Test | The DioField Chronicle
24 oct. 2022

L'Emblème sans la Flamme

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The DioField Chronicle
  • Éditeur Square Enix
  • Développeur Lancarse
  • Sortie initiale 22 sept. 2022
  • Genres Rôle, Stratégie temps-réel

Bonne nouvelle pour les fans, les jeux de stratégie sont de plus en plus nombreux. The DioField Chronicle en fait partie. Le problème pour les éditeurs, c'est que le niveau d'exigence des joueurs augmente en conséquence...

L'histoire

C'est la guerre. Le royaume d'Alletain menace de se faire boulotter par l'Empire Trovelt-Schoevian, qui vient de dévorer l'Alliance Rowetale. Heureusement que le richissime William Hende qui a fait fortune en vendant du jade sur le continent a été nommé au Conseil des Lords et en a profité pour créer son ordre de chevalerie. C'est lui qui fonde un groupe de mercenaires, les Renards bleus, avec quatre chefs : Andrias Rhondarson, chambellan et garde du corps du quatrième prétendant au trône, le prince Levantia Shaytham. Fredret Lester, ami d'Andrias et redoutable cavalier. Iscarion Colchester, fils de nobliau… qui a rejoint un ordre de chevalerie local... formidable archerrsskdjzzz... zzzzzz...

PARDON. L'histoire est tellement soporifique que même le narrateur de Tolkien se serait endormi. Il y a des nobles qui s'entretuent, qui deviennent brigands, qui tombent dans une embuscade, mais arrivent à s'échapper, retournent leur veste pour vous rejoindre... Et tous ont des noms à coucher dehors. C'est bien simple, vous allez vite prendre le réflexe de passer les scènes d'exposition obscures.
Retenez que vous pouvez passer les cinématiques

Le principe

Lord Machin est assassiné à la fin du premier chapitre. Attendez, c'était qui lui déjà... ?

Si les intermèdes et les dialogues entre deux missions sont à bailler d'ennui, les phases de combat sont heureusement réussies. Contrairement à beaucoup de jeux tactiques, certains ennemis se déplacent sur la carte et vous encouragent à trouver le bon moment pour attaquer. Au hasard : quand les groupes sont suffisamment espacés pour ne pas vous tomber dessus au même moment. Il n'est pas rare qu'en fin de mission l'alerte générale soit donnée et que vous deviez foncer vers un groupe, en essayant d'en ralentir un autre – soit en mettant le plus de distance possible entre eux et vous, soit en utilisant des barricades, des sorts de glace ou des pièges. Vu que l'action se passe en temps réel avec pause active, c'est relativement stressant.
Les ennemis mobiles vous obligent à adapter vos tactiques à la volée

Le gameplay

Dans les barres de vie, les dégâts en blanc. Ma magicienne n'arrive même pas à finir le cavalier.

Chaque personnage dispose aussi de ses attaques spéciales, critiques pour abattre rapidement tel ou tel ennemi. Andrias dispose d'un pouvoir qui lui permet de se téléporter, par exemple au contact d'archers ennemis placés en arrière. Le cavalier Fredret peut charger un groupe et le faire reculer : soit pour éviter une de leurs attaques de zone, soit pour maintenir un boss dans la zone de dégâts de tonneaux explosifs. Tonneaux que l'archer Iscarion peut faire détonner à distance, sans que le reste du groupe ne soit touché. La magicienne Waltaquin peut elle lancer des sorts de zone ou soigner ses coéquipiers, une fonction bien utile. Enfin, plus vous abattez d'ennemis et ramassez d'orbes bleues sur le champ de bataille, plus vous faites grimper une jauge qui permet de lancer une invocation. Une bonne façon de finir un groupe d'ennemis et un niveau, sauf contre les boss qui sont souvent des sacs à points de vie.
Chacun des quatre héros jouables est complémentaire

Les menus

Même les invocations peuvent être améliorées avec des ressources dédiées. C'est trop.

Plus le jeu avance, plus les ennemis deviennent résistants – même les vulgaires fantassins de base. Il faut trouver les attaques spéciales qui permettent de s'en débarrasser plus vite, le feu pour les zombies, la lacération pour les fantassins, et ce n'est pas toujours évident : leur temps de recharge est longuet. Le rythme très sympa du premier chapitre, qui a d'ailleurs fait l'objet d'une démo, commence à souffrir de ce choix. Résultat : il faut impérativement tout améliorer entre deux combats, sachant que les systèmes sont aussi complexes que l'intrigue. Vous devrez en vrac acheter de nouvelles armes, débloquer de nouvelles compétences pour vos héros et pour vos invocations, assigner les armes qui offrent les compétences débloquées (sans bâton de magie dédié, pas de soins), acheter des objets, en vendre d'autres, financer des recherches, etc. Même la cuisine est améliorable pour donner de maigres bonus ! Chaque amélioration réclame son propre type de ressources, et c'est là qu'on commence à s'y perdre – le jeu fait penser à un free-to-play tellement il s'encombre de ressources et de sous-systèmes d'améliorations, le tout pour gratter quelques misérables pourcentages de bonus.
Améliorer ses armes, ses attaques spéciales et autres invocations devient une purge

Pour qui ?

Les barricades permettent de finir un combat avant que ces deux sacs à point de vie ne déboulent.

Il faut avoir le cœur bien accroché pour persévérer dans The DioField Chronicle. Les intrigues soporifiques, le rythme des combats lambins passés les premiers chapitres, les boss qui sont de véritables sacs à points de vie et les sous-systèmes d'améliorations inutilement compliqués donnent une mayonnaise indigeste. Ce jeu tactique en temps réel ambitieux fait une erreur de débutant : associer à un scénario alambiqué des mécaniques de progression compliquées. Difficile de s'y retrouver, surtout quand la concurrence propose autant de choix – à commencer par Fire Emblem : Three Houses.
À réserver aux fans du genre

L'anecdote

La démo permet de découvrir les mécaniques. Téléchargez-là, elle donne tout le premier chapitre.

J'ai adoré la démo. Le premier chapitre se concentre sur des escarmouches sympas avec une difficulté très progressive. Les défauts du jeu – l'histoire absconse, les améliorations compliquées – affleurent à peine. Il faut arriver aux boss de la démo pour se rendre compte de ce qui à mes yeux est le principal problème de The DioField Chronicle : le rythme des combats face à des ennemis beaucoup trop résistants. Vous aurez beau leur balancer vos invocations patiemment économisées et vos attaques spéciales les plus efficaces, rien n'y fait. Un conseil : choisissez judicieusement l'équipement et les sorts de la magicienne Waltaquin – la dédier aux soins peut vous priver de certaines attaques très puissantes. À noter que la sauvegarde de la démo est importable dans la version finale.
Les premières impressions sont très bonnes. Les suivantes… moins
Les Plus
  • De nombreuses possibilités tactiques
  • Des ennemis qui bougent sur la carte et qui ont eux aussi des attaques spéciales
Les Moins
  • Un scénario compliqué avec trop de camps, de nobles et des héros très lisses
  • Des systèmes d'amélioration et de ressources inutilement compliqués
  • Même les ennemis de base finissent par avoir trop de point de vie, ralentissant les combats
  • Les boss sacs à points de vie qui enchaînent un nombre trop limité d'attaques
Résultat

Si vous aimez les jeux au tour par tour et que vous avez déjà joué à tout ce qui est disponible ou presque, The DioField Chronicle pourrait vous intéresser. Les combats offrent beaucoup de possibilités, la réalisation est très correcte y compris sur Switch, les systèmes d'amélioration sont complets. Reste que la lassitude se fait vite sentir. Là où les Fire Emblem brillent par leur richesse tactique et par leurs personnages attachants, The DioField Chronicle enfile les nobliaux fadasses comme des perles. À cause d'un système d'améliorations inutilement complexe et d'ennemis de plus en plus résistants (sauf à certaines attaques spéciales qui ont des temps de recharge longs), ce titre rate le coche. Plus vous y jouez, plus il devient lent et répétitif.

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