Test | Just Cause et ambition démesurée
27 oct. 2006

Testé par sur
Just Cause

Avec Just Cause, Avalanche et Eidos réunissent tous les ingrédients pour obtenir le jeu absolu : gameplay à la GTA, décor paradisiaque, surface de jeu immense et surtout les cascades les plus vertigineuses jamais vues dans un jeu vidéo. L'ambition suffit-elle à donner des ailes ou faut-il préparer son parachute en vue d'un atterrissage en catastrophe ?

Viva la revolucionne !

Votre nom est Rico Rodriguez. Vous êtes un agent de la CIA, spécialisé dans le renversement de régime politique et les acrobaties. Votre mission, si vous l'acceptez, est de neutraliser le gouvernement corrompu de San Esperito. Comme le veut la mode, cet archipel situé en Amérique du sud est soupçonné de posséder des armes de destruction massive. Pas question d'envoyer l'armée américaine, vous êtes une armée à vous seul. De plus la situation est déjà suffisamment explosive sur place, elle n'a besoin que d'être amorcée : les différentes factions, rebelles et policiers, sont en guerre. Vous avez toute marge de manoeuvre pour choisir comment opérer : inciter les différents camps à s'affronter ; amener le peuple à la rébellion ; vous allier avec les rebelles et les trafiquants de drogue. Mais attention, San Esperito est très étendue et ce n'est pas moins de 2000 Km² de montagnes, de jungles, de plages et de villes qu'il vous faudra arpenter. N'hésitez pas à perquisitionner les véhicules qui vous seront nécessaires, voitures, avions ou bateaux, vous en aurez bien besoin. C'est bon, tout est clair ? Enfilez votre parachute, ouvrez la portière de l'hélico et sautez !

Un panorama splendide

Perquisitionnez les véhicules

Ce n'est pas seulement la chute qui vous coupe le souffle. C'est aussi l'immensité et la beauté du paysage. Le relief des îles se découpe à travers les nuages à perte de vue. La tête en bas, le reflet du soleil sur l'écume vous éblouit. Vous tombez, tombez, tombez, puis vous décidez à ouvrir votre parachute afin de profiter sereinement du paysage. Des émotions surviennent telles que vous n'en avez pas ressenti depuis PilotWings sur Super Nintendo. Des oiseaux planent tranquillement, un hélicoptère de tourisme passe. Là, par la simple pression d'un bouton, votre parachute se replie et la physique s'assouplit pour vous permettre d'agripper la queue de l'hélico. Un autre bouton et vous vous jetez en avant, passez entre les pales et vous glissez dans la cabine de pilotage en délogeant des deux pieds le pilote. Vous êtes aux commandes de l'engin. Vous vous rapprochez du sol pour vous poser délicatement, mais les forces de l'ordre ont organisé votre accueil avec pour cadeau de bienvenue deux belles roquettes qui pulvérisent votre véhicule. Vous vous jetez dans le vide, entamez votre chute et atterrissez sur le toit d'un taxi. Vous n'avez pas de monnaie sur vous : pas de souci, vous passez par la fenêtre du conducteur, l'éjectez et prenez sa place. Dans Just Cause, la fin justifie les moyens.

A y voir de plus près

Faites tout sauter

Quelques kilomètres et plusieurs épaves plus loin, vous rejoignez vos alliés qui dirigent sur place les opérations. Là, vous déchantez : un gus gras du bide et une poupée mal siliconée alternent instructions sommaires et blagues grasses comme dans un film de série Z. Les premières fois, vous vous exécutez tant bien que mal : se rendre à tel endroit, aller tuer untel, poursuivre tel ou tel véhicule... Les missions sont des prétextes à utiliser votre arsenal à la visée (trop) assistée et à enchaîner les cabrioles qui continuent de vous amuser. Mais au bout d'un moment, vos vacances à San Esperito ressemblent au morne quotidien d'un employé de bureau parisien tant les objectifs sont répétitifs. La jungle, peu hospitalière recouvre une proportion si importante de la surface des îles que les points de repères, les lieux de vie sont rares et trop distants les uns des autres. Cela ne vous donne qu'une envie, faire appel au service d'extraction de la CIA pour vous transporter instantanément proche du lieu où vous voulez vous rendre. Puis, en plein coeur du combat, rien ne vous motive à vous protéger : votre veste en kevlar régénère votre énergie lorsque vous êtes au plus bas, et les ennemis ne vous achèvent jamais. En fin de compte, vous enchaînez les missions sans grand frisson et ce ne sont pas les objectifs secondaires, encore plus répétitifs, qui vous incitent à rencontrer les locaux.
Les Plus
  • Les cascades
  • Le passage de véhicule en véhicule
Les Moins
  • Les missions répétitives
  • Les véhicules terrestres peu maniables
  • Le scénario
  • Les cinématiques
Résultat

Just Cause souffre d'une contradiction qui vient directement de ses intentions. Avalanche a eu les yeux plus gros que le ventre en proposant la plus grande surface de jeu jamais vue sans avoir de quoi la remplir, ni en décor ni en gameplay. Dans les airs, tout va bien : l'affichage des îles sans aucun chargement est bluffant, les cascades de véhicules en véhicules et le saut ascensionnel sont à essayer au moins une fois dans sa vie. Mais en y regardant de plus près, le level design est pauvre, les missions répétitives, le scénario et les cinématiques honteux. C'est vraiment dommage car il y a dans Just Cause des moments sublimes, cascades et couchers de soleil, qui laissent entrevoir ce qu'aurait pu être le jeu s'il n'y avait ces défauts. La prouesse technique reste impressionnante et laisse espérer une suite, déjà annoncée, bien meilleure. Avec des ambitions plus réalistes, Avalanche devrait trouver un point de vue plus juste : pas forcément plus beau de loin, mais plus intéressant de près. Il y a en tous cas de nombreux détails dont Rockstar devrait s'inspirer pour insuffler encore plus de dynamisme à la série GTA, en séparant le bon grain de l'ivraie.

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