Test | Metroid Dread
18 oct. 2021

C'est dans les vieux pots...

Testé par sur
Metroid Dread
  • Éditeur Nintendo
  • Développeur Mercury Steam
  • Sortie initiale 8 oct. 2021
  • Genres Action, Aventure, Metroidvania, Plateformes

Par sa rareté et sa singularité, la saga Metroid est une de celles, chez Nintendo, qui suscite le plus la curiosité, l'impatience et l'excitation. Au moment où le genre du Metroidvania connaît son heure de gloire, autant dire que Metroid Dread, nouvel épisode en 2D de la licence qui a donné son nom à toute une catégorie vidéoludique, est scruté avec une rare intensité et quelques interrogations. Le maître sera-t-il à la hauteur de ses brillants élèves ? Nintendo peut-il renouveler un genre qu'il a contribué à créer ?

L'histoire

Il aura fallu patienter presque 20 ans pour voir un nouvel épisode en 2D des aventures de l'emblématique chasseuse de prime Samus Aran, héroïne de la série des Metroid. Développé par MercurySteam, déjà à l'œuvre sur le remake Metroid : Samus Returns, l'histoire de Metroid Dread prend place directement après celle de Metroid : Fusion, jeu sorti sur Game Boy Advance en 2002.

Samus doit ici se rendre sur la planète ZDR afin d'y enquêter sur une possible résurgence des Parasites X et ce, après la disparition mystérieuse des E.M.M.I, des robots d'exploration envoyés précédemment par la Fédération galactique. Sur place, la chasseuse de prime est confrontée à un ennemi surpuissant qui va la laisser démunie, loin de son vaisseau et privée de ses pouvoirs. Comme à l'accoutumée, Samus va tracer son chemin à travers des niveaux labyrinthiques et truffés de dangers afin de récupérer ses pouvoirs et de fuir ZDR.
Planète terreur

Le principe

Les E.M.M.I redoutables et presque invincibles robots d'exploration.

Metroid Dread est, comme son nom l'indique, un Metroidvania, soit un jeu d'exploration et de plateforme en 2D. La carte des secteurs visités se dévoile au fur et à mesure de la progression, certains secteurs bloqués au départ devenant accessibles avec des capacités que Samus trouve au long de son aventure (rayons, missiles, évolutions de la combinaison – la traditionnelle boule morphing et autres grappins).

La combinaison Varia de Samus devient ainsi un véritable couteau suisse de capacités spéciales à chacune desquelles un bouton est dédié. Maîtriser parfaitement le jeu et les enchaînements demande un certain temps : la gestion des commandes est loin d'être instinctive et il faut parfois presser 3 boutons simultanément pour effectuer une action. Ainsi il n'est pas rare de s'emmêler les pinceaux quand l'action devient trépidante, notamment lors des combats de boss. En parlant des boss et mini boss, s'ils sont assez peu nombreux au début de l'aventure, le rythme des rencontres s'accélère sur la fin... parfois jusqu'à l'indigestion. Leur difficulté est variable même si pour certains le challenge est très relevé (mention spéciale à Kraid).

Nouvel élément de gameplay, certains passages du jeu vont mettre le joueur aux prises avec les E.M.M.I, détournés et hostiles à Samus. Il s'agira ici de quitter la zone le plus discrètement possible, ces robots indestructibles ne pouvant être vaincus avec les armes de base. Les rencontrer est synonyme de game over mais le jeu offre la possibilité de les vaincre et de libérer le niveau grâce à une arme qu'il faut découvrir au sein de chaque zone occupée. Cette mécanique loin d'être anecdotique offre quelques moments de tension et d'angoisse qui rajoutent une couche oppressante au caractère hostile de l'environnement.
E.M.M.I awards

La réalisation

La carte d'une zone, complexe mais parfaitement lisible.

La surface à explorer est proprement gigantesque : on dénombre une multitude de salles, de passages cachés ou à débloquer grâce à des pouvoirs eux-aussi en nombre – qu'il s'agisse de grappins, boules, bombes, rayons divers, combinaisons environnementales. La taille d'une seule zone a de quoi faire peur ; alors imaginez que le jeu en comporte une petite dizaine.

La carte est ultra lisible, chaque zone de repos ou de voyage étant indiquée par une couleur particulière. Les bonus et points de récupération sont marqués et chaque porte indique la capacité nécessaire à son ouverture. Globalement, le level design tutoie le génie et, de ce fait, le joueur ne se perd jamais : la progression est fluide et les allers-retours peu fréquents.

Si le jeu est en 2D, les modèles et les décors sont eux modélisés en 3D, ce qui donne un résultat graphiquement superbe (la combinaison de Samus par exemple est particulièrement réussie). Mais également un peu sage et lisse, notamment au niveau des décors sans identité visuelle marquée. Ainsi, même si chaque niveau a sa thématique, aucun n'impressionne durablement la rétine.

Si le gameplay est, quant à lui, fluide et précis, la profusion des commandes et la synchronisation qu'elle requiert alourdissent l'action et rajoutent une difficulté artificielle dont le joueur se serait bien passé.
J'suis la carte, j'suis la carte, je suis la carte !

Pour qui ?

Attendez-vous à voir souvent cet écran tant la difficulté du titre est parfois relevée.

Si vous êtes un aficionado des Metroidvania et plus particulièrement de la série des Metroid, installez-vous confortablement, chaussez vos charentaises et allumez votre Switch car l'attente est enfin terminée. Il paraît difficile de passer à côté de ce titre qui est un modèle du genre tant par sa réalisation que par son level design. On pourrait reprocher à Nintendo une certaine paresse car le titre est loin de renouveler le genre ; il se repose sur ses acquis et propose peu ou prou le même type d'expérience qu'il y a 20 ans. Mais la catégorie étant particulièrement codifiée, il semble difficile de sortir des sentiers battus.
Si tu aimes les Metroidvania, tape dans tes mains !

L'anecdote

Kraid, l'un des tous premiers boss du jeu, vous donnera du fil à retordre.

Metroid Dread sort dans une période riche en jeux de la même catégorie ; le Metroidvania est un genre qui se prête particulièrement bien au jeu sur portable, que j'ai (re)découvert avec délice sur la petite dernière de Nintendo.

Parmi les titres remarquables, je ne peux que conseiller l'extraordinaire Hollow Knight édité par Team Cherry qui a su renouveler le genre en proposant des environnements originaux et une aventure d'une durée conséquente – une suite devrait sortir prochainement. Les Français sont à l'honneur avec Dead Cells, l'excellent rogue-like des Bordelais de Motion Twin qui emprunte également des mécaniques de Metroidvania. Pour ceux qui voudraient poursuivre sur des expériences du même type, vous pouvez jeter un œil sur des titres tels que Blasphemous, Bloodstained et plus récemment Ender Lilies : Quietus of the Knights. La liste n'est évidemment pas exhaustive tant l'offre en la matière est riche.
Le mètre étalon du genre
Les Plus
  • Enfin un nouveau Metroid
  • La carte gigantesque
  • Un level design fabuleux
  • Le gameplay d'un Metroid
Les Moins
  • Une profusion de commandes qui rend le titre difficile à maîtriser
  • Une DA un peu trop lisse
  • Ne sort pas des sentiers battus
Résultat

Avec Metroid Dread, MercurySteam rend une copie presque sans faute, fidèle aux canons de la série, intelligente dans son level design et dotée d'un gameplay propre. La progression du joueur tout au long de l'aventure est si fluide qu'il est difficile de lâcher la console une fois le jeu commencé. La référence made in Nintendo du Metroidvania revient avec un opus de qualité qui n'a pas à rougir face aux nombreux hits qu'il a pu inspirer ces 20 dernières années. On pourra reprocher au jeu un certain manque d'ergonomie dans la gestion des commandes ainsi qu'une direction artistique qui manque d'inspiration, il n'en offre pas moins un parfait challenge pour les amateurs du genre.

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