Test | Marvel's Guardians of the Galaxy
08 nov. 2021

Un RPG de mauvais Groot

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Marvel's Guardians of the Galaxy

Vous avez détesté Marvel's Avengers ? Tant mieux, Marvel's Guardians of the Galaxy n'a rien à voir : pas de multi, pas de grind, pas de micro-transactions... Square Enix a changé son fusil d'épaule pour proposer un jeu d'action-RPG solo très simple. Alléluia !

L'histoire

L'histoire, c'est qu'il n'y en a pas. Il y a bien un prétexte, une virée dans une zone interdite qui se finit par une amende record. Mais il ne s'agit que d'un prétexte : très vite vous rencontrez un lama stellaire, un dragon qui peut respirer dans l'espace, des yétis, bref, un grand n'importe quoi impossible à résumer. Retenez simplement que vous ne contrôlez que Star-Lord, que vous aurez droit à de nombreux flashbacks et que chacun des gardiens va être amené à revivre les traumas de son passé : Rocket et sa phobie de l'eau, Drax et la mort de sa famille...
Chaque gardien est amené à revivre ses traumas

Le principe

Les graphismes et la direction artistique sont de toute beauté. Le dépaysement est total.

À chaque fois qu'un des gardiens surmonte son passé, il débloque un pouvoir ultime. Groot peut soigner les membres du groupe, Rocket se transformer en robot de combat, etc. – une bonne idée qui lie arc narratif et gameplay. Au fur et à mesure que vous accumulez de l'expérience au combat, des attaques supplémentaires pour chaque gardien sont à débloquer via un menu en jeu. Vous avez également 15 améliorations à crafter avec le loot récupéré dans les niveaux, comme une consommation réduite des munitions spéciales ou une résistance accrue. Et enfin des tenues bonus à trouver dans les niveaux. Voilà... c'est tout.

Le côté RPG est du coup très léger. Restent quelques puzzles environnementaux plutôt réussis, basés sur la coopération : Groot qui fait s'élever une plateforme, Gamora qui vous fait la courte échelle, Drax qui déplace un énorme obstacle... Si le début est vraiment poussif, avec beaucoup de longs tunnels narratifs chez les Cohortes de Nova ou sur la planète de Lady Hellbender, la fin du jeu révèle le potentiel de ce Mass Effect linéaire qui ne dit pas son nom. Les choix faits en amont donnent des résultats bien visibles, plus ou moins bons selon les circonstances – et souvent bien trop tard pour reprendre une veille sauvegarde. Privilégier tel ou tel protagoniste dans les dialogues peut donner des embranchements différents dans les niveaux, ou une aide bienvenue à la toute fin du jeu ; comme Nova qui affaiblit des robots géants et vous facilite un combat.
Un Mass Effect linéaire qui ne dit pas son nom

Les combats

Le seul combat en une quinzaine d'heures où j'ai pu me cacher derrière un obstacle (brièvement).

Handicapé par un aspect RPG bien léger, Marvel's Guardians of the Galaxy ne brille pas non plus par ses combats brouillons. Les arènes sont nullissimes, des terrains plats sans obstacles pour s'abriter ni de dénivelés pour jouer avec la topographie – la comparaison avec Returnal ou Doom Eternal fait mal, très mal. Les ennemis répétitifs sont souvent des sacs à points de vie, capables de se régénérer parfois de surcroît – vous allez détester les cubes gélatineux chez Lady Hellbender tant que vous n'aurez pas débloqué les munitions de glace. C'est bien simple, vous risquez de modifier les nombreux critères de difficulté (puissance des attaques, etc.) pour expédier les combats plus vite.

Il faut attendre la deuxième moitié du jeu pour que les combats deviennent un peu plus intéressants. D'abord grâce aux nouvelles munitions qui permettent d'électrocuter des groupes d'ennemis ou de geler ceux qui se régénèrent. D'autres munitions attirent les ennemis pour des attaques au corps-à-corps dévastatrices qui s'avèrent redoutables contre les snipers. Dommage que le jeu n'ait pas poussé la logique en variant davantage les ennemis, pour forcer à jongler entre munitions et pouvoirs : le gros des troupes se contente vite de soldats immobiles qui vous tirent dessus de loin et vous frappent au corps-à-corps. Répétitif et ennuyeux. Vous trouvez rapidement une combinaison gagnante que vous utilisez ensuite en boucle : il devient possible de nettoyer un groupe d'ennemis en quelques secondes en déclenchant une attaque de zone avec Groot ou Rocket histoire d'envoyer tout le monde au tapis, puis en faisant charger Drax ou Gamora.

Restent les objets du décor à faire tomber ou exploser au passage d'un ennemi. Et les boosts de combat qui se déclenchent en se concertant avec les autres gardiens, quand la jauge spéciale est remplie. Un excellent prétexte pour déclencher une des superbes musiques des années 80 – finir un boss sur le Never Gonna Give You Up de Rick Astley arrache forcément un sourire. Les boss sont d'ailleurs très réussis, à la fois immenses et dotés d'attaques qui changent au fur et à mesure que le combat avance. Vous garderez un souvenir ému de votre rencontre avec le légendaire Fin Fang Foom sur la planète de glace Maklu IV – lui aussi d'ailleurs.
Vous trouvez rapidement une combinaison que vous utilisez ensuite en boucle

Pour qui ?

Il faut parfois distraire un ennemi pendant que Rocket fait des siennes.

Si vous êtes en manque de Mass Effect et que vous n'êtes pas trop exigeant, ce Marvel's Guardians of the Galaxy pourrait vous suffire. Alors bien sûr il manque la possibilité de se balader de planète en planète, dans des environnements semi-ouverts. Les niveaux sont ici linéaires, des tunnels narratifs entrecoupés d'arènes ratées pour les combats, quand même très proches : les jet-bottes de Star-Lord remplacent le jetpack de Mass Effect Andromeda et les ordres sommaires à donner aux coéquipiers gérés par l'IA sont presque un copié-collé.

N'en attendez pas des miracles toutefois. Les quelques embranchements selon les dialogues ne suffisent pas à lancer un New Game Plus une fois le jeu fini : il suffit d'un run pour débloquer tous les pouvoirs et améliorations. Malgré quelques niveaux originaux et des flashbacks émouvants, Marvel's Guardians of the Galaxy cumule trop de défauts pour marcher sur les platebandes des meilleurs Mass Effect. Il se situe un peu au-dessus d'un Andromeda, mais est-ce un exploit... ?
Il manque du multi pour prolonger la durée de vie, voire de la coop

L'anecdote

Vos choix influencent quelques combats. Vous aurez aussi plus ou moins d'alliés à la fin.

Marvel's Guardians of the Galaxy propose quelques choix qui modifient les niveaux ou facilitent certains combats. En fonction de ce que vous faites au deuxième chapitre, « La main dans le sac », vous écopez d'une amende de 7 000 ou de 8 000 crédits – une fortune pour le groupe de fauchés de l'espace que vous dirigez. Vous avez la possibilité de vous refaire sur le dos de Lady Hellbender en essayant de lui refourguer Groot ou Rocket.

J'ai choisi de vendre Groot, de laisser Drax négocier – et même flirter – avec la redoutable collectionneuse de monstres, récupérant plus de 9 000 crédits... que j'ai cru bon de dépenser intégralement sur Knowhere avant d'avoir pu rembourser ma dette à Nova. Je ne regrette rien : j'ai eu un niveau d'infiltration au milieu de gardes ivres morts au lieu d'enchaîner des combats répétitifs ; et je suis resté roleplay en gérant mon argent comme Peter Quill l'aurait fait !
Il n'y a pas de mauvais choix dans la vie, juste de belles rencontres
Les Plus
  • Les graphismes, les modélisations bluffantes et la direction artistique
  • La bande-son
  • Les choix de dialogue qui influencent un peu les niveaux suivants
  • Quelques niveaux qui prennent des risques, comme la plongée dans le cerveau de Drax
Les Moins
  • Les combats brouillons face à des ennemis trop résistants, dans des arènes plates
  • De grosses baisses de rythme avec des tunnels narratifs
  • Ultra linéaire : impossible d'explorer les planètes librement, niveaux couloirs à l'ancienne
  • Pas de multi, pas de coop pour prolonger la durée de vie
  • De gros ralentissements en combat sur Xbox Series X en sortant de veille
Résultat

Mieux que Marvel's Avengers mais moins bien que les Mass Effect : Marvel's Guardians of the Galaxy est un jeu d'action-RPG moyen, un titre qui n'intéressera que les affamés de voyages dépaysants dans l'espace, à la rencontre de planètes et de créatures originales. La bande-son années 80 de qualité donne une touche rétro à cette aventure spatiale longue d'une quinzaine d'heures environ, dont le principal défaut est un rythme en dents de scie – jusqu'à ses nombreuses fins qui rappellent cruellement qu'il n'y a pas que Peter Jackson qui ne sait pas toujours comment s'arrêter.

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