Test | La Malédiction de Judas frappe à votre porte
11 mai 2007

Testé par sur
Belief & Betrayal

La mode du Da Vinci Code continue de faire des émules... Après un jeu officiel tiré du film et un autre pas du tout, c'est au tour de Micro Application de se lancer dans la course des jeux d'aventure mélangeant action, suspense, spirituel et rituels. Avec une pointe de démoniaque et d'ésotérisme. Dans La Malédiction de Judas, vous incarnez un jeune reporter en danger de mort depuis que son oncle, agent secret au service du Vatican, s'est fait mystérieusement assassiner. Une sombre histoire de reliques et d'informations secrètes plane sur l'aventure, tandis que vous êtes catapulté avec d'autres co-héros dans des situations renversantes pleines de retournements.

La logique du point & click a encore frappé

Difficile de rester bloqué dans La Malédiction de Judas. La traditionnelle navigation point & click des jeux d'aventure est parfaitement appliquée. Passez votre curseur de souris au-dessus des différents éléments affichés, cliquez pour en savoir plus ou pour l'actionner. Chaque lieu ne dispose pas d'un grand nombre d'éléments réactifs et tant que vous n'avez pas obtenu tout ce qu'il vous est nécessaire pour avancer – informations ou objets – vous ne pouvez pas faire progresser l'aventure. A force de fouiller, donc, vous tombez facilement sur la bonne combinatoire. Notez qu'il existe plusieurs méthodes pour parvenir à vos fins. Pour offrir une bouteille de vin à un sans-abris, par exemple, il vous est possible soit d'en trouver une au fond d'un tas d'ordures, soit de confectionner vous-même un pseudo-alcool en récoltant différents ingrédients. En pressant la barre espace du clavier, une îcone s'affiche sur tous les éléments réactifs de la scène. A vous de les enchaîner et de trouver celui qui va faire mouche. Car si vous pouvez regarder beaucoup d'éléments, peu son véritablement interactifs.

La limite combinatoire

Une chambre à fouiller : en deux temps, trois mouvements, c'est fait !

Très vite vous comprenez que les game designers se sont amusés à brouiller les pistes. Si vous pouvez cliquer sur un certain nombre d'éléments et même activer l'icone d'action sur tous, très peu d'entre eux sont réellement utiles. Partant du désir de corser un peu le jeu, cette méthode a pour résultat de vite vous pousser à cliquer un peu partout. Sauf si vous souhaitez entendre le héros répéter cent fois "Je n'ai pas emporté mon couteau-suisse", mieux vaut réfléchir posément et cliquer efficace. Les combinatoires se révèlent donc parfois tout à fait logiques (une barre de fer trouvée dans un chantier aide à ouvrir une cabine téléphonique), parfois pas du tout. A plusieurs reprises vous vous étonnez de découvrir quelque chose de caché parce que vous avez cliqué deux fois de suite sur un objet. La première fois, le héros ne voulait pas y toucher. La deuxième, il accepte. D'autres liens perdent toute logique. Vous êtes coincé dans le hangar de l'avion et devez trouver des bougies ? Ne cherchez pas à sortir par là où vous êtes arrivé, comme cela devrait se passer. Cliquez plutôt sur votre carte, et choisissez ensuite le lieu où vous rendre. Idem pour transmettre des informations à vos co-équipiers : il vous faut glisser le texte depuis votre carnet vers votre PDA qui se trouve dans votre barre d'objets, et non sur le raccourci en haut de l'écran... Ces quelques incohérences intégrées, vous êtes plus fort pour continuer votre enquête, en solo ou en trio selon les moments.

Un jeu multijoueur tout seul

Quelques cinématiques rythment les chapitres, après de longs échanges entre les héros.

La Malédiction de Judas propose en effet de jouer avec jusqu'à trois personnages en parallèle. Vous passez de l'un à l'autre en cliquant sur leur icône en haut de l'écran. Dans le principe, cela rappelle le système de The Day of the Tentacle (ou, plus proche de nous, de Ankh) où pour qu'un personnage débloque une situation, un autre doit d'abord lui faire parvenir un objet ou une information. Ici, l'interconnexion est plus limitée. Vous vous contentez d'explorer un endroit. Quand vous en avez assez ou tournez en rond, vous passez à l'autre personnage. A quelques moments, vous devez envoyer un e-mail par l'intermédiaire de votre PDA, mais cette interactivité frustrante reste extrêmement bridée par un manque de croisement dans les aventures parallèles. Autrement, le reste de l'aventure est individuel et subit le poids des longues conversations qui laissent émerger une ambiance qui se veut envoûtante, mais qui plombe totalement le rythme du jeu. Vous échangez des dialogues nombreux et souvent trop riches en information, ce que vous perd un peu plus dans l'intrigue et vous fait, finalement, complètement décrocher pour ne plus vous concentrer que sur les objectifs purement immédiats : comment rentrer ce cylindre dans ce trou ? A quoi peut bien servir ce joli cône magnétique fraîchement découvert ?
Les Plus
  • Le nom d'emprunt du héros est "Daniel Brown" : l'humour est au rendez-vous
  • Pas de censure dans le langage : ça jure et c'est tant mieux !
  • Des tableaux richement décorés, plutôt nombreux et travaillés
Les Moins
  • L'interactivité entre les personnages se limite à la division de l'aventure en 3
  • Il faut trop souvent insister sur un objet du décor pour le dénicher
  • Le bouton action effectif sur tout ce qui est cliquable
  • L'affichage des objets à regarder par pression de la barre espace : trop facile
  • La gestion du PDA : pas intuitive pour un sou
Résultat

Après quelques heures d'aventure alambiquée, vous parvenez au bout de La Malédiction de Judas. C'est à dire à l'instant précis ou vous commencerez à jongler avec tous ces mystères avec pour principale motivation l'espoir de voir le jeu s'épaissir de mécaniques plus complexes. En regardant les embûches que vous avez évitées, les péripéties traversées, le langage familier adopté, vous êtes satisfait d'avoir déjoué les plans de la bande au vil commissaire. Mais c'est un arrière-goût d'incomplet, de trop facile, parfois même de tout à fait tordu qui reste en bouche. Etrangement, l'envoutement ne prend pas réellement, il aurait pourtant suffit de quelques pointes de gameplay plus fin, d'un scénario ne ressemblant pas tant à un yo-yo et d'énigmes plus interactives pour aboutir à un jeu d'aventure aux larges épaules.

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