Test | Resident Evil Village
08 juin 2021

Ethan Van Helsing cherche Rosemary baby désespérément

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Resident Evil Village
  • Éditeur Capcom
  • Développeur Capcom
  • Sortie initiale 7 mai 2021
  • Genres Action, Aventure, Survival

Après un retour réussi aux sources horrifiques de la saga dans Resident Evil VII, Capcom invoque cette fois-ci des éléments du quatrième épisode pour proposer avec Resident Evil Village une aventure un peu plus riche en action. Ethan Winters, héros malgré lui de l'épisode 7, est de retour et troque un bayou poisseux et glauque à souhait pour un village montagnard glaçant et peuplé d'humains plus très humains en tous genres. Toujours en vue subjective, cette suite est-elle à la hauteur de son aîné ou souffre-t-elle trop de la comparaison ? Spoiler alert : la réponse A.

L'histoire

Trois ans après les événements de la Louisiane où Ethan Winters, successivement victime puis bourreau de la pittoresque famille Baker, sauvait sa femme Mia des griffes d'Eveline, une arme biologique à l'apparence d'une petite fille, notre héros lambda au visage anonyme est de retour pour sauver cette fois-ci la chair de sa chair. Encore traumatisé par les événements de 2017, le couple Winters a emménagé dans une paisible maison quelque part en Europe de l'Est. Lors d'une soirée absolument banale, leur quotidien replonge dans l'horreur avec le kidnapping de leur fille adorée Rosemary. Livré à lui-même et la rage au ventre, Ethan se met en quête de son bébé dans un village coupé du monde et resté figé dans une société du début du XXe siècle.

Très vite, Ethan se rend compte que sa fille est aux mains d'une bande assez folklorique composée de quatre lords : Lady Alcina Dimitrescu, sorte d'Élisabeth Báthory de plus de deux mètres ; Heisenberg, un homme à cheval entre Magneto et le professeur Frankenstein qui est à la tête d'une armée de lycans ; Moreau, sorte de mélange bâtard entre le dernier rejeton du dieu lovecraftien Dagon et de la Créature du lac noir ; et enfin Donna Beneviento, une marionnettiste dont les poupées n'ont rien à envier à Chucky. Croyez-le ou non, mais les membres de cette bande atypique sont frères et sœurs et obéissent plus ou moins à leur mère, Mother Miranda. L'accueil que vous réserve cette joyeuse famille recomposée est si chaleureux que vous n'avez qu'une envie : le leur rendre au centuple. Bienvenue dans le Village des Ombres.
De la Louisiane à l'Europe de l'Est, il n'y a qu'un pas

Le principe

Mais comment ce symbole a-t-il bien pu finir là ? Vous avez cinq heures.

Resident Evil Village fonctionne presque exactement comme Resident Evil VII. Depuis un hub central situé à deux pas de l'église (le repère classique dans tout village européen), vous devez explorer divers environnements, accessibles en trouvant des clefs, et à l'issue desquels vous attendent un boss. Si les premières heures du jeu maintiennent un équilibre réussi entre action et survie, le jeu prend rapidement un tournant résolument plus action à mi-parcours. Ainsi, dans les premiers instants du jeu, les vieux réflexes propres aux Resident Evil resurgissent pour ne pas finir en pâtée pour loups-garous : faire tomber des armoires pour vous barricader, ou bien tirer sur des barils pour souffler vos ennemis. Puis, à partir du moment où vous comprenez que le jeu n'est pas avare en pétoires, ces stratégies deviennent optionnelles. À bien des égards, Resident Evil Village essaye de tisser des liens avec les opus précédents. À l'instar de Resident Evil 4, nous retrouvons donc un marchand ambulant proposant moult services : fournisseur de munitions et de soins, armurier rodé aux améliorations et collectionneur de denrées et objets de valeur, ce marchand aux multiples casquettes est également un excellent cuisinier ! Ses plats aux effets divers et permanents peuvent améliorer votre santé, votre vitesse ou encore votre résistance. En plus de cela, cet homme imposant joue également le rôle de guide pour Ethan et sa présence est synonyme de zone neutre rassurante inviolable par tout ennemi. Autre rappel du quatrième opus de la saga : l'inventaire est limité et peut être amélioré auprès du marchand. Vous disposez d'un nombre restreint de cases pour empiler toutes vos affaires, et si vous jetez quelque chose, l'objet disparaît tout simplement. Évidemment, le stock du marchand n'est pas illimité et le jeu encourage à laisser parfois de côté le consumérisme pour favoriser le Do It Yourself : munitions, soins et trésors peuvent être fabriqués et combinés par vous-même dans votre inventaire. À vous d'ouvrir l'œil donc et de penser à ramasser les vieilles pièces de métal, les herbes et autres matériaux et ingrédients nécessaires.

Rien de très neuf sous le soleil donc, la mécanique du jeu ne réinvente pas la franchise et perd même un pan non négligeable comparé à l'opus précédent avec l'absence totale de PS VR. Là où Resident Evil Village tire véritablement son épingle du jeu réside dans son rythme soutenu et enrichi d'un bestiaire varié. En ajoutant le folklore européen (vampires, lycans et autres variants) à son fond de commerce habituel composé de zombies et de goules, Capcom arrive à maintenir un rythme soutenu à travers les différentes zones que vous devez explorer. De nombreux sous-boss vous attendent, parfois obligatoires, d'autres fois optionnels pour peu que vous ne cherchiez pas à retourner chaque centimètre carré du territoire explorable, et pimentent l'aventure d'Ethan. Néanmoins, à l'instar des griffes de Lady Dimitrescu, ce rythme a un double tranchant : arrivé à mi-parcours, le jeu qui reposait jusque-là sur un équilibre habile alternant action et survie plonge sans hésiter dans l'action et laisse bien plus de place à la poudre qu'à la peur. Un parti pris pouvant décevoir certains mais qui souligne de manière cohérente le fait que ce huitième opus canonique est, sur bien des points, un mélange des épisodes quatre et sept.
S'inspirer de ses prédécesseurs, certes, mais essayer de se démarquer également

L'ambiance

Une maison adossée à une cascade : village damné ou non, c'est un goal de vie.

Que serait Resident Evil sans une bonne ambiance ? Une redite du sixième volet. Blague à part, Resident Evil Village se démarque de ses aînés dès son ouverture, sous la forme d'un conte fantastique intitulé Le Village des Ombres basculant assez rapidement dans l'horreur. Dès les premières minutes, le décor et le ton sont plantés, avec la thématique de la filiation placée au cœur du récit. Qu'il s'agisse de la relation entre Ethan et Rosemary, celles que Miranda entretient avec ses enfants, ses disciples et ses motivations, voire de l'étrange créature qui hante les couloirs de la Maison Beneviento ou encore les créations très "à la Frankenstein" d'Heisenberg, la filiation n'est autre que le leitmotiv de Resident Evil Village. Omniprésent dans le jeu et généralement plutôt bien traité, ce motif trouve ses limites au moment où les équipes de Capcom poussent le curseur un peu loin en essayant de rattacher maladroitement ce huitième opus aux origines mêmes de la saga. Sans doute la goutte de trop, mais pas si étonnante que cela car c'est quelque chose auquel Resident Evil nous a habitué, à l'instar de ses énigmes, certes efficaces, mais pas toujours très inspirées ou souvent réutilisées d'épisode en épisode. Sans grande surprise, nous retrouvons donc des moments devenus incontournables de la saga, tel que le fait de se retrouver dépossédé de tout son équipement ou encore celui d'être poursuivi par une créature invulnérable.

Si cette mécanique déjà vue et revue peut parfois sembler s'essouffler, il n'empêche que l'ambiance et le scénario de ce huitième opus fournissent une expérience de jeu solide et intéressante. À noter également que le Resident Evil Engine fait encore des prouesses en nous offrant des panoramas sublimes à tomber et des environnements superbement modélisés. Tout est une affaire de détails dans Resident Evil Village et l'on sent que les développeurs ont bossé énormément pour fournir une ambiance unique à chaque zone et même à chaque bâtiment. L'ambiance alarmante et inquiétante du village ressort autant de ces repas abandonnés dans la précipitation par les villageois que dans les hurlements des lycans affamés. Ces couloirs exigus étouffants, ce tableau qui se décroche lors de votre deuxième passage, ces bougies qui s'éteignent brusquement, ces peintures qui semblent vous suivre du regard... les décors de Resident Evil Village sont une franche réussite et leur modélisation impeccable contribue à vous immerger encore plus.
Resident Evil Gothique

Pour qui ?

Oui bon soit... shut up and take my money !

Si vous avez aimé Resident Evil VII, alors vous devriez apprécier cette suite. Certes, l'accent est clairement plus porté sur l'action à partir de la moitié du jeu, mais la peur n'est pas pour autant balayée d'un revers de patte de loup-garou. L'histoire d'Ethan Winters et de sa famille se poursuit et apporte des réponses tout en posant de nouvelles questions. Avec un épilogue énigmatique, ce nouvel opus confirme la volonté de la saga de se renouveler et peut-être annonce-t-il un neuvième épisode résolument différent des autres dans son gameplay. Nous pouvons l'espérer, mais en attendant, si le folklore européen vous plaît, si vous avez envie de voir des vampires dans un Resident Evil ou si vous avez tout simplement envie d'un jeu solide mêlant action et horreur, alors foncez poser vos bagages dans ce village damné. L'avantage ? Que vous ayez votre pass sanitaire ou non, l'accueil sera le même.
Keeping Up With The Winters

L'anecdote

Quelques instants avant le moment fatidique...

Lors d'une séquence dont je ne dévoilerai presque rien afin d'éviter le spoil, vous êtes confronté à une créature étonnante jaillissant littéralement de nulle part et qui vous prend en chasse, vous forçant à courir et vous cacher (seul moment du jeu où vous devez nécessairement le faire) pour sauver votre peau. Les bruits qu'éructe cette créature sont glaçants et accentuent le caractère anxiogène de la scène. Mais ce qui m'a particulièrement marqué dans cette séquence, c'est qu'elle a continué à me hanter des jours après. Tranquillement installé à mon bureau dans mon salon pour télétravailler, j'avais ouvert la fenêtre de ma chambre dans la pièce d'à côté pour profiter du soleil et de l'air doux de l'extérieur. Quand soudain, j'entendis des cris tellement similaires à ceux du monstre que je me figeai instantanément. Je tournai la tête pour vérifier si la-dite créature indicible se dressait derrière moi, prête à me gober en poussant son hurlement si distinct, mais mes yeux ne trouvèrent que de jeunes bambins sortant de la maternelle en face de chez moi. Jamais plus je n'entendrai des cris d'enfants de la même manière – jamais plus !
Ce moment n'est pas prêt de finir de me hanter
Les Plus
  • Visuellement superbe et gorgé de détails
  • L'ambiance, très réussie et riche
  • Des boss et des sous-boss intéressants
  • Un terrain de jeu plus grand que précédemment et proposant des zones bien variées
  • La maison Beneviento
  • Généreux en contenu
  • Une balance peur/action dans un premier temps bien équilibrée
  • Un épilogue mystérieux qui laisse place à beaucoup d'attentes pour la suite
Les Moins
  • Le passage dans le château de Dimitrescu, un peu court pour un édifice aussi imposant !
  • Une structure parfois trop calquée sur celle du 7
  • Pas de réalité virtuelle
  • Le virage très (un peu trop ?) action à la moitié du jeu
Résultat

À bien des égards, Resident Evil Village surpasse son prédécesseur direct. Solide dans sa structure (même si elle est identique à celle de son aîné), joliment dosé entre action et survie avec des combats plus intéressants que dans Resident Evil VII, magnifique visuellement et proposant plusieurs moments intenses et horrifiques marquants, ce nouveau jeu de Capcom est une réussite. Toutes les attentes d'un survival horror en caméra subjective sont atteintes et l'expérience de jeu, bien qu'assez proche structurellement de celle éprouvée lors de Resident Evil VII, se retrouve étoffée d'une ambiance originale, fouillée et diablement convaincante. Ressentir autant de répulsion que de fascination pour les antagonistes qui se dressent devant nous est gage de succès. Hâte de voir ce que l'épisode suivant nous réservera, notamment avec cet épilogue !

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