Test | Tony Hawk's Pro Skater 1+2
15 juil. 2021

Plutôt Switch ou regular ?

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Tony Hawk’s Pro Skater 1+2

Quelques temps après la sortie sur consoles, Tony Hawk's Pro Skater 1+2 se voit gratifié d'une version Switch fort attendue pour compléter le parc. Réussite de remastérisation, le titre a dû faire quelques concessions pour entrer dans les contraintes imposées par la console de Nintendo. Mais rassurez-vous, l'essence qui caractérise le titre est toujours là : un condensé explosif de fun, vous appelant à une nervosité dans les enchaînements des tricks et la recherche du score toujours plus haut, au détriment des lois de la physique. Concrètement : ne reproduisez pas chez vous ce que vous lirez dans ce test !

Le principe

En incarnant l'un ou l'une des skaters pro du moment, ou en piochant parmi les dinosaures légendes, vous évoluez au fil des skateparks et des environnements proposés initialement dans les deux premiers titres de cette épique saga. New York, San Francisco, Marseille, la Zone 51, un hangar, un barrage hydraulique... Les décors variés et nombreux sont à chaque fois l'occasion de poser votre skate sur des éléments du décor, un taxi, des tubes, un abribus, des rampes naturelles ou posées là comme par miracle pour réaliser des enchaînements de dingue. Car toute la magie du jeu repose sur votre capacité à enchaîner les tricks : un kickflip pour démarrer, puis un grind sur un rebord, avant de faire un transfert vers une zone de rampe, un grab avec le plus de rotations possible, puis un nouveau grind... Si vous n'avez pas mangé le bitume entre-temps, vous avez saisi l'idée et toute l'excitation de la recherche des meilleurs spots. Et vous vous demanderez rapidement comment accéder à cette rampe qui semble inaccessible. Tony Hawk's Pro Skater 1+2 est taillé pour l'exercice et c'est au fil des zones que vous développerez vos aptitudes, vous éloignant assez rapidement de la simulation qui n'a de réaliste que le nom de ses acteurs et figures pour tendre vers l'arcade total, tandis que votre skater gagne en capacités défiant les lois de la gravité et que votre skate semble équipé d'un moteur électrique de Tesla.

Chaque zone est composée d'une série d'objectifs à remplir, conditions impératives pour débloquer les environnements suivants. Les objectifs basiques de score sont complétés par des objets disséminés dans la zone à récupérer, des tricks spéciaux à réaliser sur un module précis, ou encore récolter la cassette secrète. Attendez, la quoi ? Tony Hawk's Pro Skater 1+2 est en effet une réédition reliftée d'un titre sorti à une époque où pour apprendre les tricks de dingue, il fallait s'échanger des VHS de skate sous le manteau. Avant Internet, en somme. Tout un concept, qui donne à Tony Hawk's Pro Skater 1+2 un léger goût désuet : celui du jean troué, des chemises à carreaux XL et de la carte à puce France Télécom.
Prends ta planche à roulettes on s'en va

Le portage Switch

À un moment vous arrêtez de lire le détail ; tant qu'il y a du bleu et du jaune, c'est banco !

Quel plaisir de retrouver Tony, l'officier Dick, et tous les autres. En quelques tricks, les mouvements reviennent naturellement pour tout joueur ayant usé sa manette de PlayStation première du nom dans les années 2000. Et c'est d'ailleurs la première faiblesse de la Switch : au bout de quelques heures de jeu, votre recherche de combos plus déments les uns que les autres ira titiller la résistance des Joy-Con de la petite console de Nintendo. Car oui, jouer à Tony Hawk's Pro Skater 1+2, c'est chercher des diagonales sur le stick, brutalement l'inverser tandis que vous enfoncez une gâchette et un bouton... Les Joy-Con crissent, supplient de les laisser tranquilles, au profit d'une manette pro, plus confortable et résistante.

Au-delà de cette considération très pratique, cette version Switch illustre parfaitement les limites de la console. La comparaison avec la version One, par exemple, fait saigner des yeux. Alors il ne faut pas trop regarder ailleurs, et accepter que les éléments soient globalement plus flous sur Switch, moins détaillés et moins lisses. Naviguer dans la boutique de vêtements pour customiser votre poupée (euh, skater), devient un enfer tant chaque élément met un temps fou à s'afficher nettement. Cela apporte presque une petite pointe de rétro dans l'esprit du jeu original, notamment en version portable. Sur le dock, le jeu passe globalement mieux et les textes sont d'ailleurs bien plus lisibles. Enfin, notons un usage totalement improbable de l'écran tactile : les menus sont navigables au doigt (autrement dit l'intérêt est nul) mais l'éditeur de skatepark non. Alors qu'il aurait tellement gagné à être géré au stylet, comme dans Game Builder Garage par exemple. Dommage.
Le flou artistique

Le multi

Embouteillage sur le spot à méga score.

L'espace en ligne est le défouloir idéal pour se frotter à d'autres skaters de canapé, dans plusieurs modes de jeu assez amusants et issus des jeux originaux. La nouveauté : vous ne jouez pas qu'en écran splitté, mais en ligne contre des inconnus plus ou moins doués. Et en général, sur huit joueurs, vous tombez sur une poignée de "normaux" comme vous et un ou deux dingues qui atteignent des scores totalement improbables. L'occasion, en les suivant, de découvrir les zones propices à des combos presque infinis, en témoigne cette capture d'écran où tout l'enjeu est de rebondir de mur en mur et d'enchaîner les grinds tant que le chrono est en place. Résultat : l'absence totale de ventilation par niveau de joueurs transforme un moment de bonne humeur en une claque d'humiliation. Il n'empêche que lorsque par hasard les compétences sont équilibrées, voler des spots dans le mode graffiti est une des choses les plus fun à faire dans ce mode en ligne.

Par ailleurs, si l'éditeur de park vous amusera quelques instants mais reste réservé aux urbanistes en herbe les plus méticuleux, les parks créés par le studio et la communauté sont une très bonne réserve à niveaux supplémentaires. Certains totalement déjantés à la manière de circuits à la TrackMania, d'autres bien plus sages mais finement pensés : il y en a pour tous les goûts.
En ligne, le fun laisse vite place à l'humiliation

Pour qui ?

P... papa ?

Pour beaucoup de titres qui ont bercé votre jeunesse, les souvenirs que vous en gardez sont généralement plus glorieux que la réalité. Les relancer à l'occasion d'un passage par le grenier de vos parents est souvent déchirant : moches, peu maniables, dépassés, vous venez de souiller à jamais un souvenir pur et immaculé. C'est pour vous éviter cette triste tentation que Tony Hawk's Pro Skater 1+2 existe. Pas besoin de chercher un adaptateur Péritel > HDMI pour rebrancher votre valeureuse PS One, il vous suffit de télécharger ce titre remis au goût du jour en termes de graphismes mais totalement identique, à peu de choses près, au gameplay de l'époque. Notons tout de même l'ajout bienvenu des revert (inverser au sortir d'un saut le sens de la planche) et wallplant (pour rebondir comme Mario sur le mur d'en face). Et plus précisément concernant cette version Switch, elle autorise aux jeunes parents des parties rapides, et l'apprentissage de l'équilibre du skate à leurs jeunes enfants avec notamment le mode deux joueurs en local.
La nostalgie est un très bon défaut

L'anecdote

Embrasser le bitume à pleines dents, une part importante de l'apprentissage.

Je suis un joueur de Tony Hawk's Skateboarding de la première heure. Quand en 1999 avec un groupe d'amis nous avons découvert ce titre, nous avions déjà expérimenté le skate arcade avec Street Skater et le contraste qu'offrait THPS nous a frappé aussi fort qu'une grosse gamelle dans un half-pipe en béton. Fini le "skate sur rails", il faut maintenant penser à orienter sa planche dans l'axe du mouvement pour ne pas se vautrer. Eh oui, les gamelles sont nombreuses et font clairement partie de l'apprentissage, comme pour le skate de la vraie vie. Malheureusement, l'aspect cynique du studio de développement originel Neversoft a été partiellement gommé lorsque le sang des vautrages a disparu de Tony Hawk's Pro Skater 1+2. Quelle déception. Une décision que j'imagine puritaine dans le but de ne pas choquer le large public à qui cette réédition s'adresse.

Ce qui m'a poussé à m'intéresser à l'origine du jeu et il se trouve que Neversoft a été parachuté en pompier sur le projet de "jeu de skate" initié par l'éditeur Activision, mais alors peu engageant au vu des essais du premier studio mandaté. Neversoft s'est servi de son moteur de jeu 3D, et Tony n'est arrivé que plus tard dans le projet. Une séquence de motion capture du skater pro a été largement médiatisée mais Neversoft a ensuite révélé que rien de cela n'a été exploité, l'équipe ne maîtrisant pas cette technologie. Par contre, ils ont décalqué les mouvements et expressions corporelles des skaters du titre en s'enfilant des tonnes de cassettes VHS de skate. Pour arriver donc à un résultat saisissant pour l'époque, bourré d'une culture skate qui était totalement étrangère à l'équipe, et a donc généré les fondations d'un empire du jeu de sports extrêmes, embarquant toute une flopée de sportifs par la suite. J'adore ce genre d'histoire !
Mes premières gamelles de skate ont été sur PlayStation
Les Plus
  • Comme à l'époque, mais en mieux
  • La progression bien dosée libère vos possibilités
  • Les défis nombreux et niveaux cachés
  • Quelques améliorations bienvenues piochées dans les épisodes suivants
  • La galerie commerciale, comme abandonnée depuis 20 ans
Les Moins
  • Impossible d'enregistrer une vidéo ? Pourquoi ?
  • Le multi pourri par des experts du combo décourageants
  • Adieu les dollars et le sang d'origine
  • La customisation infinie façon catalogue La Redoute
  • Quelle différence entre tour solo et tour en bande ?
Résultat

Musique punk rock plein les oreilles, vous déambulez dans les niveaux de Tony Hawk's Pro Skater 1+2 à la recherche de nombreux défis disséminés. Avec le sentiment de vous promener dans votre lycée plus de vingt ans après, vous reconnaissez vos spots favoris, vous vous remémorez des scènes épiques sur les modules qui n'ont pas bougé d'un poil, le tout avec votre regard plus mature sur cette époque insouciante. Mais plein de détails ont changé. De nouveaux mouvements, qui autorisent des combos déments et la recherche du score ultime. Des défis en ligne, qui ouvrent un large volet de fun, quand la partie ne souffre pas d'un déséquilibre majeur entre les joueurs. Cette version Switch apporte une bonne grosse dose de plaisir, même si les graphismes sont un cran au-dessous des autres versions et que vos Joy-Con vont vite craqueler sous vos mains crispées. Il n'empêche, très vite vous cherchez les moindres rebords, rails et modules pour imaginer des enchaînements téméraires, que ce soit dans le jeu ou dans la rue pas loin de chez vous... Allez, roulez jeunesse !

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