Test | Ghost of Tsushima – Director's Cut
31 août 2021

Un air de famille

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Ghost of Tsushima - Director's Cut

Vous aviez adoré Ghost of Tsushima ? La version Director's Cut ajoute une nouvelle île, Iki, avec de nouvelles quêtes, récits légendaires, armures et Mongols à sabrer. Et un père omniprésent qui vous juge du haut de ses flashbacks.

L'histoire

Une nouvelle menace pèse sur Tsushima : la shaman mongole Ankhsar Khatun a conquis l'île voisine d'Iki et inquiète Jin Sakai. Plutôt que d'y envoyer ses nouveaux amis, voire une division armée, Jin décide d'aller sur Iki tout seul, avec sa... son sabre et son couteau. Que voulez-vous, Jin est peut-être le meilleur samouraï de Tsushima (d'accord, le seul encore en vie), il n'est pas fin général pour autant. Un naufrage plus tard, vous vous retrouvez sans cheval sur une plage déserte. Flemme.

Vous conservez heureusement tout l'équipement et toutes les techniques de combat dont vous disposiez au moment d'embarquer, et vous pouvez ensuite revenir sur Tsushima à tout moment. Accessible dès que vous avez fini l'Acte 2, cette nouvelle île vous invite à suivre les traces de votre père, omniprésent dans cette Director's Cut. Sans spoiler ceux qui n'ont pas encore joué au jeu original, disons que le père de Jin n'a pas gardé un excellent souvenir de sa conquête d'Iki... Ça tombe bien, les locaux non plus.
Difficile de marcher dans les pas de Lord Sakai

Le principe

La charge à cheval fait partie des rares nouveautés de la Director's Cut.

Dès son arrivée, Jin est confronté au ressentiment de la population locale qui se souvient des exactions de Lord Sakai. Jin va revivre ses souvenirs d'adolescent, comparer son parcours de Fantôme de Tsushima à celui de son père, en essayant de trouver la paix. Pour citer les développeurs, le scénariste principal Patrick Downs : « Avec tout ce qui s'est passé dans le monde l'an dernier, ce n'est pas un hasard si nous voulions raconter une histoire de guérison intérieure ».

Sans surprise, le cœur du jeu n'a pas évolué. Vous avez toujours le choix entre l'exploration pure, les combats à la samouraï avec provocations et découpe de Mongols à la chaîne, voire l'infiltration pour les chiens galeux qui veulent cracher sur le code d'honneur des Sakai. Les changements sont subtils : un nouvel ennemi, le shaman, buff les Mongols en combat et doit être ciblé en priorité. Et certains Mongols changent d'arme en plein combat, encourageant Jin à modifier sa posture d'attaque à la volée pour continuer à faire plus de dégâts. Vous pouvez aussi jouer de la flûte pour attirer des animaux dans des temples dédiés, dont des chats sauvages, et participer à des concours d'archer.

C'est presque tout pour les nouveautés. Heureusement qu'il reste le loot, avec de nouvelles armures et une technique de charge des Mongols à cheval. Ainsi que de nouvelles armes et skins pour Jin, dont certaines tirées des autres blockbusters Sony – ceux qui ont obtenu le trophée « Cooper Clan Cosplayer » du jeu original seront ravis. Il manque quand même les quêtes secondaires qui permettaient de gagner la confiance de compagnons clés, à la Mass Effect 2, si bien écrites dans le jeu original. Qui pourrait oublier Tomoe ? Ces quêtes sont remplacées par les flashbacks entre Jin et son père. Après la constitution d'une garde prétorienne sur Tsushima, le voyage solitaire de Jin sur l'île d'Iki l'amène à mieux se connaître lui-même.
Un nouvel ennemi, le shaman, buff les autres Mongols

Les bonus gratuits

Pensez à changer d'armure pour réussir les nouveaux défis d'archer...

Pour les nantis (et les chanceux) qui ont mis la main sur une PS5, la DualSense est parfaitement exploitée. La précision des vibrations est incroyable et signe, avec le mal aimé Returnal, une des meilleures utilisations dans un jeu d'action. Un exemple : vous sentez les sabots de votre cheval manette en main, avec des changements subtils de vibrations selon la nature du terrain, sable ou rochers par exemple. L'immersion y gagne nettement, galoper à travers Iki ou Tsushima devient encore plus viscéral. Cela dit, ce n'est pas parce que Ghost of Tsushima – Director's Cut coûte 80 € sur PS5, 70 € sur PS4, ou jusqu'à 20 € l'upgrade next gen, que toutes les nouveautés sont payantes.

Toujours sur PS5, il est possible de jouer en 60 images/seconde depuis mi-octobre 2020 grâce à un patch gratuit – et ce, même si vous avez acheté la version PS4 pour y jouer sur PS5. Un plaisir tant les combats sont techniques dans Tsushima, surtout les duels de boss basés sur des contre-attaques, sans gadgets comme les fumigènes ou les kunai. Les temps de chargement sur PS5 ont presque disparu, ils ne durent que quelques microsecondes. Se téléporter à travers la carte est quasiment instantané. Autre ajout significatif depuis octobre 2020, tant sur PS4 que sur PS5 : le mode Multijoueur Legends gratuit, crossplay entre les deux consoles.
L'utilisation de la DualSense est incroyable

Le multi

Les missions multi gratuites vous forcent à éliminer certains ennemis surnaturels simultanément.

Plusieurs modes sont proposés. Les missions en coopération sont excellentes, avec un côté mystique très présent – vous allez affronter des fantômes et jouer avec des pouvoirs surnaturels pour tuer tel ou tel ennemi, parfois simultanément avec vos amis. Il faut aussi utiliser le décor pour voir ou tuer certains ennemis, ce qui renouvelle le gameplay solo. Même sans communiquer, le level design est tellement réussi que l'invasion de camps Mongols à deux ou plus est un plaisir. Comptez deux ou trois heures pour finir ces missions coop une première fois.

Une réussite à un détail près : le héros que vous incarnez en multijoueur est déconnecté du Jin Sakai que vous jouez en solo, les deux modes ayant leur propre loot et arborescences de techniques à déverrouiller. Impossible d'utiliser les techniques apprises en solo, comme la capacité de dévier les flèches avec son sabre par exemple. Enfin, les autres modes multijoueur qui consistent à repousser des vagues d'ennemis sont répétitifs et laborieux, y compris le tout nouveau mode Rivals qui propose du 2 contre 2. C'est du grinding sans fin, une façon artificielle de gonfler la durée de vie du multijoueur.
Affrontez des fantômes en coop

Pour qui ?

De temps en temps vous incarnez Jin Sakai ado, lors de flashbacks avec votre père.

Contrairement aux nouvelles missions décevantes de Final Fantasy VII Remake, celles de Ghost of Tsushima – Director's Cut sont indispensables en solo. Le parcours initiatique sur l'île d'Iki apporte une dimension supplémentaire à cette histoire familiale tragique – Jin doit affronter un mélange de ressentiment et de honte vis-à-vis de son père, l'amenant à comparer leurs destins de leaders respectifs. Et contrairement à Final Fantasy VII Remake, le contenu proposé sur l'île d'Iki est particulièrement riche : comptez quatre à six heures minimum pour faire les missions principales en ligne droite, et facilement le double pour tout voir.

Le loot récupéré, notamment les nouvelles armures bien planquées, peut servir de retour sur Tsushima, possible à tout moment – tout en réussissant l'exploit de ne pas être ridicule pour ceux qui auraient déjà platiné le jeu original. Que vous commenciez tout juste l'Acte 2 ou que vous ayez fini le jeu, cette extension sur Iki est parfaitement autonome et équilibrée, tant au niveau de la difficulté que du loot. Gare au combat final sur Iki quand même, aussi dur que celui de Tsushima ; mieux vaut avoir une armure bien upgradée et des charmes puissants avant de se frotter à la terrible Ankhsar Khatun.

Reste le prix. Jusqu'à 20 € la mise à jour, 80 € la Director's Cut sur PS5 ou 70 € sur PS4, c'est un investissement significatif. Vu l'excellent suivi réalisé au fil des mois, les optimisations gratuites dont le multijoueur, commencez peut-être par le jeu original non Director's Cut en attendant les promos, si vous n'aviez pas encore essayé ce chef-d'œuvre. Et gardez l'achat séparé d'Iki pour le endgame, comme une façon de dire au revoir à un des destins les plus mythiques de l'histoire des jeux vidéo : le fils contre le père, le neveu contre l'oncle, tel des héros prométhéens répandant le mal en essayant de faire le bien...
« L'homme n'est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête » – Pascal

L’anecdote

Vous pouvez finir l'aventure principale sur Iki sans même avoir exploré sa pointe sud.

Comme dans beaucoup de jeux en monde ouvert, l'île d'Iki vous permet de vous balader librement, de partir dans n'importe quelle direction, de trouver de nouveaux points d'intérêt qui ne sont pas tous indiqués sur la carte ou sur le HUD comme dans les jeux Bethesda ou Ubisoft... y compris au tout début de l'aventure.

J'ai ignoré la première quête pour explorer l'île et je suis rapidement tombé sur des quêtes secondaires – Iki est grande comme la moitié d'une région de Tsushima, et la densité de personnages demandant de l'aide est au diapason. Grave erreur : la première quête d'Iki permet de récupérer son fidèle destrier, ce qui m'a obligé à courir à pied un bon moment derrière des locaux partis à cheval en mission ! Ne faites pas comme moi : récupérez d'abord votre cheval avant d'explorer Iki...
Iki est presque la quatrième région de Tsushima
Les Plus
  • Jin Sakai sur les traces de son père
  • L'île d'Iki est riche en quêtes, en surprises et en loot
  • Les quelques nouveautés : shamans, charge à cheval...
  • Un suivi exceptionnel avec des bonus gratuits (60 fps sur PS5, multi...)
Les Moins
  • Le prix
  • L'import manuel de sauvegardes PS4 vers PS5, dont des problèmes d'importation du mode Legends PS4
Résultat

Difficile de parler de Ghost of Tsushima – Director's Cut sans spoiler la tragédie familiale de son héros Jin Sakai. Si vous n'avez jamais joué à ce jeu, foncez – prenez la version de base sur PS4 ou PS5, elle bénéficie d'un suivi et de patchs remarquables. Ou choisissez l'upgrade vers cette Director's Cut si vous en avez les moyens, tant la nouvelle île d'Iki permet d'approfondir l'arc narratif exceptionnel de Jin Sakai, tout en prolongeant le plaisir de six à douze heures. Un must pour les nouveaux comme pour ceux qui auraient platiné l'original.

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