Test | In rays of the Light
20 mars 2021

Déambulations dans le brutalisme soviétique

Testé par sur
Aussi disponible sur
In rays of the Light

De la lumière à l'ombre d'un abri sous-terrain, que sont devenus les étudiants et professeurs de cette université à l'abandon ? Chaises renversées, fenêtres cassées, papiers abandonnés sur des coins de table... Tout est figé, dans ce monde pourtant bien vivant. Entre deux déambulations, vous écoutez les oiseaux, regardez les nuages avancer. Le monde continue de tourner mais qu'est devenue la centaine d'occupants des lieux semblant s'être volatilisée en un instant ? À vous de faire la lumière sur cet étrange événement.

L'histoire

La nature a repris le dessus, dans cette université à l'abandon. Le lierre a envahi les murs, les arbres font craqueler le bitume, les herbes folles ont fait des interstices de béton leur camp de base... En arpentant dans les couloirs, vous entendez presque le crissement des chaises sur le sol, qui ont servi une dernière fois avant d'être abandonnées à la hâte, sans même être rangées sous les bureaux. Que s'est-il passé pour qu'un tel bâtiment soit vidé aussi subitement de ses habitants ? Ne restent visibles que les vestiges d'une activité étudiante, à travers des photos punaisées au mur ou des messages griffonnés à la craie. In rays of the Light vous plonge dans un monde à l'arrêt, abandonné, qu'il vous faut explorer pour remonter le fil des événements. Une sirène. Une annonce sur le campus. Pas de précipitation, il y aura de la place pour tout le monde au sous-sol, bien à l'abri. Combien de temps rester dans la pénombre ? Est-ce que le danger est passé ?
Une déco en béton

Le principe

Fenêtre sur cours.

La déambulation reste l'activité principale de In rays of the Light. Vous explorez le campus, poussez des portes, cherchez un outil ou indice pour déverrouiller quelques serrures ou verrous récalcitrants. Malgré ce qui pourrait s'apparenter à une visite d'urbex, qui consiste à pénétrer dans l'enceinte de bâtiments abandonnés et profiter du spectacle, une ambiance délétère se dégage du lieu. Les bribes d'information collectées, habilement disposées au fil de votre visite, vous poussent à comprendre l'enchaînement d'événements qui a conduit à une telle fuite. Et surtout, le sort de ses occupants vous préoccupe de plus en plus. Alors que vous en trouverez la trace, leur présence vous marquera fortement. Sans aucun corps, sans aucun mouvement, le jeu parvient à les rendre extrêmement présents par la suggestion, les sons et leurs ombres qui ne sont pas sans rappeler les images bien connues de catastrophes nucléaires.
Superbe 2 000 m², disponible de suite, travaux à prévoir

Le portage Switch

Oui, les ombres sont crénelées, mais que voulez-vous, c'est soviétique.

Initialement publié sur PC, In rays of the Light arrive entre autres sur Switch dans cette réédition. Et avouons-le, même s'il fera méchamment souffler votre Switch, le titre saura vous plonger dans un décor apocalyptique ultra réaliste. Pas aussi beau que sur PC, évidemment, mais le petit écran joue en la faveur de la fébrile portable, plus habituée à afficher des personnages aux couleurs vives que des murs de béton baignés de lumière. Bon, il est vrai que les ombres des feuillages vous feront esquisser quelques sourires : pixélisés et loin de rendre aussi bien qu'espéré, ils témoignent du gouffre technologique qui sépare la Switch du reste des supports vidéoludiques contemporains. Mais encore une fois, le travail réalisé par Sergey Noskov reste admirable, tant l'adaptation a été soignée.
Le ray tracing ? Jamais entendu parler

Pour qui ?

L'auteur ne semble pas porter Vlad' dans son cœur.

Amateurs d'action, passez votre chemin. Plonger dans In rays of the Light, c'est consacrer deux à trois heures à une expérience contemplative, entre ombre et lumière, en recollant les morceaux d'un puzzle narratif. La trame se reconstitue de manière assez logique, avec suffisamment d'information pour satisfaire votre appétit, mais également assez de trous pour vous laisser combler ces manques par vos suppositions glaçantes. Avouons-le, se promener pour le plaisir de s'imprégner des lieux fait clairement partie de la promesse du titre.
Passion urbex

L'anecdote

Regardez-moi cette verticalité !

Je pense avoir passé autant de temps dans le jeu à suivre la trame narrative qu'à déambuler dans les pièces laissées à l'abandon. Longeant les couloirs, observant la lumière pénétrer à travers les vitres cassées, heurter les formes rectilignes du mobilier ou des escaliers. Dès les premiers instants, alors que je contemplais une végétation sauvage bien installée dans un bureau, je me suis dit que cet endroit dégageait quelque chose de purement photographique. Résultat, je me suis retrouvé à faire des dizaines de captures, statiques ou en mouvement, comme je l'aurais sûrement fait en tant qu'amateur d'urbex et de brutalisme soviétique. Que du bonheur.
Instagram m'a tuer
Les Plus
  • L'ambiance, les décors, les sons
  • Tient presque la route sur Switch
  • Une narration en douceur
  • Une expérience à faire et à contempler
Les Moins
  • Quoi, c'est déjà fini ?
  • La Switch est tout de même limitée sur les ombres
Résultat

Dans la mouvance des titres d'exploration et narration où vous déambulez dans des couloirs souvent similaires, In rays of the Light ne révolutionne pas le genre, mais parvient à apporter une touche de frisson sans jamais montrer directement l'horreur des événements. Rien de surnaturel cependant, juste la violence de l'homme envers lui-même, poussé dans ses derniers retranchements pour tenter de survivre. Une expérience qui mérite le coup d'œil tant le soin apporté aux graphismes et à l'ambiance est impressionnant. Et même si le résultat sur Switch n'atteint pas la beauté des autres supports, vous serez transporté malgré tout, en prenant soin d'ignorer volontairement quelques effets de lumière approximatifs.

Partagez ce test
Tribune libre