Test | Assassin's Creed Valhalla
23 janv. 2021

Une épopée qui se dévore

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Assassin's Creed Valhalla
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur Ubisoft
  • Sortie initiale 10 nov. 2020
  • Genres Action, Aventure, Infiltration, Rôle

Comment renouveler une valeur sûre ? Comment surprendre les aficionados ? Comment raviver la flamme de ceux qui s'étaient éloignés ? Comment insuffler un nouveau souffle à une licence qui en est déjà à son douzième opus ? Comment lui donner cet élan qui lui permettra de briller pour de nombreuses années encore ? Voilà les "comment" auxquels les équipes d'Ubisoft ont dû répondre pendant le développement de Assassin's Creed Valhalla. Après plus de 80 heures passées en compagnie du jeu, il apparaît plus qu'évident que leurs réponses ont visé juste.

L'histoire

C'est la fête au village. Mais le jeune Eivor ne se doute pas une seconde qu'elle va être gâchée par le clan de Kjotve. Son nom est autant imprononçable qu'il est cruel. Il va d'ailleurs le prouver très rapidement en embrochant les parents d'Eivor devant ses yeux devenus d'un coup nettement moins innocents. Dès lors, ce traumatisme ne va pas le quitter et son désir de vengeance va rythmer ses pérégrinations dans la lointaine Angleterre. La traversée de la mer du Nord en frêle drakkar faite (c'est à se demander comment ils faisaient à l'époque), notre héros débarque dans des contrées verdoyantes qui n'attendent qu'à être pillées. Bon, ça c'est surtout pour le folklore car, en réalité, il va aussi être question de créer des alliances, de faire preuve de diplomatie et d'empathie pour les populations locales, pas vraiment à la fête car souvent sous le joug d'ealdormen (seigneurs du coin) qu'on aimerait ne pas avoir à fréquenter.

Après l'Égypte et la Grèce antiques, la série Assassin's Creed s'attaque à l'ère viking. Un choix on ne peut plus judicieux de la part d'Ubisoft compte tenu de l'attrait de cette période auprès du grand public, attrait récemment renforcé par la série Vikings. Comme à chaque fois, les développeurs se sont entourés d'une troupe de conseillers historiques afin de coller au plus près de la réalité de l'époque, tout en conservant cette part de liberté indispensable pour rendre l'ensemble ludiquement photogénique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est impeccable et que la mythologique nordique, parfaitement exploitée ici, s'adapte à merveille au concept de la série.
Une ruée dans les drakkars

Le principe

La carte de votre terrain de jeu : à vous d'y placer vos pions.

Rien ne ressemble plus à un Assassin's Creed qu'un autre Assassin's Creed. En tous cas, depuis Origins, la série exploite quasiment la même recette (d'aucuns diront les mêmes ficelles). C'était le cas avec Odyssey, ça l'est toujours avec Valhalla. Si bien que vos premières heures au contact de cette nouvelle épopée auront un air de déjà-vu très ronronnant. Vous savez, cette impression que l'on a devant un film Marvel ? On boulotte des popcorns avec appétit devant du grand spectacle même si on sait pertinemment que le goût salé qu'on a choisi à la caisse du cinéma ne nous permettra sans doute pas de tomber de temps en temps sur un popcorn sucré. Mais que les habitués se rassurent, dès que vous mettez le pied sur les côtes anglaises (l'introduction se déroule logiquement en Norvège), le jeu prend une toute autre dimension. Il fera alors preuve d'une générosité absolument réjouissante qui vous incitera à ne lâcher votre manette que pour des besoins biologiques et sociaux.

Mais revenons aux bases de la série, pour ceux qui viennent de débarquer. Ici, il est question d'un monde ouvert parmi les plus imposants des monstres du genre, monde dans lequel vous êtes invité à explorer, grimper, chevaucher, naviguer, collecter, échanger, développer, interroger, enquêter, libérer, délivrer (air connu, pardon), séduire, chasser, traquer, trucider, assiéger, piller et bien sûr assassiner. Parmi ces verbes, il y en a trois sur lesquels nous allons nous attarder car il s'agit de nouveautés pour la série.

Développer car, pour la première fois dans l'histoire de la licence, vous avez la possibilité de faire croître une colonie. Fraîchement débarqué de Norvège, votre équipage se retrouve dans un camp de fortune au beau milieu de la Mercie, le royaume central de l'Angleterre de l'époque. En amassant des matériaux et autres ressources (vive les pillages d'abbayes !), vous pourrez ajouter des bâtiments à votre campement. L'intérêt ? Augmenter votre force de frappe et vos défenses, mais aussi élargir vos possibilités d'exploration et d'activités, comme par exemple la pêche. Si l'évolution de votre colonie n'est pas obligatoire pour mener à bien votre mission principale, certains développements se révéleront indispensables pour progresser dans l'histoire. Et ce n'est pas toujours très explicite. Alors, choisissez bien vos constructions.

Piller car, pour justement obtenir les matériaux nécessaires au développement de votre colonie, vous allez devoir récupérer plus ou moins brutalement les richesses stockées dans les abbayes du coin. Cette nouveauté est totalement réjouissante et fait appel à vos plus bas instincts : débarquer en force avec vos hommes et tout brûler. Bien sûr, si vous trouvez cette tactique barbare ou même trop "viking", libre à vous d'opter pour une approche plus solitaire et subtile. Mais, entre nous, les abbayes sont souvent très bien gardées, vos compagnons d'armes ne seront pas de trop pour en venir à bout, surtout dans les royaumes les plus coriaces.

Assassiner car Valhalla signe le grand retour des assassinats. Souvenez-vous des premiers volets de la série, où vous deviez vous faufiler dans la foule pour approcher votre cible et lui planter votre lame là où c'est létal. La traque des membres de l'Ordre, la fameuse organisation secrète contre laquelle se battent les assassins depuis la nuit de temps, retrouve ici la dimension épique des débuts. Jouissif !
S'implanter, s'allier, se développer avant le Ragnarök

Pour qui ?

Les paysages anglo-saxons sont très plaisants à parcourir.

S'agissant d'une série ancienne et à succès, les deux cas de figure habituels se présentent. Les habitués retrouveront dans Assassin's Creed Valhalla tout ce qui leur a fait apprécier les épisodes précédents, associé à de sympathiques nouveautés : pillage des abbayes, gestion de la colonie, l'emblématique système d'assassinats et combats à deux armes utilisables simultanément. L'empreinte viking fait véritablement son effet, sans doute même plus que celle de la Grèce antique d'Odyssey que certains ont vu comme un simple rhabillage d'Origins. Il faut dire que la majestuosité égyptienne avait mis la barre très haute.

Du côté des quelques néophytes, s'ils n'ont pas encore goûté à la série pourtant omniprésente, c'est probablement parce qu'elle n'est justement pas à leur goût. Cet Assassin's Creed Valhalla dispose-t-il des moyens de les convertir ? La recette n'étant pas si différente, cela tiendrait a priori du miracle. Par contre, découvrir la série par cet épisode est, à coup sûr, un excellent moyen de tomber en amour. Foi de nordique !
Les aspirants au Valhalla

L'anecdote

Cette sœur se demande si Eivor en est une bonne et elle a bien raison.

C'est de coutume dans les productions Ubisoft, votre héros, Eivor, peut être un homme ou une femme. C'est vous qui choisissez et c'est, de mon point de vue, une excellente chose. C'était déjà le cas sur Odyssey. Mais avec cet épisode, la communication autour de cette "particularité" a été plus prononcée, probablement pour s'intégrer dans la mouvance inclusive actuelle. Cela dit, Eivor-homme et Eivor-femme se ressemblent franchement beaucoup, la version féminine du héros n'a de féminin que l'adjectif : silhouette bodybuildée, démarche de camionneur ukrainien capable de démonter d'une main le pneu d'un monster truck sous la neige, et surtout des attitudes, réactions et interactions essentiellement masculines... À quoi peut servir cette différenciation des genres annoncée et fièrement affichée, si elle n'est en réalité que poudre aux yeux ? Quel est l'intérêt pour un joueur de choisir l'un ou l'autre, en souhaitant par exemple se caler sur son propre genre, si la différence infime ne révèle finalement qu'une uniformisation unilatérale, au bénéfice, vous l'aurez compris, de la masculinité ?
Une fille au masculin
Les Plus
  • Une générosité à toute épreuve
  • Un scénario plus accessible que les précédents
  • Les séquences oniriques en Asgard
  • Des combats joliment chorégraphiés
  • Les pillages à plusieurs très barbares
  • L'équilibrage très sympathique en baston et infiltration
  • Des quêtes secondaires pas piquées des hannetons
  • Les anomalies dans l'Animus
  • L'esprit fraternel viking est plutôt bien rendu
Les Moins
  • L'intérêt très limité du choix du sexe du héros
  • L'introduction en Norvège sans grande surprise
Résultat

Assassin's Creed Valhalla s'impose comme un digne héritier des précédents volets de la série. Initiée par l'éblouissant Origins, confirmée par le non moins sympathique Odyssey, l'évolution de la licence fétiche d'Ubisoft semble atteindre son paroxysme avec Valhalla. Il embarque sur son drakkar son lot de nouveautés bien sûr, moins mimines qu'elles en ont l'air sur le papier, une générosité aussi mais surtout un équilibrage quasi parfait entre les trois pans essentiels à un jeu vidéo réussi : gameplay, graphismes et scénario. La trame viking n'y est évidement pas étrangère. La cadre, l'époque et forcément la mythologie qui en découle sont autant de réjouissances par lesquelles les joueurs réceptifs ne peuvent que se laisser happer.

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