenser ceux qui parviennent à tuer un adversaire au corps à corps. Ce faisant, vous gagnez en effet le droit de "marquer" deux – voire trois avec certaines armes améliorées – ennemis. Et il vous suffit alors de presser le bouton "exécuter" pour que le super soldat trucide automatiquement ces deux cibles d'une balle parfaitement ajustée. Une sorte de "pilote automatique", en quelque sorte. Il est d'ailleurs également possible de "marquer" des objets à la place de soldats. En "marquant" par exemple un bidon d'essence, il explosera automatiquement lorsque vous passerez en mode "exécution". Ce séduisant système autorise une bonne planification des attaques : se débarrasser discrètement d'une sentinelle isolée, puis tuer rapidement ses deux petits copains en train de discuter un peu plus loin grâce à un judicieux "marquage". Associé aux couvertures automatiques à la Gears of War activées grâce au bouton droit de la souris, cela laisse quand même un arrière goût d'assistanat dans la bouche.

Arsenal améliorable

Des dépôts d'armes sont disséminés un peu partout. Pas très crédible quand même.

L'arsenal proposé par le jeu est assez conséquent : divers pistolets, fusils à pompe ou fusils mitrailleurs sont ainsi disponibles. Vous pouvez ramasser n'importe quelle arme ennemie, et également compter sur un grand nombre d'accessoires, de la grenade flash à la mine radiocommandée en passant par la célèbre caméra-glu. Tout cet équipement est améliorable grâce aux points que vous gagnez en accomplissant les différents défis du jeu (faire des tirs à la tête, tuer sans être vu, et.). Vous utilisez ces points dans les dépôt d'armes afin de rajouter par exemple un silencieux, une lunette de visée ou des chargeurs de plus grande capacité à votre arme préférée, lorsque celle-ci le permet. Le problème, c'est que les armes ne sont pas très équilibrées entre elles. Le MP SD3 est nettement au-dessus du lot grâce à son silencieux d'origine. Une fois équipé d'une lunette de visée, vous allez accumuler les tirs en pleine tête sans bouger de votre cachette et sans que l'ennemi ne sache d'où vient le tir, surtout que le QI moyen du soldat de base ne semble pas très élevé.

Stupidité artificielle

L'ennemi est à moins de 2 mètres de vous, possède une lampe torche mais ne vous voit même pas !

En effet, l'intelligence artificielle des ennemis est vraiment désastreuse. Ceux-ci sont, d'une part, myopes comme des taupes mais surtout complètement idiots. Il est ainsi fréquent de leur faire face et de pouvoir les ajuster avec précision sans qu'ils ne se doutent de rien, ou de les voir arriver à la queue-leu-leu devant votre cachette pour que vous les tuiez un par un alors même qu'ils répètent inlassablement : "N'avancez plus, on va attendre la cible ici". D'ailleurs, le doublage français est assez médiocre. Sam est pourtant doublé par l'expérimenté Daniel Beretta – la voix française d'Arnold Schwarzenegger – mais , sans mauvais jeu de mots, son ton manque cruellement de conviction, notamment lors des phases d'interrogatoire. Les ennemis, pour leur part, ne disposent que d'une petite dizaine de répliques ressassées aléatoirement. Heureusement, les thèmes musicaux sont assez bien choisis : ils restent discrets lorsque c'est nécessaire, mais parviennent à donner du rythme lorsque l'action s'emballe.

Du co-op au programme

Lorsque vous êtes repérée, une image "résiduelle" symbolise la position où les ennemis vont vous chercher.

Splinter Cell : Conviction ne propose pas uniquement une campagne solo – heureusement d'ailleurs, puisqu'elle se boucle en 6 ou 7 heures – mais également un mode multijoueur en coopération ou en compétition. Dans le seul mode digne d'intérêt, c'est-à-dire dans le mode coopératif, vous n'incarnez plus Sam Fisher mais, au choix, l'agent Archer ou l'agent Kestrel dans un prologue de l'aventure solo ("Histoire coopération"), dans une phase de défense d'un générateur IEM ("Dernier survivant") ou dans une mission visant à éliminer tous les ennemis de la carte ("Chasseur"). Si ces modes offrent une bonne rejouabilité, pas de miracle, ils souffrent des mêmes affres que ceux de la campagne solo : la furtivité laisse vite place au bourrinage, L'IA est toujours aussi catastrophique, et il est impossible de déplacer les cadavres pour aller les cacher hors du champ de vision des autres soldats, alors que ça a toujours été possible par le passé. Dommage également qu'un système de chat n'ait pas été implémenté pour pouvoir facilement coordonner les actions.

Protection et bugs abusifs

Elle est pas belle, cette mitraillette qui flotte en l'air à travers le mur ?

Splinter Cell : Conviction nécessite une connexion permanente sur les serveurs d'Ubisoft pour y jouer, même pour la partie solo. C'est relativement contraignant étant donné que, contrairement à l'efficace système Steam de Valve, celui dont il est question ici est très capricieux. La moindre microcoupure, voire même la simple petite baisse de débit – téléchargement ou conversation téléphonique en cas de VOIP – est susceptible d'entraîner des déconnexions du serveur. Cela rend parfois certaines parties assez hachées. Si vous ajoutez à cela les ralentissements ou les plantages qui surviennent même sur une grosse configuration avec pilotes graphiques à jour, les bugs de textures qui se superposent, ou les tirs possibles à travers certains murs, vous comprenez sans mal que la partie technique du jeu fait parfois peine à voir. Dommage, car la mise en scène est plutôt efficace, à la fois originale et rythmée.
Les Plus
  • Des graphismes honnêtes
  • Une mise en scène efficace
  • Une rejouabilité présente grâce au mode coopération
Les Moins
  • La furtivité laisse la place au bourrinage
  • Une intelligence artificielle désastreuse
  • Une phase d'optimisation/débuggage bâclée
  • Un système de protection très pénible
Résultat

En définitive, Splinter Cell : Conviction présente tous les traits de la contrefaçon chinoise : une ressemblance agréable bien qu' approximative avec le produit d'origine, mais un manque de qualité dès que vous l'observez de plus près. L'appartenance à la série Splinter Cell ne se limite qu'à un logo sur une boite, à un nom de héros et à une seule mission d'infiltration restée dans l'esprit des premiers volets. C'est bien peu au final, sauf si vous n'avez jamais entendu parlé de Sam Fisher auparavant et que vous n'êtes pas encore rassasié de jeux d'action grand-spectacle...

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