Test | Summer Catchers
06 mars 2021

L'herbe est plus verte ailleurs

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Summer Catchers

Perdue dans une forêt sombre et obscure, un seul but vous anime : retrouver votre pays verdoyant au soleil généreux. Comment ? Avancer, encore et encore, à bord d'un véhicule de fortune aussi solide qu'un fragile assemblage de Lego. Sur la base du principe bien connu du "marche ou crève", Summer Catchers propose une douce surcouche narrative, rendant notre héroïne presque attachante. Cela suffira-t-il à gommer l'incroyable répétitivité dont le titre souffre dès les premières minutes de jeu ?

L'histoire

Petite fille innocente et désorientée, vous cherchez bille en tête à rentrer chez vous. Ce qui est bien normal. Un loup, occupé à bricoler près de sa cabane, vous indique la direction : pour sortir de cette forêt, allez à l'est, toujours tout droit. Et tiens, petite, voici une voiturette en bois qui te sera fort utile. Bonnet vissé sur la tête, vous voilà partie à vive allure sur le chemin tout enneigé. Dans votre sac à dos, le loup a glissé quelques outils bienvenus, vous permettant d'éviter les pièges de la route. Et c'est parti pour rattraper l'été ! Ah non, en fait ça ne sera pas si simple : les embûches en travers de la route auront rapidement raison de votre enthousiasme. Mais tant que vous êtes dans le coin, rendez service à votre hôte, cela vous fera progresser !
L'été indien vaut mieux que deux tu l'auras

Le principe

À droite : vos items pour éviter les obstacles.

La mécanique de Summer Catchers repose sur les bases d'un runner game, principe popularisé – et éculé – sur mobile : votre héroïne avance toute seule, sur un parcours aux pièges aléatoires. Pour éviter de réduire en miettes votre kart de fortune, activez les objets de votre sac au bon moment. Un totem se dresse en travers de votre chemin ? Enclenchez le pare-choc. Un précipice ? Détendez les amortisseurs pour effectuer un bond. Il existe plusieurs outils, qui correspondent à autant de pièges. Pour que ça ne soit pas trop facile, vous ne pouvez en afficher que trois en même temps. Mince, vous n'avez pas le bon objet d'affiché ? Pas de panique, vous pouvez en échanger un à la fois, avec un temps de rechargement vous empêchant d'en changer un second dans la foulée. Mais quoi qu'il arrive, comme au casino, vous finirez par ne pas voir la bonne combinaison à l'écran, et cela se soldera par une belle gamelle.

Au bout d'un certain nombre d'essais vous faisant d'abord croire à de la malchance, puis douter de vos compétences, vous saisissez que perdre fait en réalité partie du jeu. Car entre deux vols planés sur une ultime embûche, des saynètes se déclenchent, vous faisant progresser dans une micro-histoire d'entraide des personnages rencontrés. Perdre pour mieux avancer, voilà un concept quelque peu déroutant, au mieux ; agaçant, au pire.
Roulez jeunesse

Pour qui ?

C'est beau quand même.

Certes, Summer Catchers propose un univers tout en douceur qui ne laisse pas indifférent. Derrière son style pixel art se cachent beaucoup de poésie et d'humour, rendant notre héroïne et ses acolytes fort attachants. Mais ne serait-ce pas un symptôme du syndrome de Stockholm ? Enfermée dans cette boucle aliénante façon Un jour sans fin, vous relancez éternellement votre folle échappée, rageant contre ce sac à dos maudit, vous contraignant à perdre de nombreuses fois avant de parvenir, une fois les éléments narratifs débloqués, à vous échapper enfin. Jusqu'à tomber dans un autre environnement, où le cycle maléfique se répète, avec une difficulté accrue. Tiendrez-vous la distance ? Rien n'est moins sûr.
Harder, better, faster, stronger ? Pas vraiment

L'anecdote

La question était : « Pourquoi je continue ? »

Alors que j'avais perdu le décompte de mes échecs et que j'étais sur le point de découvrir à quoi ressemble l'intérieur d'une Switch éclatée contre le mur, mon doigt a glissé sur l'écran, activant un item. Le contrôle tactile est activé ?! Mais pourquoi le jeu ne me l'a pas dit plus tôt ? En effet, même si le véhicule avance seul, passer d'un item à l'autre pour l'activer ou le changer demande un effort musculaire trop important pour être efficace. Alors que d'un tap ou d'une pichenette vous maîtrisez beaucoup mieux vos actions. Voilà qui m'a permis d'avancer plus sereinement. Mais pas trop non plus car en découle un autre souci : les boutons d'action sont situés sur la droite de l'écran, vous voyez ? Donc vous placez vote main au-dessus, et guettez les pièges qui viennent... essentiellement de la droite. Maintenant, je suis certes plus réactif, mais j'en suis réduit à regarder à travers mes doigts pour jouer, ce qui avouons-le n'est pas la prise en main la plus agréable qui soit.
Hurler dans un coussin peut aider à progresser
Les Plus
  • C'est mignon
Les Moins
  • C'est répétitif
  • C'est rébarbatif
  • Perdre pour progresser : dur à accepter
  • Les contrôles
Résultat

Oui, Summer Catchers est mignon. Sur fond de pixel art maîtrisé, de personnages rigolos et de dialogues bien choisis, le titre crée une ambiance chaleureuse. Vous avez envie d'aider cette petite fille encagoulée, la faire avancer, la ramener chez elle. Mais non, cela ne suffit pas à rendre Summer Catchers intéressant dans la durée. Le concept s'essouffle. La récurrence des actions, la difficulté absurde, la prise en main approximative rendent le titre plus pénible qu'attrayant. Atteindre les étapes clés devient un soulagement, et non plus une satisfaction. En somme, l'été semble loin, trop loin, inatteignable...

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