Test | Freedom Force
16 juil. 2002

Testé par sur
Freedom Force

Une sombre menace plane sur notre belle planète, sous la forme d'une substance mutagène envoyée par une race malveillante pour corrompre le coeur des hommes. Sur quelles épaules puissamment bâties va donc reposer le destin de l'humanité ? Qui va organiser la résistance, quels seront les chevaliers des temps modernes qui auront la ressource de combattre les plans machiavéliques d'une bande d'extraterrestres dégénérés ? Ces valeureux héros existent et se sont rassemblés sous une bannière, celle de la liberté. N'ayez plus peur et suivez le lien, car la Freedom Force est là !

Le décor est planté

Au début des années 60, l'industrie des comic books connaît aux Etats-Unis une crise sans précédent. Deux hommes vont savoir rafraîchir le genre en donnant aux héros un caractère plus humain : ce sont les créateurs de Spiderman, des X-Men ou encore des 4 Fantastiques, Stan Lee et Jack Kirby. Freedom Force s'inspire directement de cette époque, en y ajoutant un vernis parodique indispensable de nos jours pour ne pas sombrer dans le ridicule. Cependant tous les ingrédients des comics de l'époque sont présents. Les mutations, le héros tragique que ses pouvoirs ont transformé en monstre (Man-Bot, qui a un petit air de La Chose), le patriotisme et l'abnégation du chef de la bande (Minuteman qui ressemble étrangement à Captain America) et, bien entendu, le lieu où se déroule l'essentiel de l'action, décor indissociable d'une bonne histoire de super-héros : Patriot City, ses voitures, ses citadins et ses buildings.

City-ville sur Bourg

Le port de Patriot City est l'endroit rêvé pour se livrer au concours de l'homme le plus fort du monde

Pour cette raison, l'action des quelques 38 missions que comporte le jeu se déroule presque exclusivement en ville. Parti pris graphique ou solution de facilité pour les gars d'Irrational Game, toujours est-il que l'omniprésence de la ville agace quand, même lors d'une descente dans les profondeurs, on retrouve une reproduction de la cité du dessus. De même il n'aurait pas été superflu de faire se dérouler certaines missions dans des intérieurs (la base de la Freedom Force par exemple) ou dans des décors plus fouillés (une mission dans un parc d'attraction, toile de fond "classique" de l'univers comics n'aurait pas été de trop). Bon, si on ne voyage pas beaucoup dans Freedom Force, rassurez-vous tout de même, les graphismes sont très réussis et la ville subira de nombreux liftings malveillants. De plus, de la texture granuleuse du pavé jusqu'au gazon impeccable des parcs urbains, l'aspect BD, s'il est simpliste, est en tout cas efficace et agréable à l'oeil. Ce petit monde est coloré et vivant, des voitures circulent, les civils se promènent, inconscients du danger qui les guette, tout cela dans le plus pur style architectural et vestimentaire des années 50.

Freedom Tactics

La Freedom Force ne fera qu'une bouchée de ce T-Rex

L'aspect graphique de Freedom Force ayant été évoqué, attardons-nous sur le principe du jeu et les mécanismes qui le régissent. Sur le principe, Freedom Force est un mix entre Fallout Tactics et Baldur's Gate. Fallout Tactics pour le côté tactique (cqfd) : l'on y dirige des personnages, sur une carte définie, dans le seul but de punir les brigands mal intentionnés que le scénario a placé sur votre route. Baldur's Gate parce que les combats se déroulent en temps réel avec possibilité de pause pour déterminer les actions de ses personnages. Au début de chaque mission vous sélectionnerez 4 héros au sein d'une liste rassemblant les membres de l'équipe. Pour engager de nouveaux membres, ils vous faudra dépenser des points de réputation, glanés en réussissant les missions et les objectifs secondaires. Simple mais efficace.

Bing ! Crack ! Chomp ! Smack !

L'un des nombreux "Big Boss" que compte le jeu

Les combats vont mettre aux prises vos héros avec les vilains qui parsèment le jeu. Chaque vilain vous obligera à trouver des techniques différentes pour les vaincre plus aisément. Vos personnages ayant des super-pouvoirs aux applications et effets variés, il vous faudra à chaque fois trouver la combinaison optimale. C'est à peu prêt la seule difficulté du jeu car pour le reste, les combats eux-mêmes sont assez bourrins et si ce n'était l'interface limpide (un clic droit sur un ennemi ou un élément du décor fait apparaître une liste déroulante des actions possibles), on aurait tendance à s'y perdre. Pour le reste, au niveau visuel les super-pouvoirs sont illustrés avec force effets d';explosions et de lumière, sans oublier, bien sûr, les inévitables onomatopées, références directes à l'incroyable série Batman des années 60. L'histoire, quant à elle, mettra sur votre route un vilain communiste maître du froid ou des hommes taupes dans leurs demeures souterraines. Les classiques cinglés auxquels les comics nous ont habitués seront évidemment de la partie : du génie du mal au dieu fou que vous irez défier dans son propre royaume en passant par un savant frustré et revanchard, tous sont là.

Les cadors de l'équipe

El diablo, personnage au tempérament... brûlant

Parmi les super-héros notables de la Freedom Force, vous trouverez le chef et créateur de l'équipe, Minuteman solide pilier du groupe. Autre personnage incontournable, El Diablo, un héros volant et adepte de la boule de feu, issu des bas-fonds de Patriot City, ou encore le Mentor, un extra-terrestre dissident venu soutenir l'humanité. Au total, vous pourrez engager plus de 12 héros que vous choisirez ensuite avant les missions en fonction de leurs pouvoirs. Bonus non négligeable du jeu, vous pourrez également créer vos propres héros par le biais d'un éditeur très bien pensé. Le système est très simple et ressemble à s'y méprendre au processus de création de personnage dans un jeu de rôle. On dispose d'un certain nombre de points de création qu'il faut répartir pour augmenter les caractéristiques et acheter des attributs spéciaux. On choisit ensuite ses super-pouvoirs parmi une liste exhaustive. Enfin on fignole le tout en sélectionnant un effet graphique qui matérialisera l'utilisation des super-facultés du héros. Ce héros n'est pas seulement utilisable dans le mode multijoueur, puisque selon sa puissance, il est possible de l'embaucher dans l'équipe en dépensant le nombre de points de réputation adéquat. Rien ne vous empêche donc de recréer votre héros favori, d'autant que, le jeu étant sorti depuis un moment aux Etats-Unis, vous trouverez de nombreuses skins sur le net pour vêtir vos héros.

Les joies de la destruction

Du vandalisme à grande échelle

Comment rendre efficacement à l'écran les facultés surhumaines dont sont dotés les héros ? Pour ce faire, les développeurs de Freedom Force n'y sont pas allés par 4 chemins et ont simplement décidé que tous les éléments du décors seraient interactifs. En pratique cela se traduit par le fait que vous pourrez utiliser comme arme absolument tout ce qui vous tombera sous la main : voitures, feux de signalisation, poubelles et objets divers. Les constructions quant à elles ont un certain nombre de points de structure qui verront l'édifice s'écrouler lorsqu'ils seront réduits à zéro. Tout cela, soutenu par une profusion de super-pouvoirs aux effets aussi variés qu'impressionnants, contribue dans certains niveaux à créer une joyeuse ambiance de fin du monde.

Un mode multijoueur décevant

Une petite joie du multijoueurs : écraser ses ennemis à coups de voiture

Un jeu comme Freedom Force aurait dû se doter d'un mode multijoueur coopératif, mais malheureusement il n'en est rien et vous devrez vous contenter d'un triste mode deathmatch. Certes, il peut être intéressant au début de mesurer ses créations à celles d'autres joueurs : s'éclater à plusieurs à coups de Chevrolet est un plaisir tel que seul Freedom Force peut en offrir, la ville s'écroulant autour de vous alors que vous livrez des batailles titanesques. Cependant toute cette agitation manque manifestement de profondeur et ce mode devient vite répétitif et lassant. Sachez quand même que pour chaque partie un nombre de points de réputation maximum sera fixé par les joueurs, chiffre à partir duquel vous pourrez constituer une équipe composée de plusieurs personnages de force moyenne ou d'un seul personnage monstrueux (cette dernière solution étant souvent la plus efficace).

Des choix de progression limités

Chaque personnage vous donne droit à une explication sur ses origines

En plus de ce mode multijoueur qui ne tient pas ses promesses, on peut adresser d'autres critiques à Freedom Force. Tout d'abord, en ce qui concerne la progression des personnages durant le jeu : les points d'expérience reçus à la fin de chaque niveaux ne vous serviront qu'à acheter ou à améliorer des pouvoirs prédéfinis. Au final vous n'avez pas vraiment de choix dans l'orientation des personnages d'origine. C'est vraiment dommage d'autant que ces points auraient pu servir à acheter l'attribut vol à d'autres personnages qu'El diablo, seul membre de l'équipe à disposer de cette faculté pourtant fort utile. Heureusement il est toujours possible d'engager le super-héros que vous aurez préalablement créé. Outre la critique formulée plus haut au sujet de l'omniprésence de la ville on pourrait ajouter que le jeu est relativement répétitif, le côté jeu de rôle est pratiquement inexistant (vous n'avez aucun choix sur le déroulement de l'histoire) pour laisser place à une succession de combats renouvelés avec l'apparition de nouveaux ennemis toutes les 4 missions. Mais après tout, n'est-ce pas là le principe du comics ?
Les Plus
  • Un jeu qui met parfaitement en scène le thème du super-héros
  • L'humour décalé et parodique
  • Le système de création de personnages
  • Une interface excellente
Les Moins
  • La progression limitée des personnages d'origine
  • Un jeu tactique qui manque de profondeur
  • L'absence d'un mode multijoueur coopératif
Résultat

Soyons tout de même honnêtes, ces quelques défauts éclipsent à peine la formidable ambiance dans laquelle baigne ce jeu. Le concept est original et dépaysant, le principe du RPG tactique était le choix idéal pour rendre le chaos des luttes que livrent les super-héros dans les comics. Le gameplay quant à lui est porté par une interface exemplaire et un moteur 3D qui autorise l'utilisation et la destruction de la quasi-totalité des éléments du décor. De plus, Freedom Force est doté d'une bonne dose d'humour parodique qui reprend et détourne joyeusement les poncifs du genre. Si ce n'avait été ce côté répétitif, tant dans l'action que dans les décors et l'absence d'un mode coopératif, Freedom Force aurait pu décrocher la timbale du jeu de l'été (quoique la concurrence soit rude). Toujours est-il que l'originalité du concept et le thème du super-héros en font un achat indispensable pour ceux qui aiment les jeux funs, décalés et uniques.

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