Test | Mars Horizon
08 déc. 2020

Un grand pas pour l'humanité

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Mars Horizon

C'est d'une collaboration des développeurs d'Auroch Digital avec l'ESA (European Space Agency) et l'UK Space Agency que Mars Horizon voit le jour. À l'heure où la planète Mars s'inscrit comme étant au cœur des aspirations de conquêtes spatiales, c'est autour de ce rêve que le jeu propose de faire graviter son propos ludique. Reste à savoir si le premier pas sur la planète rouge n'est qu'un doux rêve, ou bien une réalité.

Les Atomes 2020

Vous vous en doutez, chaque membre de la rédaction n'a matériellement pas pu jouer à tous les jeux testés durant cette année sur Gamatomic. Alors, plutôt que de vous proposer une sélection collégiale mais forcément faussée, chacun de nous a souhaité remettre en avant un jeu qui l'a particulièrement marqué sur ces derniers mois.

Pour ma part, j'ai donc choisi Mars Horizon. Tout d'abord, c'est une très bonne découverte. Étant joueur entre autres de jeux de gestion, j'ai pu avec plaisir tester ce jeu. Une bonne expérience, un bon retour, un aspect éducatif fort grâce aux partenariats avec des agences spatiales, et une critique très agréable à écrire sur laquelle j'ai pu m'amuser. Ce sont là des idées de gameplay plutôt bien ficelées qui m'ont porté pendant des heures durant. Un des autres facteurs de mon choix se trouve être la sous représentation – selon mon point de vue – des genres de la gestion et de la stratégie dans le paysage de l'analyse vidéoludique. Depuis un certain temps grand consommateur de documents vidéo, de manuscrits et d'articles autour du game design, je trouve qu'il est dommage qu'un pan aussi fort et culte du jeu vidéo soit laissé pour compte. C'est donc par soutien et par plaisir que mon cœur balance pour Mars Horizon en cette – première pour moi – année à vous servir.

Voilà, vous savez maintenant pourquoi Mars Horizon est indispensable à mes yeux. Si vous souhaitez en savoir plus – ce qui voudrait dire que j'ai rempli mon contrat d'influenceur –, je vous laisse continuer la lecture du test.
Ce jeu est le coup de cœur 2020 de Reilpahc et il vous explique pourquoi

Le contexte

Décollage, la pression est palpable...

Le soleil se lève sur la zone de lancement. Il fait beau, et aucune intempérie ne pourrait mener le décollage à l'échec. Le faux pas est à proscrire, ou la NASA prendra de l'avance pour placer son premier satellite en orbite. Le décompte commence : 3...2...1... décollage ! La fusée décolle du sol et se lance dans les airs. L'équipe retient son souffle. Haut dans le ciel, une étincelle, suivie d'une explosion. C'est l'échec, notre fusée vient d'exploser suite à un problème du propulseur. C'est reparti pour décaler la mission de quelques mois, et adieu pour être les premiers à réaliser cet exploit.
Tout n'est pas qu'une question de bonne fenêtre de tir

Le principe

Le Japon vient de lancer une fusée en orbite.

De la course à la conquête spatiale, Mars Horizon en fait sa célébration. En effet, au-delà de la gestion du bon déroulement des missions, c'est contre le temps et les agences adverses qu'il faudra le plus se battre. La prise de risques saura être récompensée en faisant de la vôtre la plus prolifique. Le jeu vous place à la tête de l'organisme spatial de votre choix, vous laissant aux commandes de la programmation des missions, de la construction de fusées, des évolutions technologiques, d'ériger la base de lancement et de veiller aux relations diplomatiques. La progression globale s'effectue à travers les diverses tâches principales – premier pas sur la Lune, premier vol orbital de Mars, etc. – ponctuées de missions secondaires dont l'intérêt est de vous apporter diverses ressources telles que des fonds monétaires, de la science pour avancer dans vos recherches, et du soutien dont l'influence augmentera le budget qui vous est alloué.

Au travers les missions, vous devrez réaliser les étapes de vol, d'orbite et de déploiement. La charge qui vous est attribuée est intéressante sur l'aspect court-terme, mais se trouve assez unilatérale sur le long, puisque le déroulé ne présente finalement pas tant d'embouchures. L'objectif de la colonisation de Mars est identique pour chacun, et les seuls choix n'ont pas tant d'envergure qu'il n'y paraît. Il n'est pas question de ce que vous ferez, mais de quand vous le ferez. L'aspect court-terme se retrouve ainsi présenté par des éléments qui se greffent au fil de la progression, comme la gestion de ses astronautes par exemple, renouvelant quelque peu le gameplay, sans toutefois être transcendant. Ces notions de gameplay sont amenées là petit à petit pour plutôt allonger une courbe de difficulté de gestion plus digeste. Cependant, il n'est pas à s'y méprendre, Mars Horizon s'avère tout de même fort plaisant. La routine qui s'installe peut s'avérer jouissive, et il est de ces jeux à nous pousser à faire encore un dernier tour avant d'arrêter... et peut-être encore un...

En effet, c'est sous forme de tour par tour que le temps prend forme, dont chacun correspond à un mois de l'année. Chaque tour vous permet classiquement de choisir les actions à effectuer : lancer telle mission, choisir telle recherche dans l'arbre de technologies, faire face à des événements aléatoires, et d'autres. Mais là où cette notion prend tout son sens, c'est à l'urgence qu'elle mène, et à la cohérence avec son concept. La progression étant relative à une course effrénée contre les agences adverses, chaque tour est compté. C'est cet engagement qui vous poussera à prendre des risques pour rester dans l'arène en lançant votre fusée à des moments moins opportuns afin de gagner quelques mois sur vos adversaires. De là s'installe une vraie tension, d'où ressort un véritable sentiment de stress au moment où la fusée s'envole de peur de la voir exploser. Cet élément fort est extrêmement bien amené dans cette aventure contre le temps. C'est ici que se trouve toute la difficulté du jeu.
Premier arrivé, premier servi

Le gameplay

Orbite autour de Saturne.

Le cœur du gameplay s'oriente ici principalement autour de menus et interfaces. Le choix des missions, la gestion de son arbre de technologies, et bien d'autres choses. L'ingéniosité des développeurs pour rendre la navigation et le jeu plaisant est d'intégrer des notions ludiques autours de ces éléments. Certains grands systèmes de jeu amènent ainsi des situations de puzzle game. Notamment avec la section de construction de sa base, qui vous demande de bien agencer vos bâtiments pour bénéficier d'un maximum de bienfaits. Ces mêmes bienfaits vous permettent d'accroître votre progression financière, scientifique, et d'augmenter vos récompenses de missions. De plus, les manœuvres à effectuer lors de vos missions spatiales proposent elles aussi un autre type de mini-jeu. Piochant cette fois dans une réflexion logique et tactique, il va falloir combiner des ressources afin d'obtenir celles demandées par l'étape, et ce sur plusieurs tours. À la façon d'un jeu d'échecs, il faut chercher à anticiper ses actions pour ne pas se trouver à court de temps. Une habile astuce permettant de rendre ludique cet amoncellement d'interfaces que représente la gestion d'une carrière de Mars Horizon. On peut noter aussi l'agréable direction artistique qui rend l'imagerie sobre et attrayante.

À côté de cet aspect de gameplay, certains autres menus ne sont présents qu'à titre informatif, comme les systèmes de diplomatie, de science et de finances. Ces deux portions du jeu sont là de moins grande importance – ludique entendons-nous bien – puisque dénuées d'influence directe. C'est à travers les diverses missions et choix que ces paramètres sont impactés. Évidemment, la science et les finances sont le moteur qui vous permet de progresser en recherchant de nouveaux éléments pour bâtir, et l'argent vous permet de mener à bien vos diverses tâches. Par ailleurs, le système de diplomatie est assez limité dans ses conséquences. Il vous est proposé de mener à bien des missions coordonnées avec d'autres agences, qui en cas de réussite ou d'échec vous ajoute ou fait perdre des points de relation avec celles-ci. De ce système découle une récompense de bonus en science ou en argent, mais avec une importance assez minime dans votre progression, et donc relativement dispensable.

Le cœur du gameplay tourne donc autour de trois systèmes différents. Les menus de missions et de recherches vous permettent de programmer votre progression. Les interfaces ludiques d'étapes de mission et de construction de votre base permettent de progresser. Les interfaces informatives des finances, de science et de la diplomatie permettent de conserver un œil sur la gestion de votre agence.
Rendre fun ce qui l'est moins

Le contenu

Une large banque de savoir.

Mars Horizon va droit au but : composé uniquement de sa campagne, vous devez choisir quelle agence contrôler parmi les acteurs principaux du monde spatial que sont l'ESA, la NASA, ou encore l'agence spatiale de l'Union Soviétique, de la Chine ou du Japon. Cependant, il vous est possible de modifier à votre convenance vos caractéristiques, votre nom et votre étendard. La présence de ce seul mode de jeu est une évidence, puisque le concept même se trouve être l'évolution de la conquête spatiale, forcément liée au déroulement historiquement, axant directement la progression de toute partie. C'est ainsi sur près d'une vingtaine d'heures que la course à la colonisation de Mars se fait au prix de la sueur de votre front. Chaque agence oriente évidemment votre stratégie, offrant une potentielle rejouabilité aux joueurs les plus ardus. Malheureusement, la gestion peut être qualifiée de routinière au bout d'une dizaine d'heures, puisque les composantes de gameplay se trouvent assez simplistes. Si tout de même vous êtes un franc aficionados de la connaissance spatiale, votre progression sera ponctuée de nombreuses informations remplissant petit à petit votre spatiopédia. De quoi abreuver votre savoir pendant de nombreuses heures, et qui saura peut-être être le moteur de votre aventure.
Une campagne qui suit l'Histoire

Pour qui ?

Les conditions ne nous empêcherons pas de décoller !

Vous l'avez compris, Mars Horizon sait rendre ludique ce qui ne l'est pas : l'interface. Une fois cette dernière abordée – comme dans tout jeu de gestion –, la progression se fait en toute simplicité. Loin d'être une usine à gaz, le jeu propose un cheminement accessible et presque linéaire, constellé de trajets légèrement différents à prendre pour parvenir à l'objectif final. Le public est large, et le plaisir est présent que vous soyez novice du genre ou joueur aguerri.

L'aspect conquête spatiale est de son côté bien réalisé, avec une évolution calquée sur la réalité historique et les programmes spatiaux effectués ou encore à venir. Il n'est pas là question de science-fiction, mais de respect du réalisme passé, présent et futur. Armé de sa spatiopédia, Mars Horizon est l'ami des fans du domaine, et vous laisse le plaisir de mener l'humanité à la conquête du système solaire.

Une gestion en toute simplicité

L'anecdote

Plus que 4 mois avant que la fusée soit disponible.

Même si je suis un joueur régulier de jeux de gestion, ma première impression fut nébuleuse face à l'interface de Mars Horizon. Contrairement à la plupart de ceux du genre, aucun terrain n'est parcourable, et l'intégralité de votre écran se trouve être une partie d'interface – tout de même réalisée soigneusement dans une direction ludique, puisque par exemple l'écran de choix de missions n'est autre qu'une carte du système solaire. Évidemment, le tutoriel rend la compréhension limpide après quelque temps, et vous donne les clés pour obtenir les réflexes et la connaissance du jeu. C'est par la suite avec plaisir que j'ai pu enchaîner les heures de jeu.
Un tutoriel que donne toutes les clés en main
Les Plus
  • Un respect de la conquête spatiale
  • Rend ludique des éléments d'interface auparavant classiques
  • Une gestion du temps qui pousse à la prise de risque pour réussir…
  • ... d'où en découle de fortes émotions
Les Moins
  • Quelque peu redondant avec le temps
  • Léger aspect dirigiste
Résultat

Mars Horizon saura vous accrocher pendant de longues heures. Sa direction assez simple alliée à son propos respectueux et cohérent avec le domaine de la conquête spatiale propose un résultat consistant. C'est à travers cette course à l'objectif – Mars – que le concept se fait, dans un jeu de gestion aux allures dirigistes mais accrocheuses. Cette bonne surprise s'affirme grâce à son gameplay alliant le ludisme aux interfaces de gestion. Légèrement routinier à long terme, le jeu frôle par moments avec risque la redondance. Mais son aspect fidèle au savoir de la conquête spatiale – découlant de collaborations avec des acteurs reconnus du domaine comme l'ESA – permet une progression attentive au réalisme, et la possibilité de s'abreuver de connaissances à travers une encyclopédie dédiée.

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