Test | Windbound
02 oct. 2020

Une voile bien trop grande

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Windbound

Il faut croire que les gars de 5 Lives Studios aiment revisiter les mythes. Après s'être attaqués à Syndicate, les voilà qui regardent du côté de Zelda The Wind Waker, ou peut-être qu'il est question de ces jeux que les années 2000 ont vu fleurir : les jeux d'aventure-exploration mâtinés de survie. Quoi qu'il en soit c'est avec grand plaisir qu'on se lance dans l'aventure.

Le principe

Le scénario est à ce point succinct et mystique qu'il vous est offert la liberté de l'interpréter comme il vous convient. L'héroïne échouée va de tableau maritime en tableau maritime d'où elle doit s'échapper. Entre deux stages, des bribes de narration où il faut interpréter un magnifique bas-relief sculpté devant vos yeux. Il semblerait que cela concerne l'histoire d'une tribu ancienne, éteinte par l'invasion de mystérieuses créatures extraterrestres.

Chaque tableau possède des mécaniques identiques, où il s'agit de récupérer l'énergie d'artefacts disséminés sur des îles dans l'immensité de l'océan. La jouabilité repose alors sur votre capacité à vous armer, à améliorer votre bateau et à vous confectionner les meilleurs encas pour encaisser des ennemis et des traversées toujours plus exigeantes. Un jeu expérience qui tourne rapidement en rond et qui ne prend sens que dans son mode survie.
Un jeu expérience

La jouabilité

Des temps de chargement insupportables.

Sur de gigantesques territoires maritimes, quelques îles ; sur celles-ci une faune et une flore qui contribuent – après être tuée ou cueillie, ou avoir coupé de potentielles matières premières qui servent à la confection – à l'amélioration de votre bateau, de vos armes, de vos vêtements et à la pérennisation de vos ressources. Pour cela, rien de plus simple, puisque lorsque vous ramassez les matières premières, se débloque dans votre inventaire la liste de l'ensemble des possibilités de création et les ingrédients nécessaires.

Le jeu ne repose sur rien d'autre que sur cette mécanique fragile, à double tranchant et à laquelle il faut adhérer sous peine de trouver le jeu bien fade. Ainsi, si vous décidez de jouer en mode survie, le challenge est à la hauteur d'une exigence folle et les mécaniques se révèlent brillantissimes de préoccupation, de stress, puisque mourir vous fait recommencer le jeu à zéro. Le moindre objet est alors essentiel, la plus simple des traversées et l'animal le plus inoffensif rencontré vous fait réfléchir à deux fois avant d'aller à la confrontation.

De l'autre côté, le mode histoire vous renvoie au début de chaque chapitre avec votre inventaire intact. Il n'y a plus aucune préoccupation face à l'échec et le jeu est pris à la légère. Vous comprenez même qu'un minimum est nécessaire pour finir chaque tableau puisqu'une fois les artefacts identifiés vous vous empressez en ligne droite d'aller les récupérer. Les mécaniques de survie n'ont alors qu'un intérêt anecdotique, utilisées seulement si on ne peut faire autrement.
Une mécanique fragile, à double tranchant

Pour qui ?

Des paysages magnifiques mais minimalistes.

Le jeu est donc déséquilibré : d'un côté un mode de jeu fabuleux, engageant, exigeant mais qui risque de ne pas s'adresser à tous les joueurs tant le défi est énorme pour une récompense dérisoire, et de l'autre un mode de jeu superficiel, ennuyant, qui risque de fâcher les joueurs venus pour l'aventure alors qu'ils n'y trouveront qu'un chemin de croix. Ce sera donc aux joueurs de faire l'effort et le choix en achetant le jeu, de se donner la peine de le jouer à l'ancienne afin de ressentir l'intensité d'un jeu démentiel.
Un jeu qui risque de fâcher les joueurs venus pour l'aventure

L'anecdote

Puis parfois d'une incroyable beauté.

L'agencement des îles à l'intérieur des tableaux a cela de très bien qu'il est généré aléatoirement. Le mérite est l'assurance de toujours renouveler la découverte pour ceux qui s'attachent à vivre l'aventure. Les autres, ceux qui voudraient foncer en ligne droite, seront perdus et quand même ramenés un peu aux obligations de la survie.
L'assurance d'une découverte toujours renouvelée
Les Plus
  • Une vraie esthétique maritime
  • Le craft d'une grande simplicité
  • Le mode survie exceptionnel...
Les Moins
  • ... mais pourquoi se faire si mal ?
  • Un mode histoire qui ne fonctionne pas
Résultat

Windbound a le cul entre deux chaises. Il voudrait proposer une expérience exigeante, entière et jusqu'au-boutiste qui n'a pas froid aux yeux, et finalement juste avant de monter dans le grand huit, il invoque une envie pressante. En donnant au joueur la possibilité de vivre son aventure de manière esquissée, elle finit par ne ressembler à rien. Jeu d'aventure sur les mers en ligne droite au pas de course, et puis vous vous forcez à ralentir un peu, à améliorer votre bateau, à vous faire un barbecue et, par bribes, vous vous amusez enfin mais pas complètement. Windbound, pour être un grand jeu, se devra d'être joué à la dure en mode survie, en mode SM, en mode arcade "si tu perds, tu recommences tout". Une proposition infernale qui vous fera ressentir le véritable frisson de la survie, où le moindre caillou vous fera douter de votre capacité à retomber sur vos pattes. Malheureusement, à part des horizons maritimes à couper le souffle, le jeu ne vous offrira rien d'autre que le respect de l'avoir terminé dans ce mode de jeu.

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