Test | R-Type Final 2
11 mai 2021

Le mauvais dernier

Testé par sur
Aussi disponible sur
R-Type Final 2

R-Type. Voici un nom qui fait vibrer les adeptes de shoot'em up en scrolling horizontal. Plus de quinze ans après le dernier volet canonique de la série, c'est via un financement participatif que R-Type Final 2 voit le jour. Derrière ce projet, des têtes pensantes de la série ainsi que le studio Granzella, connu pour son relativement récent (en Europe du moins) Disaster Report 4.

Le rappel

Pour ceux qui ne connaissent pas la série, résumons un peu les bases de R-Type. Il s'agit d'un shoot'em up avant tout connu pour la générosité de son contenu (nombre d'armes et de vaisseaux) mais aussi pour une spécificité de gameplay : votre vaisseau dispose d'un module sphérique pouvant être accroché à votre vaisseau (à l'avant ou à l'arrière) ou bouger de façon autonome, le tout en tirant. Pour ne rien gâcher, le dispositif peut aussi servir de bouclier. En résulte une série exigeante, dont l'aspect stratégique ne se limite pas à votre vaisseau et ses armes.
Retour à la base

Le principe

Le module peut par exemple servir à tirer derrière le vaisseau.

Une fois le système de jeu rappelé à vos bons souvenirs (ou non), il est temps de s'attaquer au plat de résistance, à savoir ce R-Type Final 2. Le programme est dans la veine de la série : à vous de parcourir l'espace ou des laboratoires afin d'éliminer divers ennemis et boss (l'organisation Bydo) s'apparentant à des robots ou des mutants. De prime abord, l'expérience est visuellement plutôt séduisante : R-Type Final 2 n'est jamais beau, mais "il fait le boulot", avec des modèles et effets relativement détaillés. Les soucis pointent lorsqu'il est question de quelques ralentissements, un comble compte tenu de ce genre de jeu et de la puissance des consoles actuelles (le test a été effectué sur Series X). Mais surtout, sur le plan esthétique, l'expérience s'essouffle bizarrement au fil des minutes. Ainsi, les premiers niveaux convaincants laissent place à un final plutôt fainéant sur le plan visuel.

Mais le point névralgique de ce volet (et de ce test) se situe autre part, à savoir dans le gameplay. En effet, aussi compliqué soit-il, R-Type a toujours eu un côté un peu bancal : des hitbox discutables, un level design parfois si ardu/piégeux que ça en devient débile, etc. R-Type Final 2 poursuit ce constat à une époque ou le manque de finition se paye cash, et ou la difficulté modulable est reine.
Une bonne impression qui s'estompe

Typiquement le genre de séquence un peu agaçante, à cause du manque de lisibilité.

Il faut alors comprendre la frustration inhérente à ce nouvel épisode. Si les hitbox peu précises en feront déjà rager certains, que dire des problèmes liés à la mise en scène ? Parfois, vous avez l'impression de pouvoir emmener votre vaisseau dans un recoin. Il n'en est rien : le décor qui semblait être en arrière-plan était en réalité à votre niveau. Pas de chance. Vous voyez des vaisseaux en gros plan sur l'écran ? Inutile de tirer dessus, ils passent rapidement devant vous... et vous devez alors deviner, quelques secondes plus tard, que c'est bon ! Vous avez le feu vert pour tirer !

Tout ceci ne serait pas dérangeant si le jeu proposait un certain confort. Et il s'agit en réalité de son plus gros point noir. Difficile de savoir comment certaines idées ont fait pour être validées à notre époque. Par exemple, une fois votre vaisseau détruit, l'écran se fige une dizaine de secondes, accentuant votre frustration avant de vous faire réapparaître non pas sur place – comme tout shoot'em up le ferait – mais quelques instants plus tôt, à un checkpoint. De ces chargements découle un agacement inhérent au manque de rythme. Alors que, comme tout titre du genre, l'aventure ne dure que quelques minutes, vous vous retrouvez à pester encore et toujours durant ces moments d'inactivité, qui anéantissent toute notion d'amusement et vous donnent l'impression de perdre votre temps.
Un manque de finition flagrant

Pour qui ?

Joli au début (comme ici), le jeu perd peu à peu de son charme visuel.

À qui donc se destine R-Type Final 2 ? C'est une bonne question. Déjà, ce n'est assurément pas ce titre qui fera apprécier les shoot'em up à des néophytes. Le manque de précision mais surtout de rythme suffit à servir de repoussoir. Difficile, aussi, de conseiller le jeu à un fan du genre. R-Type Final 2 n'a pour lui ni le travail d'orfèvre d'un jeu Treasure, ni l'amusement d'un Castle Shikigami II. D'ailleurs et pour rester dans les jeux récents, il n'a pas non plus la modernité de l'excellent Raiden V. Alors oui, nous n'allons pas non plus vous mentir : ces 20 dernières années, bien des shoots sont devenus cultes au fil du temps ; et certains, avouons-le, étaient loin d'être folichons. Mais nous doutons que R-Type Final 2 puisse atteindre ce stade (cette escroquerie ?) dans l'état. Reste alors les fans de la licence. Certains se satisferont probablement de revoir leur série fétiche. D'autres, au contraire, considéreront peut-être que ce volet aurait mieux fait de ne jamais voir le jour.
Pas grand monde

L'anecdote

Marque de fabrique, le jeu dispose d'éléments personnalisables et de nombreux vaisseaux.

En plus de la dégringolade esthétique du jeu ou de choix peu pertinents, un autre point symbolise le manque global de finition. Ainsi, en lançant le jeu, quelle ne fut pas ma surprise de voir que tout était en japonais. Aucune sélection de langue, et il faut alors aller dans les options, et deviner la case correspondante pour mettre le jeu en français. Cela peu sembler anodin et prêter à sourire, mais tout ceci rappelle que R-Type Final 2 a probablement été sorti dans la précipitation.
アール・タイプ ファイナルツー
Les Plus
  • Un contenu assez conséquent
Les Moins
  • Le système de checkpoints et les chargements de 10 secondes entre chaque mort. La pire idée
  • Des masques de collision discutables
  • Joli... au début
  • Un jeu qui donne l'impression de s'écrouler au fil des minutes
  • Loin du ressenti de R-Type Final
Résultat

Shoot'em up au mieux moyen, faut-il être complaisant vis-à-vis de R-Type Final 2 sous prétexte de son passé de renom ou d'un financement participatif ? Sûrement pas. En l'état, il est bien difficile de défendre le jeu de Granzella. Manquant à la fois de finition et de rythme/modernité, R-Type Final 2 est d'autant plus condamnable qu'il se révèle être un bien mauvais porte-étendard pour le genre. Un comble lorsque l'on parle d'un titre apparenté à une série de renom. On conseillera aux joueurs de plutôt se tourner vers la concurrence, heureusement assez conséquente sur les stores en ligne (et ce peu importe le support).

Partagez ce test
Tribune libre