Test | Virtua Fighter 5, plus fort que toi
12 avr. 2007

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Virtua Fighter 5
  • Éditeur SEGA
  • Développeur SEGA
  • Sortie initiale 23 mars 2007
  • Genre Combat

Pour les occidentaux, Virtua Fighter 5 semble faire un grand écart digne de Jean-Claude Van Damme. D'un côté, il a tout du jeu de niche : hyper technique, réaliste et difficile. De l'autre, c'est une super production comme en produit peu Sega : titre phare du lancement de la PS3, graphismes haute définition, vrai jeu de combat nouvelle génération. Ce qu'il faut savoir, c'est que Virtua Fighter 5 est une institution des salles d'arcades japonaises et presque une religion. Le public français saura-t-il apprécier le plus subtil des jeux de combats à sa juste valeur ?

L’art subtil de la baston

La série des Virtua Fighter a une place à part dans le monde des jeux de combats. Ici, point de boule de feu, aucune arme démesurée, pas de téléportation ou autre sortilège. Comme son nom le laisse supposer, Virtua Fighter fait de vous un combattant virtuel, rien de moins. Les techniques de combat des personnages sont basées sur de vrais arts martiaux. La différence d'un coup à l'autre ne se remarque pas au premier abord, et pourtant les possibilités sont innombrables. Bref, tout se joue dans la finesse. Les personnages sont des institutions qui forment un équilibre. Les amateurs de salles de jeu au Japon le savent : si un personnage devait être déséquilibré, tout le système se retrouverait les quatre fers en l'air. C'est pourquoi les innovations qu'apporte Virtua Fighter 5 en termes de jeu ne se remarquent pas au premier coup d'œil : deux nouveaux personnages seulement, un nouveau mode d'entraînement, mais pour le reste, la formule reste très proche du précédent volet. La PS3 permet bien sûr à la série d'accéder à la haute définition, ce qui n'est pas peu. Mais pas de jeu en ligne et un mode quête assez classique : faut-il pour autant faire la moue ? Impossible, une telle institution ne peut être abordée à la légère. Tout comme dans l'effet de montage des films américains où le héros s'entraîne des jours durant sur fond musical, c'est à la sueur de votre manette que vous enchaînez les combats pour comprendre le sens profond de Virtua Fighter 5.

Modes en tous genres

Pour parer un coup il faut placer sa garde à bonne hauteur.

Bien que les jeux de combats soient principalement basés sur l'aspect multi, la version console se doit de se fendre de modes de jeux pouvant satisfaire les joueurs esseulés. A votre disposition le classique mode "Arcade" dans lequel vous affrontez concurrent après concurrent jusqu'au boss final tutélaire, Dural. Plus original, mais déjà présent dans la version antérieure, le mode "Quête" vous permet de simuler la vie d'un otaku fan de Virtua Fighter 5 butinant de salle d'arcade en salle d'arcade pour affronter des joueurs fictifs. Comme au japon, les salles accueillent leur lot d'habitués qui se forgent un niveau par émulation collective. Vous pouvez ainsi choisir en fonction de votre expérience des adversaires représentant un défi satisfaisant, en continuant votre partie tant que vous ne perdez pas, comme vous le feriez avec une seule pièce de monnaie dans une salle de jeu. Vous disposez d'un profil lié à votre personnage qui mémorise vos statistiques, votre expérience ainsi que les objets gagnés au fur et à mesure de vos parties vous permettant de personnaliser votre combattant favori. Ce profil peut être utilisé en mode "Versus", et vous encourage à vaincre à chaque instant face à vos amis : chaque défaite reste notée comme une cicatrice sur votre renommée. Deux autres modes complètent le tableau : un mode "Dojo" vous permet de vous entraîner et un mode nommé "VF.TV" met en scène deux combattants contrôlés par la console rien que pour vos yeux.

De nouvelles têtes

Les coups font beaucoup de dégâts, les combats sont décisifs.

Les combattants de Virtua Fighter 5 sont de véritables monuments dont certains comme Akira Yuki ou Sarah Bryant sont présents depuis le tout premier épisode de la série. Chacun excelle dans un style de combat particulier et la moindre addition requiert un réglage fin pour ne pas chambouler tout un équilibre. Tous les personnages de Virtua Fighter 4 sont de retour et ils accueillent deux petits nouveaux. Eileen pratique l'art martial du Kou-Ken. Ce style de combat ressemble à du kung-fu pratiqué par un singe. Elle est nerveuse, agile et très mobile. L'autre nouveau venu cache son visage derrière un masque d'oiseau. El Blaze est un spécialiste du Lucha Libre, le catch tel qu'il est pratiqué au Mexique. Plus léger que son homologue Wolf mais avec autant de panache, il apporte une touche presque "second degré" très agréable. Au total, ce n'est pas moins de dix-huit combattants qui sont disponibles dès le départ, avec seulement le dernier boss Dural à débloquer. Adopter un personnage dans Virtua Fighter 5, c'est comme adopter une religion. Le chemin à parcourir avant d'en comprendre les subtilités est long, et cela change votre vision du jeu. A partir de seulement trois coups, le coup de pied, le coup de poing et la garde, une série innombrable d'attaque est possible. Combinez à une direction différente une même touche, vous effectuez un nouveau coup. Les différences sont très subtiles, certes. Mais puisqu'à part les attaques en saut toutes les prises sont réalistes, chacune des combinaisons permet d'exprimer une nuance de l'art martial adopté.
Les Plus
  • Une profondeur insondable
  • Les styles de combat réalistes et diversifiés
  • La sauvegarde des statistiques et du profil
Les Moins
  • Encore élitiste
  • Une direction artistique un poil ringarde
Résultat

Même si le jeu peut paraître court au premier abord, le temps nécessaire à la maîtrise de tous les personnages est impressionnant. Cela laisse probablement de marbre les joueurs cherchant à s'amuser rapidement. Les habitués de Soul Calibur risquent de ne pas voir l'intérêt des prises, très similaires les unes aux autres, sans effets pyrotechniques associés. De plus, malgré une finesse visuelle incontestable, la direction artistique de Virtua Fighter 5 accuse un certain conservatisme. Par exemple, la tenue de Sarah Bryant frôle le kitch et les possibilités de personnalisation des combattants, grâces aux objets gagnés, peuvent même faire basculer les protagonistes dans le mauvais goût. Heureusement, les décors sont variés, tout comme la taille des rings, ce qui diversifie les ambiances. La bande-son, comme souvent chez Sega, plonge les combats dans une techno japonaise qui ne sera pas du goût de tous. Bref, la réalisation, au top niveau technique, n'est pas non plus des plus séduisantes. Mais comme le savent les aficionados, ce n'est pas ça qui compte. C'est la fidélité au jeu d'arcade et la fidélité à la série en général qui constitue le critère absolu. Si vous avez joué à Virtua Fighter depuis le début, ce cinquième volet est un passage obligatoire. Pour les nouveaux venus, ils se sépareront en deux camps : ceux qui auront le courage d'arpenter un chemin long et ardu, probablement aidés par des amis initiés, et ceux qui n'en verront que la surface. Ces derniers risquent bien de rester perplexes face au succès de ce monument du jeu de combats et du jeu d'arcade en général.

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