Test | Dynasty Warriors 6 : une histoire sans fin
11 avr. 2008

Testé par sur
Aussi disponible sur
Dynasty Warriors 6
  • Éditeur Koei
  • Développeur Omega Force
  • Sortie initiale 7 mars 2008
  • Genre Beat'em All

Dix ans déjà que Koei ordonne une relecture qui semble sans fin de l'Histoire chinoise. Le roman de Luo Guanzhong semble être devenu une source inépuisable pour l'éditeur. Il a trouvé une véritable signature déclinée en système de jeu (Dynasty Tactics, Empire) ou en périodes historiques différentes (Samourai Warrior, Bladestorm) qui jouissent d'un engouement capricieux mais toujours rentable. Chargé d'un long et lourd patrimoine, Dynasty Warriors 6 est pourtant attendu pour son arrivée sur les consoles nouvelles générations comme l'épisode salutaire à la modernité naissante.

Un jeu bien renseigné

Rares sont les jeux qui vous offrent une encyclopédie complète de l'événement auquel vous prendrez part. L'ampleur de la documentation est du jamais vu dans un jeu vidéo sur console et vient appuyer avec véracité les épreuves, les personnages, les faits, les décors, les incidents et les coïncidences d'une histoire aux points de vue multiples puisque neuf personnages sont à votre disposition. Une habile surenchère de protagonistes qui permet de multiplier les ficelles scénaristiques vous plaçant aux côtés de toutes les forces en présence. Cette absence de parti pris historique est d'ailleurs la plus grande force de Dynasty Warriors 6 et lui permet de garder une fraîcheur qui renvoie à ses origines littéraires. À l'inverse, les cinématiques nerveuses et énergiques qui emplissent le jeu desservent la psychologie et le charisme des personnages, les ramenant vers le ridicule et le caricatural. Comme cette insupportable musique.

L'instruction par le Beat'em all

Les paysages ne manquent pas de charme.

Si le contexte est d'une rare finesse, il n'a pourtant jamais mérité autre chose qu'un gros Beat'em all qui vous voit affronter des milliers de soldats prêts à mourir ou à fuir. Alors, si dans le cas du puissant Drakengard cette dualité donnait lieu à des combats dantesques qui faisaient sens, ici, accompagné de plusieurs armées hébétées, la situation devient inconcevable à l'heure des "places fortes" mises en place par Koei. Le concept aurait demandé un véritable enrichissement stratégique pour que le jeu prenne une force nouvelle. Il n'y aucune gestion des unités qui vous accompagnent, l'idée des "places fortes" est reléguée au rang de cantines. La maniabilité des héros connaît trois principes d'attaque qui se répètent à l'infini : deux bases d'attaque quasi-similaires qui chargent une barre dépendante du nombre d'ennemis tués et une dernière qui déclenche un coup spécial lié à la nature de l'arme choisie. Cette pauvreté ludique vous donne des complexes lorsque le plaisir se fait sentir : lors de ces confrontations puissantes épée contre épée qui jaillissent de mille étincelles, ces soldats vous ceinturant lors d'un duel important, offrent une belle intensité cinématographique à l'action et leurs cris retentissant plein de rage dans la conquête.

Des impératifs pénibles et mal honorés

Une profondeur de champ remarquable qui voit mourir, vaincre, fuir et qui vous condamne à être le dernier espoir.

Il y a pourtant de jolies choses dans ce jeu, par petites touches, comme ces paysages pleins de charme qui créent une atmosphère mélancolique où le temps semble s'être arrêté dans la pérennité d'une gargantuesque bataille. Pris dans ce continuum guerrier, vous oubliez les objectifs d'avant la bataille pour gagner les principales cibles disséminées sur la carte et les vaincre dans une goinfrerie malheureusement limitée. La frustration vient du fait que vous n'êtes jamais libre d'entreprendre le parcours que vous avez décidé et devez vous coller précisément au rythme demandé par les objectifs, sous peine de voir votre mission échouée. Ce problème de maîtrise risque notamment de toucher les plus impatients d'être vous, bien heureux d'imaginer gambader à l'envie sur de belles cartes pas pressé de boucler des objectifs peu originaux, préférant engranger des points d'expérience. La finalité de ces points est d'accroître le niveau de votre personnage et de sa monture à travers des caractéristiques sur lesquelles vous n'aurez aucune incidence : Vie, Attaque, Muso, Défense. Vous intervenez par contre sur une arbre d'évolution des compétences très habile que vous pouvez administrer comme bon vous semble mais dont le résultat à l'écran ne se fait pas vraiment ressentir. Il laisse une impression uniforme qui contredit la course à la puissance que devrait procurer le jeu.
Les Plus
  • Des moments intenses
  • Un contexte littéraire bien retranscrit
  • Des personnages et des décors très charismatiques
Les Moins
  • Un gameplay d'une grande pauvreté
  • Des objectifs stupides et frustrants
Résultat

La plus grande richesse de Dynasty Warriors 6, c'est-à-dire son contexte historique, est aussi sa plus grande faiblesse. Par respect pour l'Histoire et l'œuvre, Koei est dans l'obligation du compromis entre événements et personnages historiques. Réorganiser son système de jeu serait susceptible de reléguer ses héros à l'arrière-plan et la peur de trahir l'Histoire les empêche de créer un jeu puissant tout entier dédié à la gloire de ceux-là. Dans cette difficulté à se trouver, Dynasty Warriors 6 risque de décourager jusqu'à ses plus fidèles admirateurs et de perdre de cet enthousiasme capable d'exciter les regards les plus indifférents.

Partagez ce test
Tribune libre