Test | Humankind
06 oct. 2021

Encore un dernier tour, et puis un autre

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Humankind
  • Éditeur SEGA
  • Développeur Amplitude Studios
  • Sortie initiale 17 août 2021
  • Genre Stratégie tour par tour

Lourde tâche que d'arriver le sourire aux lèvres avec un tout nouveau 4X qu'on opposera sans aucun mal à Sid Meier's Civilization VI, le mastodonte du genre déjà bien établi. Allié à SEGA qui a su marteler sa campagne de communication pour nous rappeler que Humankind était là, il semblait difficile de passer à côté de l'événement stratégie tour par tour de cet été. Tout droit modelé des mains des développeurs – français ! - d'Amplitude Studios, il est désormais temps de découvrir cette proposition nouvelle.

L'histoire

L'Histoire nous l'a appris, le temps n'est fait que de civilisations éphémères. Certaines connaissant une influence colossale, et d'autres tombant rapidement dans l'oubli. Sur ce constat là, Humankind pose son propos. Un vaste monde à portée de main, et tout un peuple à diriger. À la façon des standards du 4X – exploration, expansion, exploitation, extermination – et notamment Sid Meier's Civilization VI, son principal concurrent, c'est au travers d'un simulacre du monde que nous connaissons que vient l'ère de l'humanité. En commençant par les prémices des sociétés sédentarisées jusqu'à la conquête de l'espace, à travers crises et apogées, guerres et paix, ainsi que tout rayonnement scientifique, commercial et autres. La subtilité de l'univers vient du choix crucial imposé par un passage à une nouvelle ère : continuer d'évoluer avec sa civilisation, ou la faire évoluer avec un autre peuple, avec tout l'impact de gameplay qui peut en découler.

Encore une fois, en comparaison à son éminent concurrent Civilization, Humankind penche vers un concept presque porté sur le jeu de rôle. Ainsi, c'est face à des événements dont vos choix impliquent tels avantages ou désavantages que votre peuple connaît bonheur ou famine. Chacun de ces événements est lié à une péripétie qui s'est déroulée au cours de la partie. Une bataille perdue au bout du continent peut initier la rumeur dans votre capitale que les dieux se sont vengés en lançant des esprits maléfiques sur vos armées. De plus, vos choix ont un impact non négligeable sur la balance idéologique de votre civilisation – liberté contre justice, mondialisme contre nationalisme, traditionalisme contre progrès, ou individualisme contre communautarisme – qui apportent leurs lots d'avantages.
Une civilisation à votre image

Le principe

En voilà un vaste empire !

Humankind se présente alors avec sa personnalité propre, qui n'en fait pas une pâle copie de Sid Meier's Civilization VI – encore, oui, le revoilà – avec ses différents systèmes. Tout d'abord, cette fameuse mécanique de choix de civilisation à chaque passage d'ère, qui peut être atteint à la complétion de différents objectifs, qu'ils soient militaires, scientifiques, expansifs, etc. En effet, lors de chaque nouveau palier vient le moment de choisir parmi une série de civilisations – historiques – ou de garder celle avec laquelle vous avez brillamment évolué dernièrement. Attention toutefois, les doublons sont impossibles : ce choix est crucial puisqu'il va orienter votre direction pour les tours à venir. Celui-ci offre donc une large connaissance et une bonne marge de manœuvre d'une partie à une autre, et peut s'avérer fortement intéressant en multijoueur notamment.

Votre peuple en main, voilà venu le temps de votre progression. La carte se trouve découpée en diverses régions, et c'est à vous de les occuper en bâtissant une ville à l'intérieur, ou en l'annexant à votre région avoisinante. Voilà tout un équilibre à respecter pour mener votre peuple à son apogée, entre un large territoire florissant ou une multitude de plus petites cités. Sachez par ailleurs que l'expansion dispose de son lot d'impacts et de difficultés. Être trop gourmand peut vous être fatal, tout comme ne pas l'être assez.

La guerre n'est pas à envisager sans analyser tous les tenants et aboutissants, à moins de s'empêtrer dans un conflit ravageur où personne n'y gagne quoi que ce soit. Humankind est un jeu de choix, et il ne faut pas le sous-estimer. Ces mêmes choix vous emmènent aussi à axer votre idéologie dans certaines directions, qui impliquent des bonus dans différents domaines comme l'industrie ou le militaire par exemple. Côté militaire, voilà une idée nouvelle qui apporte sa profondeur : lancer un combat armé vous plonge dans une phase de stratégie. Un jeu dans un jeu, au combat tactique au tour par tour. Toutes les armées de la zone sont impliquées, et vous voilà à devoir manœuvrer et attaquer vos adversaires.
De l'importance du choix et de l'anticipation

Pour qui ?

Les bons comptes font les bons amis.

La campagne marketing l'a démontré, SEGA voit large. Humankind ne se veut pas élitiste, mais présente tout de même des mécaniques bien huilées et profondes. Son interface facile à appréhender permet d'aborder les différentes mécaniques sans frustration. La première partie aura peut-être son côté crash test, et il ne faut pas forcément s'attendre à gagner du premier coup. Néanmoins il y a largement de quoi y prendre goût rapidement, qu'on soit habitué au genre ou non.
Des mécaniques profondes sans atteindre l'élitisme

L'anecdote

La guerre ne meurt jamais.

Évidemment, comme précisé dans le paragraphe précédent, la première partie ne m'aura pas permis de décrocher la première place contre l'IA en difficulté Métropole/Normale. Un choix aura notamment grandement ralenti ma progression (en plus de la découverte) : la déclaration de guerre dans un besoin d'expansion. C'est lors de mes premières conquêtes que j'ai découvert un pan de cette mécanique. Au fil de vos tensions en temps de paix avec vos voisins, vous gagnez des points de soutien de guerre face aux différents dirigeants. Si vous disposez de plus de points que votre opposant, la déclaration de guerre est envisageable.

Une fois le conflit entamé, l'usure de guerre et les différentes actions et victoires provoquent la baisse ou la montée de ceux-ci. Le dirigeant arrivant à zéro se retrouve contraint d'abdiquer, et vient le moment pour le vainqueur d'imposer ses conditions de victoire. Seulement voilà : vos points de soutien restants vous permettent d'imposer ces conditions. Tant de points pour annexer une ville, tant d'autres pour un tribut, etc. Il est ainsi vital de prendre en compte cet élément pour sortir vainqueur avec gain de votre conflit. Chose qui ne m'est pas arrivée, puisque le soutien insuffisant ne m'a pas permis de conserver les villes capturées. Comme dit précédemment : Humankind est un jeu de choix, laissant la part belle à l'anticipation.
Le conflit n'est pas toujours la solution
Les Plus
  • Une véritable variante aux propositions actuelles (Civilization)
  • La sensation de sa civilisation propre et personnalisée
  • Une superbe ambiance, qu'elle soit visuelle ou sonore
Les Moins
  • Une encyclopédie qui aurait gagné à être plus informative
Résultat

Pari réussi pour Humankind que de s'imposer face aux maîtres présents dans l'arène depuis belle lurette. Loin de là la prétention de les avoir délogés, mais sa proposition offre une variante appréciable au paysage du 4X. Avec une très bonne profondeur à chaque nouvelle partie, c'est avec grand plaisir qu'on se répétera : encore un dernier tour et au lit ; sans jamais vraiment y croire.

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